L’amélioration des relations entre les États-Unis de Trump et la Hongrie d’Orbán, conséquence d’un changement de fond au département d’État américain

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L’annulation d’un concours organisé par le département d’État américain pour attribuer 700.000 dollars à des médias hongrois d’opposition présents en province illustre un tournant dans les relations entre Washington et Budapest. C’est la conséquence tardive de l’élection de Donald Trump. Cette élection n’avait pas empêché en novembre 2017 le Bureau de la démocratie, des droits de l’homme et du travail (DRL) du Département d’État des États-Unis de lancer ce concours, mais cela s’était apparemment fait, d’après l’enquête menée par le site d’information hongrois (anti-Fidesz) Index.hu, sans en informer Aaron Wess Mitchell, le nouvel adjoint au Secrétaire d’État pour l’Europe et l’Eurasie qui a remplacé Victoria Nuland en octobre 2017. Le site hongrois attribue la décision de lancer ce concours plutôt inhabituel pour un pays de l’UE et de l’OTAN à ceux qu’il appelle les « orphelins d’Obama » au sein du Département d’État. Victoria Neuland elle-même avait été nommée par Obama et elle entretenait de très mauvaises relations avec le gouvernement hongrois, au contraire de Mitchell qui semble très apprécié à Budapest et dans les autres capitales du Groupe de Visegrád (V4).
 

Les États-Unis changent d’approche en Hongrie

 
Officiellement, le concours lancé début novembre n’a pas été annulé mais aucune proposition n’a été retenue et le Département d’État a décidé de changer d’approche. C’est en tout cas l’explication donnée par l’attaché de presse de l’ambassade des États-Unis à Budapest à l’hebdomadaire hongrois Nyomtass te is! Toujours est-il que ce concours avaient provoqué des tensions entre le gouvernement hongrois et le chargé d’affaires David Kostelancik, nommé à ce poste en janvier 2017 en attendant la nomination d’un ambassadeur. Kostelancik était lui aussi un orphelin d’Obama et il soutenait ouvertement l’opposition hongroise comme le faisait son prédécesseur Andre Goodfriend, nommé par Barack Obama.
 
Aujourd’hui, après plusieurs années avec un simple chargé d’affaires, les États-Unis ont à nouveau un ambassadeur à Budapest. Et l’ambassadeur David Corstein, nommé par Donald Trump, est, au contraire des anciens chargés d’affaires obamien, élogieux à l’égard de Viktor Orbán et de son équipe. Un autre soutien de la Hongrie face aux critiques ouest-européennes, y compris face aux accusations sans fondement d’antisémitisme, c’est le gouvernement israélien et le premier ministre Benyamin Netanyahou, qui parle de son homologue hongrois comme étant un « vrai ami d’Israël ».
 

Face au phénomène d’immigration de masse, Donald Trump pense comme Viktor Orbán

 
La Hongrie a par ailleurs confirmé après le récent sommet de l’OTAN qu’elle entendait respecter l’engagement de consacrer 2 % de son PIB à sa défense d’ici à 2024 et elle est sur la même longueur d’onde que Donald Trump en ce qui concerne l’immigration. C’est le deuxième pays, après les États-Unis qui l’ont fait en décembre, à avoir annoncé, en ce mois de juillet, qu’il ne signerait pas le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières (« Global Compact for Safe, Orderly and Regular Migration ») de l’ONU. Le gouvernement hongrois a avancé le même type d’arguments que le président américain pour justifier sa décision, à savoir que ce Pacte mondial contraindrait à ouvrir en grand les frontières à l’immigration. La dernière mesure adoptée la semaine dernière par le Parlement hongrois, c’est une loi qui imposera une taxe de 25 % sur les subventions et dons aux organisations soutenant l’immigration, les revenus de cette taxe devant être consacrés au contrôle des frontières.
 
Dans ces conditions, un rapprochement entre Washington et Budapest, à l’image du rapprochement entre Washington et Varsovie et du soutien américain à l’Initiative des Trois mers, est chose logique. Il fallait simplement attendre le départ des orphelins d’Obama qui noyautaient le Département d’État.
 

Olivier Bault