DRAME
Hedi, un vent de liberté •


Hedi, un vent de liberté est un drame tunisien, présenté comme la révolte, dans la Tunisie d’aujourd’hui, d’un jeune artiste. Ce dessinateur de bandes dessinées, vendeur itinérant de voitures Peugeot, refuse un avenir imposé. Non, il n’épousera finalement pas sa fiancée, choisie de longue date par sa mère, et ne suivra pas la nouvelle carrière professionnelle fixée aussi, au titre de nouveau gendre du directeur de l’usine locale. Il choisirait la voie de son talent réel, et de son cœur, rencontrant de manière totalement imprévue l’amour.
 
Le problème majeur de Hedi, un vent de liberté est que le personnage principal s’avère rapidement monstrueusement antipathique : il se comporte en lâche, velléitaire, capable de tout détruire autour de lui, sans avoir le courage de rien mener à bien. Il disparaît au milieu de la semaine de son mariage, sans prévenir personne, ni la mariée ni sa famille, ni sa propre mère ni son frère, pour le moins embarrassés de la disparition du marié et inquiets. Chose non-dite, la Tunisie connaît aussi un terrorisme islamique aux confins du banditisme, avec des enlèvements et des assassinats de Tunisiens, d’où des angoisses pour les proches. Il n’y a pas que des assassinats spectaculaires de touristes. Ces derniers ont néanmoins causé une crise terrible dans le secteur du tourisme, essentiel en Tunisie, de manière directe et par les emplois enduits.
 

Hedi, un vent de liberté dresse un portrait très sombre de la Tunisie d’aujourd’hui

 
A travers son personnage principal en crise Hedi, un vent de liberté entend présenter une fresque de la Tunisie en crise. Sont montrées à travers les pérégrinations de l’antihéros les multiples Tunisies, dont celle de l’intérieure, musulmane conservatrice, dont il est issu, ou celle du littoral, au moins superficiellement occidentalisée. Les deux mondes, qui se juxtaposent et s’ignorent, ne sont nullement idéaux, au-delà de la question de la crise économique commune. Le conservatisme musulman est présenté, avec des précautions minimales, comme une formidable hypocrisie. Le monde du tourisme est quant à lui totalement artificiel et ridicule : des artistes locaux ou internationaux –parfaitement interchangeables-, polyglottes, effectuent en Tunisie les mêmes pseudo-danses tahitiennes que dans le reste du monde, et chantent, assez faux, des chansons d’amour en allemand. Les Allemands seraient les derniers touristes présents sur les plages tunisiennes. Abandonner tous les projets de sa famille pour lui, du mariage au travail, pour quelques jours d’illusions puériles d’un soi-disant grand amour avec une danseuse tahitienne de Tunisie et d’une carrière rêvée de dessinateur de BD en France – sans visa de travail, évidemment – rend l’antihéros monstrueusement antipathique, tant il témoigne d’égocentrisme et d’irresponsabilité.
 
Si l’histoire du personnage principal ne séduira nullement, au contraire, Hedi, un vent de liberté peut nonobstant intéresser par son aspect sociologique, un portrait très sombre de la Tunisie d’aujourd’hui. Le titre du film est à comprendre de façon ironique, avec le constat du résultat calamiteux des fameux Printemps Arabe de 2010-2011, même un des pays présentés souvent comme une des rares réussites du phénomène, bien à tort.
 

Hector JOVIEN

 
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