L’interpellation à Paris d’un homme en voie de radicalisation, fiché « S », et ne bénéficiant pas de toutes ses facultés mentales

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Un homme de 21 ans, fiché « S » du fait de sa radicalisation présumée, et que sa famille voulait voir hospitalisé parce qu’il semblait ne pas jouir de toutes ses facultés mentales, s’était retranché, pour cette raison, jeudi, dans un studio du IVe arrondissement de Paris, où les forces de police ont finalement procédé à son interpellation.
 
Considéré comme « en voie de radicalisation », ce qui justifie l’attribution d’une fiche « S », il se trouvait a priori seul dans cet appartement, au numéro 33 du boulevard Henri IV. Les policiers de la Compagnie de sécurisation et d’intervention qui l’ont interpellé ont souligné par ailleurs qu’il ne jouissait pas de « toutes ses facultés mentales ».
 

L’interpellation à Paris d’un homme ne bénéficiant pas de toutes ses facultés mentales

 
De fait, son père souhaitait le faire hospitaliser d’office. Et c’est parce qu’il n’aurait pas supporté cette volonté paternelle que le jeune homme se serait retranché dans son studio, amenant alors son père à prévenir la police.
 
Celle-ci précise que cet homme n’est actuellement visé par aucune enquête judiciaire. Car la fiche « S », qui signifie Sûreté d’Etat et vise des personnes soupçonnées de vouloir porter atteinte aux intérêts nationaux, ayant des relations avec ce type de personnes, ou en voie de radicalisation, n’implique pas nécessairement de surveillance ou de suivi actif.
 
Quelque 20.000 personnes font l’objet d’une telle fiche dans notre pays, dont 10.500 pour des raisons liées à une radicalisation islamiste, selon ce qu’affirmait, au lendemain des attentats du 13 novembre dernier à Paris, le premier ministre Manuel Valls.
 

En voie de radicalisation islamiste et fiché « S »

 
En l’occurrence, l’homme est connu des services de renseignements pour sa proximité avec la mouvance islamiste. Dans son cas particulier, et sans faire l’objet donc d’une enquête judiciaire, il était néanmoins surveillé par les services de renseignement en raison « de ses velléités de départ » vers la Syrie – ce qui a peut-être également motivé la démarche paternelle. Au moment de son interpellation, l’homme n’était pas armé, et ne disposait que d’aérosols de gaz lacrymogène.
 
D’aucuns manifestent, surtout depuis les récents attentats qui ont frappé Paris, leur inquiétude devant le fait que les personnes fichés « S » ne soient pas davantage surveillés. Outre le fait que cela nécessiterait la mobilisation d’un nombre important de représentants de forces de l’ordre, déjà fortement engagés du fait des dispositions de l’état d’urgence, le flou qui entoure cette classification ne justifie pas que l’on fasse l’objet d’une enquête, encore moins que l’on soit arrêté, voire expulsé, pour de simples suppositions ou relations. Tout au plus la fiche « S » a-t-elle un rôle d’alerte : en cas de contrôle, elle permet aux policiers de savoir que des soupçons pèsent sur l’individu qu’ils contrôlent.
 
Mais, compte-tenu des défaillances qui ont pu avoir lieu dans le contrôle, par exemple, d’un Salah Abdeslam, qui s’est joué des forces de l’ordre en passant à travers les mailles du filet pendant des mois, il serait peut-être judicieux d’opérer désormais, dans ce classement, une distinction plus efficace entre les personnes réellement dangereuses et les simples suspects.
 

François le Luc