François Hollande abandonne sa révision de la Constitution

Hollande abandonne révision Constitution
 
« J’ai décidé (…) de clore le débat constitutionnel. » Mercredi, François Hollande a donc annoncé qu’il renonçait à sa révision de la Constitution du fait de l’impossibilité de réunir l’Assemblée et le Sénat sur son projet de déchoir de leur nationalité les auteurs d’actes terroristes.
 
Lors d’une courte déclaration à l’Elysée, François Hollande a donc clos plus de quatre mois de discussions houleuses, qui ont divisé sa propre majorité – si tant est que cette expression signifie aujourd’hui quelque chose.
 

Le président abandonne sa révision de la Constitution

 
« J’ai décidé, a déclaré le président de la République à l’issue du conseil des ministres, de clore le débat constitutionnel, mais je ne dévierai pas des engagements que j’ai pris (…) pour assurer la sécurité de notre pays et pour protéger les Français contre le terrorisme. »
 
On notera que, en s’exprimant ainsi, François Hollande paraît accréditer l’idée que cette révision constitutionnelle était inutile, puisque cela ne l’empêchera pas de respecter ses engagements en matière de sécurité et de protection de nos compatriotes.
 
De fait, pour être adoptée, la révision constitutionnelle qu’il avait lui-même réclamée devait être votée dans les mêmes termes par les deux chambres puis par les trois cinquièmes des parlementaires réunis en Congrès. En recevant en tout début de journée les présidents de l’Assemblée et du Sénat, le socialiste Claude Bartolone et le Républicains Gérard Larcher, le président de la République a eu confirmation que cela était, en l’espèce, impossible.
 
« Je constate aujourd’hui (…) que l’Assemblée nationale et le Sénat ne sont pas parvenus à se mettre d’accord sur un même texte », a continué le chef de l’Etat. « Je constate aussi qu’une partie de l’opposition est hostile à toute révision constitutionnelle, qu’elle porte sur l’état d’urgence ou même sur l’indépendance de la magistrature. Je déplore profondément cette attitude. »
 

La faute à…

 
Le Premier secrétaire du Parti socialiste a saisi la balle au bond pour faire porter, lui aussi, à la droite le chapeau de ce qu’il a appelé une « dérobade ». D’autres dirigeants socialistes, dont le porte-parole du gouvernement, ont agi de même.
 
Certes, l’idée d’une inscription du seul état d’urgence dans la Constitution a été rejetée par les présidents des groupes Républicains des deux chambres. Mais il est un peu facile de se saisir de ce fait pour en accuser la droite. C’est dissimuler mal que la gauche était, plus encore que la droite s’il est possible, profondément divisée par cette volonté présidentielle.
 
Nicolas Sarkozy a d’ailleurs immédiatement réagi en affirmant que l’actuel locataire de l’Elysée avait « créé les conditions de l’échec ». « Nous sommes au cœur du système de M. Hollande, a-t-il affirmé. A force de promettre et le contraire de tout, (…) il condamne le pays à un blocage et à de l’immobilisme. »
 

… François Hollande

 
A gauche aussi, certains ne se sont pas privés pour saluer le retrait du projet présidentiel. Christian Paul, député socialiste frondeur, a ainsi salué un « renoncement nécessaire qui vient clore quatre mois de controverses détestables, controverses qui ont divisé tous les partis politiques et surtout divisé les Français ».
 
François Hollande estime qu’il n’y a pas eu accord, par incompréhension peut-être, de la définition de la déchéance de nationalité. C’est bien possible, tant il est vrai qu’on doute qu’il y ait accord aujourd’hui sur ce qu’est la nationalité.
 
La défaite pour François Hollande n’est pas aujourd’hui seulement politique. Elle est aussi morale. Quel acte positif va-t-il bien pouvoir présenter aux Français s’il s’avise de se représenter, dans un an, devant eux ?
 

François le Luc