Lors d’une rencontre au sommet de l’Union européenne, ces 19 et 20 mars, les dirigeants européens ont approuvé le lancement d’une première opération de guerre de propagande contre la Russie. Une dizaine d’experts en communication et en relations publiques vont commencer à travailler à la fin du mois de mars à Bruxelles pour contrer la « désinformation » organisée selon l’UE par le Kremlin sur le rôle de Moscou en Ukraine et partout ailleurs en Europe.
La première étape du plan, que les responsables européens ont demandé à la déléguée aux Affaires étrangères de l’Union européenne Federica Mogherini de mettre en place dans son ensemble avant la fin juin, consistera probablement en la création de médias en langue russe, notamment en direction des ethnies russes des pays de l’ex-URSS.
L’Union européenne veut développer ses propres médias pour contrer la propagande de la Russie
Ces communautés regardent aujourd’hui plus volontiers les programmes de divertissement des chaînes russes à gros budgets que ceux de leurs chaînes locales, et finissent également par regarder les informations diffusées par les premières.
La première tâche de ces médias sera donc la « correction et la vérification systématique de la désinformation » et le but sera de « développer le récit de l’Union européenne par des mots clés, des articles, des tribunes libres, des fiches techniques, des infographies, y compris en langue russe ».
Les dirigeants européens, et principalement ceux des Etats baltes, sont inquiets de voir comment la Russie s’est servi des médias pour gagner le soutien des populations – le tout avec des budgets qui continueront probablement à éclipser les quelques millions d’euros que l’Union Européenne peut aujourd’hui consacrer à ce programme.
Offensive de l’Union européenne pour contrer les informations délivrées par la Russie sur l’Ukraine
Les responsables de l’UE se sont mis d’accord, jeudi, pour maintenir les sanctions économiques contre la Russie, afin de la pousser à respecter l’accord de paix passé en Ukraine. Le développement de cette guerre médiatique de propagande s’y ajoutera.
L’Union européenne fournit déjà des aides aux pays de l’ex-URSS, en subventions ou en soutien technique, afin de soutenir diverses programmations culturelles mais également pour assurer la couverture de ses propres décisions. Elle voudrait désormais se servir d’une partie de ces aides pour contrer l’influence russe. « Nous devons demander un meilleur retour sur investissement », commente l’un des fonctionnaires impliqués dans ce nouveau plan.
Le lobby européen Endowment for Democracy (EED), qui encourage le développement démocratique dans les régions voisines, présentera des propositions lors d’un sommet organisé en Lettonie les 21 et 22 mai prochain, pendant lequel les responsables européennes rencontreront ceux de l’Ukraine et de quelques pays de l’ex-URSS.
L’Union européenne veut se servir des médias des pays de l’ex-URSS pour contrer la Russie
Le directeur de l’EED, Jerzy Pomianowski, explique que l’une des options envisagées est une « meilleure intégration et coopération » avec les médias en langue russe déjà existants dans les pays voisins de la Russie, et susceptibles de contrer l’influence de cette dernière.
La guerre … des médias
Les responsables de l’Union européenne savent pourtant qu’il sera extrêmement difficile de contrer de riches médias russes bien implantés dans la région, et ceci d’autant plus que les téléspectateurs auront l’impression que l’UE se lance dans une opération de propagande ouverte. « Contrer la propagande de la Russie avec les mêmes armes serait contre-productif et n’est pas faisable » commente ainsi un autre officiel de l’Union européenne… A suivre.