L’INSEE annonce une croissance, mais sans réel impact sur le chômage

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Dans une nouvelle note de conjoncture publiée jeudi, l’INSEE a confirmé sa prévision d’une progression du produit intérieur brut de la France à 1,2% cette année. Cette reprise de la croissance n’aurait, en revanche, pas de réel impact sur le chômage qui se stabiliserait à un niveau toujours élevé au second semestre.
 
La croissance économique devrait atteindre le rythme de 1,6% à la fin de l’année, soit le meilleur taux depuis quatre ans – qu’il conviendrait néanmoins de corriger de l’effet de l’expansion démographique. Ce n’est certes pas glorieux, comme le confirme Vladimir Passeron, chef du département de la conjoncture de l’INSEE : « Il y a dix ans, avec un tel scénario, on n’aurait pas forcément parlé de reprise. (…) Aujourd’hui, on parle de reprise parce qu’on vient de passer trois années avec une croissance en moyenne annuelle de 0,4%. » L’année dernière, le taux n’avait même été que de 0,2%.
 
Une déclaration qui signifie clairement que, en période de disette, on se console comme on peut…
 

L’INSEE envisage la croissance de la France

 
Selon l’institut de la statistique, ce regain de croissance serait dû principalement à l’accélération du pouvoir d’achat des ménages, qui augmenterait de + 1,9% cette année, soit sa plus forte hausse depuis 2007, et, en conséquence, de leur consommation (à + 1,6%).
 
Le gouvernement, qui n’osait en prévoir autant, puisqu’il évoquait, pour 2015, une croissance d’un point, a aussitôt manifesté sa satisfaction par la voix de Michel Sapin, son ministre des Finances, qui s’est félicité de ce que cette prévision de l’INSEE « confirme que la France est clairement rentrée dans une phase de reprise de l’activité ».
 
Cette déclaration prouve surtout que, au gouvernement, l’indice d’auto-satisfaction est toujours élevé !
 
En effet, la France demeure, malgré tout à la traîne. Si les chiffres de l’INSEE devaient être confirmés en fin d’année, la croissance n’en serait pas moins plus faible en France que la moyenne de la zone euro, tirée par l’Allemagne – ce qui ne surprendra personne –, mais aussi, et c’est peut-être plus inattendu, par l’Espagne.
 
De fait, le chômage, qui est vraisemblablement la partie immergée de l’iceberg des difficultés gouvernementales sur laquelle heurte avec régularité la communication présidentielle, semble ne devoir guère s’améliorer. L’emploi total progresserait, selon cette projection, de 114.000 postes en 2015, ce qui est sensiblement mieux, certes, que les 41.000 de 2014 ; mais, au final, l’INSEE estime qu’il devrait se stabilisera 10,4% (10,1% en métropole) au deuxième trimestre, pour ne plus bouger.
 

Un impact quasi nul sur le chômage

 
« Au deuxième trimestre 2015, les créations d’emplois seraient encore trop ténues pour absorber la hausse de la population active. En revanche, la hausse attendue de l’emploi au second semestre serait suffisante pour stabiliser le chômage », a précisé Laurent Clavel, chef de la division synthèse conjoncturelle de l’INSEE. Qui ajoute : « Le chômage pourrait même baisser si le découragement des chômeurs seniors perdure. » Car, d’après ses explications, c’est ce phénomène qui explique en partie le recul du taux de chômage au premier trimestre.
 
Autrement dit, les seniors sont dans un tel état d’esprit, qu’ils n’osent plus même s’inscrire à Pôle Emploi. Une fois de plus, la méthode qui consiste à casser le thermomètre lorsque le patient a la fièvre, voire à le pousser à le casser lui-même, n’est sans doute pas des plus efficaces.
 
En attendant, la France grelotte…
 

François le Luc