Henri Guaino, nouveau candidat « gaulliste » à la primaire de droite

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Le gaulliste Henri Guaino a annoncé lundi sa candidature à la primaire de droite, afin d’incarner une famille qu’il déclare aujourd’hui orpheline. Au point, au grand dam de certains de ses concurrents, d’envisager de se présenter directement à l’élection présidentielle de 2017 s’il n’obtenait pas les parrainages requis pour se mêler à la campagne de son camp. Un nouveau candidat qui perturbe les règles du jeu, déjà si délicates pour les précédents entrés en lisse.
 
L’ancien conseiller de Nicolas Sarkozy et député Républicains des Yvelines l’affirme sans ambages : « J’y vais, parce que j’ai quelque chose à dire. J’en ai assez de la pensée unique, des politiques d’austérité. J’en ai assez d’une politique qui n’est plus capable – c’est ça le gaullisme – de dire “non”, de temps en temps. »
 

Henri Guaino, nouveau candidat à la primaire de droite

 
« Jamais, ajoute-t-il, la situation du monde depuis les années 1950 n’a été autant propice à quelque chose qui ressemble au gaullisme. Parce que jamais le désordre du monde, même depuis la Seconde Guerre mondiale, n’a été aussi grand. »
 
Et de préciser : « L’UMP avait pour centre le mouvement gaulliste et le mouvement gaulliste a disparu. » Et ce « grand vide se comble par les extrêmes ».
 
Henri Guaino explique cependant voir dans le système de la primaire « un verrou extrêmement important ». Et s’explique sur sa volonté d’éventuellement le dépasser : « Je n’ai pas d’argent, je n’ai rien. Je n’ai rien que la bonne volonté de tous ceux qui voudront bien, avec moi, essayer de faire bouger ce système qui est devenu insupportable à tout le monde et qui nous conduit depuis quarante ans là où nous en sommes aujourd’hui. »
 
On ne peut être que d’accord avec ce constat d’Henri Guaino. A un détail près, qui remet sans doute en cause tout son propos. A savoir que le gaullisme n’est pas pour rien, et c’est peu dire, dans la situation que le député des Yvelines prétend dénoncer aujourd’hui !
 

Le retour d’une pensée « gaulliste » ?

 
Ce nouveau venu a évidemment provoqué quelques réactions amusées à gauche. « Ce n’est plus une primaire, c’est une équipe de foot », a lancé le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, qui, sans doute, est plus apte à regarder la paille dans l’œil du voisin que l’état de déliquescence d’un Parti socialiste moribond.
 
Mais c’est bien sûr parmi la douzaine de candidats déjà proclamés que l’annonce, pour le moins inattendue, a fait l’effet d’une bombe, et provoqué une certaine désolation. D’autant que, en envisageant de contourner éventuellement le système de la primaire, Henri Guaino irrite ses nouveaux adversaires.
 
« Si l’un des candidats dit cela, il est hors-jeu. Quand on s’engage dans les primaires, on respecte les règles », a ainsi lancé le député du Val-d’Oise Axel Poniatowski, soutien d’Alain Juppé.
 
Une interprétation qui peut paraître logique, mais qui n’a rien d’officielle tant qu’elle n’est pas gravé dans le marbre. Rien ni personne ne contraint qui ce soit à passer par la primaire, sous prétexte que celle-ci a été organisée par son camp. Si un candidat entend tenter directement sa chance – ou celle des Français – à la présidentielle, il lui suffit d’en remplir les conditions pour faire acte de candidature.
 
Reste à savoir ce que pense Nicolas Sarkozy de cette carte abattu par son ancien conseiller. On peut, comme beaucoup, supposer qu’elle l’agace. Mais, après tout, peut-être qu’elle peut lui ouvrir certaines voies par la participation au débat d’un discours peu audible ces derniers temps… en attendant que l’ancien président se déclare officiellement.
 

François le Luc