La Banque mondiale vient de publier un rapport sur l’incidence des inégalités homme femme sur l’économie de la planète. Leur coût serait de 160.000 milliards de dollars par an. De quoi établir le sexisme numéro 1 au box-office des ennemis publics où il rejoint le terrorisme et le manque d’ardeur écologiste.
Je n’aurais jamais cru que le sexisme coûtait si cher. Ces machos qui nous tiennent nos chaises et ces musulmans qui confinent leurs épouses au harem, hé bé, c’est officiel, ça fait perdre 160.000 milliards de dollars à l’économie planétaire. Je vous dis ça à la louche, car à ce niveau, on n’est plus à dix milliards près, ni à une plaisanterie grivoise d’Harvey Weinstein. Le cancer, le sida, le manque d’eau, sont bien peu de choses devant les inégalités hommes-femmes.
160.000 milliards de dollars, coût certifié par la Banque mondiale
Ne nous attardons pas au calcul qui a mené à ces 160.000 milliards de dollars, pour deux raisons.
Un, c’est la Banque mondiale qui l’a fait, donc, c’est du sérieux. Ils ont étudié 141 pays, constaté que ces 160.000 milliards de dollars représentent environ 2 % du PIB, et correspondent à une différence de revenu de 23.620 dollars par personne et tête de pipe, enfin, que nous, les femmes, ne détenons que 38 % de la richesse mondiale. Ne manque à l’étude que l’âge du capitaine.
Deux, si vous voyiez le détail du calcul, vous seriez portés à chipoter, j’en suis sûre. Rien que le principe en est un peu crétin : ils ont pris la différence entre ce que gagne aujourd’hui l’humanité entière et ce qu’elle gagnerait si les femmes gagnaient autant que les hommes, et l’ont baptisé coût des inégalités hommes femmes, et cela fait 160.000 milliards de dollars.
Le sexisme remplace l’exploitation capitaliste dans leur dialectique
Je suis d’accord avec vous : en dehors du fait que la définition est idiote, on se demande comment ils calculent le revenu de l’humanité entière, et encore moins ce qu’elle gagnerait si les femmes gagnaient autant que les hommes, mais je vous arrête tout de suite : on n’est ni dans le bon sens, ni dans la réalité, on est dans la masse des chiffres intimidants que lance périodiquement la Révolution mondiale. Ce qui est intéressant est donc la conclusion politico-morale irréfragable et scientifique que la Banque mondiale tire de ses savants calculs. Et là tout est clair : le sexisme, voilà l’ennemi, le sexisme qui nous fait tant de mal et nous fait perdre tant d’argent. Quentin Wodon, économiste chef à la Banque mondiale le dit : « Tout le monde profiterait de l’égalité hommes femmes ».
Réduire les inégalités hommes femmes et la fracture sociale
Investir dans les femmes profiterait tant aux plus pauvres qu’au plus riches. L’éradication du sexisme réduit les inégalités sociales, c’est un objectif pour l’humanité. Le Nord et les Anglo-Saxons sont en avance sur nous dans ce domaine comme dans d’autres. Ils mènent la Révolution globale. En Norvège, la loi oblige les entreprises à nommer au moins 40 % de femmes aux postes de direction. En Angleterre, les entreprises de plus de 250 personnes sont tenues de publier chaque année la différence entre le salaire des hommes et celui des femmes.
Et la valse des chiffres continue… Le coût total de cette opération de « pédagogie » (i.e. de propagande), pas besoin de la Banque mondiale pour nous aider à le calculer : un peu moins de liberté, un peu plus de totalitarisme soft et politiquement correct.