Grèce : décision politique ou poker menteur ?

Grèce : décision politique ou poker menteur ?
 
En rencontrant mardi soir les autres ministres européens des Finances, Yanis Varoufakis n’aura pas fait avancer les choses. Les jours passent, et l’on ne fait que multiplier les termes d’une opposition de moins en moins larvée entre la Grèce et l’Union européenne. Après bras de fer et ultimatum, on en arrive à se demander si la décision qui sera finalement prise ne relèvera pas d’un énorme coup de bluff, comme il conviendrait, finalement, à ce qui ressemble de plus en plus à une immense partie de poker menteur. Sans oublier le fait que, derrière une décision a priori économique, se dessine une véritable interrogation politique…
 
Mercredi, au lendemain de cette nouvelle discussion des ministres des Finances, Athènes pourrait tenter de faire avancer les choses en demandant une prolongation de son accord de prêt avec la zone euro, qu’elle présente comme indépendante du programme d’aide international lui-même ; et même, au final, comme un moyen de lui échapper, en prenant le temps de se remettre à flots. « Un accord de prêt est différent d’une assistance », affirmait mardi le premier ministre Alexis Tsipras. Cette perspective, à peine cachée, fait douter que Bruxelles y consente. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a d’ailleurs immédiatement rétorqué : « Il ne s’agit pas de prolonger un programme de crédit, mais de savoir si le plan d’aide actuel sera bouclé, oui ou non. »
 

Les menteurs de la partie de poker

 
A l’issue, mardi, de la réunion Ecofin, Wolfgang Schäuble, a renchéri en posant la question de savoir « si la Grèce veut vraiment d’un programme ou pas ». Et en renouvelant l’ultimatum : « Le 28 février à minuit, on ne pourra plus rien faire. »
Sauf que…
 
Sauf qu’il paraît difficile, précisément, de ne plus rien pouvoir faire. Si Bruxelles daube sur les difficultés économiques qui seraient celles de la Grèce si elle n’acceptait pas cet ultimatum, c’est oublier que nombre de pays de l’Union européenne seraient fort contrariés de perdre l’argent qu’Athènes leur doit. A commencer par la France.
 

La Grèce doit prendre une décision politique

 
Il y a aussi une différence importante, et il convient de la rappeler régulièrement, sur l’existence d’un Plan B pour la Grèce. Bruxelles n’y croit pas, parce qu’elle estime impensable que la question grecque puisse se résoudre en dehors, voire contre elle. Athènes l’affirme, peut-être comme moyen de pression, mais aussi parce que des échanges, notamment avec la Russie, ont eu lieu en ce sens.
 
Reste la question démocratique. Faut-il laisser les peuples disposer d’eux-mêmes, et donc Alexis Tsipras doit-il honorer ses engagements électoraux ? Ou bien est-ce Bruxelles (et quelques autres…) qui décide de ce qui est fondamentalement démocratique ?