Guerre économique entre la Chine et les Etats-Unis de Trump ? Peu probable…

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La mise à plat des relations commerciales des Etats-Unis avec la Chine faisait partie des promesses électorales de Donald Trump, qui mettait notamment en cause la sous-évaluation du yuan que le candidat à la Maison Blanche attribuait à une manipulation délibérée. Mais selon un analyste russe interrogé par Sputnik, Nikita Maslennikov, la guerre économique entre la Chine et les Etats-Unis n’aura pas lieu. Le point de vue est clairement pro-chinois, mais il ne manque pas d’intérêt.
 
Nikita Maslennikov estime que la phase actuelle est celle des lâchers de ballons d’essai, où chacun évalue le terrain, mais en vue d’un dialogue réel et sérieux à propos de relations futures sans rupture.
 
Il appuie ses dires sur les déclarations récentes du nouvel ambassadeur des Etats-Unis en Chine, le gouverneur de l’Iowa Terry Branstad, expliquant que Trump ne va pas concrétiser ces accusations au motif que le yuan a pris la direction opposée à celle qu’il avait anticipée. Branstad s’exprimait ainsi à peine 24 heures après que le président des Etats-Unis eut renouvelé ses accusations, visant à la fois le Japon et la Chine.
 

La guerre économique contre la Chine ? Une promesse électorale…

 
Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, devait aussitôt réagir en proposant d’en discuter avec Washington. Sputnik signale que Pekin, au contraire, est resté « de marbre, maître de soi », gardant l’avantage dans cette « guerre des nerfs ».
 
L’ambassadeur Branstad, affirmant qu’il connaît très bien à la fois Donald Trump et Xi Jinping, deux « leaders forts » selon lui, a déclaré à Bloomberg espérer que l’accord trouvé sera « bon pour l’Amérique, mais aussi gagnant-gagnant pour la Chine qui doit aussi en bénéficier ».
 
C’est pour le moins un langage nouveau qui laisse entrevoir des solutions moins radicales que celles promises par le candidat Trump. Ainsi, Maslennikov n’exclut pas une remontée des droits de douane sur les biens chinois importés aux États-Unis, mais il prévoit que ceux-ci ne monteront guère au-dessus des 5 %, bien en-deçà des 45 % évoqués pendant la campagne présidentielle.
 
L’analyste estime d’ailleurs que ces droits de douane seront proportionnels au refus de la Chine d’ouvrir son marché.
 
Un autre analyste russe, Youri Rubinsky, du Centre des études françaises de l’institut de l’Europe de l’Académie russe des sciences, est à peu près du même avis. Il pense que la Chine et des Etats-Unis aboutiront à des accords donnant-donnant, avec Xi Jinping en champion du libre-échange et Trump dans le mauvais rôle du protectionniste focalisé sur ses propres intérêts.
 

Trump prêt à discuter avec la Chine ?

 
« A Davos, Xi Jinping agissait en tant que leader de la seconde économie du monde, et sa première puissance commerciale. Il s’est également positionné en tant que défenseur des acquis du libre-échange. En outre, il a ouvertement déclaré, en direction des Etats-Unis, qu’il n’y aura pas de gagnant en cas de guerre commerciale, seulement des perdants. Cette annonce a été accueillie favorablement par la quasi totalité des participants au Forum économique mondial », a déclaré Rubinsky à Sputnik. Et c’est ainsi que le leader de la Chine communiste devient le « gentil »…
 
Il en va de même pour l’affaire des îles artificielles de la mer de Chine du Sud : si le nouveau secrétaire d’Etat des Etats-Unis a déclaré lors de son investiture que la Chine ne devait pas y avoir accès, il semblerait que la Maison-Blanche ne soit pas aussi catégorique. Bloomberg rapportait samedi que le secrétaire à la défense James Mattis favorisait les solutions diplomatiques : « Actuellement, nous ne voyons absolument aucune nécessité de recourir à des moyens militaires spectaculaires. »
 

Les Etats-Unis de Trump intéressés par la Route de la soie et l’AIIB

 
Côté chinois, un même discours conciliateur a cours aujourd’hui. S’exprimant à la section chinoise de Sputnik, Maslennikov a mis en exergue les signes envoyés par Pékin à Washington, faisant état de sa volonté de nouer un dialogue, encouragé qu’est le pays par l’absence d’actes « explicitement anti-chinois » de la part de Trump.
 
Mieux encore – du point de vue libre-échangiste – des voix se sont élevées en décembre dans le camp de Trump, une fois son élection acquise, signalant que des sociétés américaines souhaitent participer au projet chinois de la Route de la soie. Dans le même temps, d’autres évoquaient la possibilité de voir les Etats-Unis faire leur entrée dans l’AIIB, la banque asiatique d’investissements dans les infrastructures créée à l’initiative de la Chine. Avec ce paradoxe : cette institution, supposée créer une fracture dans le monde de la finance, des investissements et de la coopération globaliste, finirait ainsi par rassembler tout le monde, à un niveau inédit, sous le leadership chinois.
 

Anne Dolhein