Gilets jaunes : la pédagogie du système contre les Français

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Trois Français sur quatre soutenaient les gilets jaunes : les médias se sont employés à les discréditer en agitant la violence. Cette « pédagogie », entendez cette propagande, vise à se débarrasser d’une insurrection des Français de souche que le système ne maîtrisait pas.
 
La seule information sûre sur les gilets jaunes est la façon dont on en parle. Cela tient d’abord au caractère controversé du phénomène, objet de dispute et de pouvoir, ensuite à son caractère insaisissable, décentralisé : il n’y a pas de chef, pas de représentant, pas de plan d’ensemble, etc… Il est donc raisonnable, alors que l’on controverse sur le nombre, la cause et la responsabilité des morts et blessés, de s’en tenir à l’indiscutable, la seule réalité solide, le discours que tiennent sur les gilets jaunes leurs adversaires, médias, politiques et syndicats, ses éléments de langage, cette « pédagogie » grâce à laquelle le système impose sa vision des choses au public.
 

Les gilets jaunes, des Français à la dérive

 
Dans un premier temps, les médias, sous l’influence du ministre de l’Intérieur, minimisent le phénomène, puis rectifient le tir. Les gilets jaunes sont nombreux, leur désarroi réel, mais leurs revendications diffuses et contradictoires. Edouard Philippe les écoute, les comprend, mais garde le cap. La situation est bloquée, sans issue. Les Français sont mécontents, nous payons tous des décennies d’indolence et de faux semblants. Puis les choses se gâtent. Macron, élu sur la colère du peuple, n’a pas su la soigner. Mais les gilets jaunes sont en proie à une dérive totale, une radicalisation funeste, il y a cinq cent blessés et un, deux, ou trois morts, du jamais vu dans un mouvement social. Les violences s’intensifient. Voyez la Réunion. Edouard Philippe avait raison, après tout : la France, ce n’est pas l’anarchie.
 

La violence au cœur de la pédagogie du système

 
La pédagogie du système s’applique à faire sa propre promotion et dénigrer l’adversaire : après avoir montré dans un premier temps sa capacité d’écoute, il déplore la violence, les infiltrations des gilets jaunes. C’est bien beau de se vouloir indépendant des politiques et des syndicats, mais cette organisation permet toutes les manipulations, tous les excès : il y a eu des dérapages racistes et homophobes à certains barrages. 
 
Voilà donc les gilets jaunes discrédités. Et maintenant ? Et maintenant, l’autre pince du système se met en branle. Mélenchon viendra à Paris avec les gilets jaunes, qu’approuvent maintenant Philippe Poutou. FO transports. L’extrême gauche et les syndicats, que les gilets jaunes avaient soigneusement écartés, vont vous reprendre tout ça en main. Chacun trouvera ses repères habituels et Macron pourra entamer le dialogue qu’il demande, faire se pédagogie habituelle. On sera à nouveau entre soi, comme toujours.
 

Le système contre les Français qui se cabrent

 
Ce qu’il y a eu de nouveau avec les gilets jaunes, en métropole, c’est que la jacquerie fut presque spontanée. On l’a vu à la tête des gens, pas de migrants musulmans, à leur impréparation, au « bololo » des revendications qui partaient dans tous les sens. C’étaient des Français moyens qui râlaient, des Français de souche qui n’en pouvaient plus. Le système les considérait comme une poule qui a trouvé un couteau : elle ne sait pas ce que c’est, ni comment le prendre. D’où ce mélange de gentillesse et de dureté, de mépris, d’incompréhension. Ces formules toutes faites, toutes creuses, la France qui se cabre devant le progrès, etc. Une pédagogie à la maman Brijou. 
 

Gilets jaunes, drapeaux rouges et pédagogie

 
Face à cela, chez les gilets jaunes, il y avait la voix du peuple, confuse dans l’exposé rationnel, mais claire par la certitude du malaise. Le bonheur de l’insurrection après tant d’années courbées, comme une sortie de tranchée. Les gilets jaunes, ça ressemble simplement aux Français, c’est pourquoi ça semble si étrange au système et à ses médias, et c’est pourquoi les organisations ad hoc s’ébranlent pour les récupérer. Reste à savoir si ça va marcher. Les gilets jaunes peuvent refuser le drapeau rouge, mais ce sera sans doute une occasion pour le système de diviser le mouvement et d’organiser la confusion.
 

Pauline Mille