L’écologiste Jill Stein recompte des voix contre Trump et défend la chaîne russe RT – une logique qui échappe au quidam

Jill Stein recompte voix Trump RT
Jill Stein entend faire recompter les voix dans trois États très disputés et finalement acquis à Donald Trump.

 
La candidate verte à la présidentielle, Jill Stein, vient de récolter plusieurs millions de dollars pour faire recompter les voix dans trois états américains. Autrement dit, recompter pour contrer Trump, même si c’est officiellement pour « faire la lumière sur la faiblesse du système électoral américain »… Contrer celui qui affirme vouloir s’entendre avec la Russie, alors qu’elle-même s’en donne à cœur joie sur RT, média créé et soutenu par le Kremlin, défend activement la radio, se rend à Moscou et voit Poutine, cela semble à première vue contradictoire…. à moins que cela éclaire d’autres coins plus sombres ?
 

Près de 5 millions de dollars récoltés pour recompter les voix

 
La semaine dernière, le Centre pour la sécurité informatique et la société, de l’Université du Michigan, attaché à l’étude des cyberattaques des infrastructures gouvernementales et de données sensibles, avait assuré avoir découvert des preuves de piratages des machines de vote électroniques en défaveur de la candidate démocrate.
 
Il n’en a pas fallu moins pour que l’écologiste Jill Stein lance mercredi une demande de fonds via son site web pour permettre un nouveau dépouillement des votes dans ces trois États américains très disputés que sont le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie. En quelques heures, elle avait récolté 2,5 millions de dollars. Elle en a obtenu aujourd’hui plus de 4,7 millions. Elle en veut à présent 7 millions, qui représentent le coût total de l’opération plus les frais d’avocats.
 
Pour rappel, Donald Trump a gagné de manière inattendue dans ces trois États en question, avec 0,7 %, 0,3 % et 1,2 % d’avance. Mais pour le site « Fivethrityeight.com », comme pour un spécialiste du New York Times, un revirement de situation serait tout simplement impossible. Seule compte toujours, in fine, la bataille des Grands Électeurs.
 

Il faut « garantir l’intégrité de nos élections »

 
Le point intéressant est cet engagement soudain de la candidate écologiste qui représente entre 1 et 5 % de l’électorat outre-Atlantique. En 2012, elle avait participé aux primaires et même reçu le soutien de la figure intellectuelle de gauche, Noam Chomsky. Ses objectifs sont plus que progressistes : réduire le budget militaire, contre le changement climatique ( !), augmenter le salaire minimum etc…
 
Jill Stein s’est absolument défendue de vouloir aider Hillary Clinton à gagner : il faut « garantir l’intégrité de nos élections »… « ces préoccupations doivent être étudiées avant que l’élection présidentielle de 2016 ne soit validée ».
 
N’empêche, elle agit, et pas pour de faux. Elle qui avait twitté que les Américains avaient à choisir entre un « protofasciste » et une « reine de la corruption », ne peut se défendre du fait, que, ce faisant, son action pourrait aider mécaniquement la dite reine de la corruption à monter sur le trône : elle marque, de fait, sa préférence, même si elle a plusieurs fois réclamé au gouvernement fédéral de déposer plainte contre la candidate démocrate, trop portée par les media et ses gros sous…
 

RT : « la voix des dissidents de l’Ouest » Jill Stein

 
Ce qui coince encore davantage est que cette éminente figure de gauche est un ardent défenseur de… RT (Russia Today hier), cette chaîne de télévision d’information internationale créée en 2005 par l’agence de presse russe RIA Novosti et financée par l’Etat russe, aujourd’hui la seconde chaîne d »information étrangère la plus regardée aux États-Unis – une proximité à première vue contradictoire.
 
Hier, jeudi, la chaîne russe a diffusé un entretien par webcam de Jill Stein, où l’écologiste réagit à la résolution du Parlement européen votée mercredi qui exhorte l’UE à « répondre à la guerre de l’information par la Russie », une résolution visant directement RT et l’agence de presse Sputnik, les accusant de mener une « propagande hostile » et une désinformation aussi grandes que celles de l’Etat Islamique…
 
S’il était logique qu’une telle attaque en règle fasse réagir le Kremlin – il parle de « diabolisation » – ou la Fédération européenne des journalistes – elle parle d’« irresponsabilité » – il était plus étonnant que vienne s’afficher sur RT la candidate écologiste américaine.
 
Dans son entretien, elle parle de ces dissidents politiques qui n’ont pas droit à une couverture médiatique par manque de gros annonceurs… Les médias russes sont devenus une véritable plate-forme pour ces dissidents au rang desquels elle se classe : les mettre en balance avec l’Etat Islamique est, selon elle, ridicule. RT est « la voix des dissidents de l’Ouest ».
 

Sur la même longueur d’onde que Poutine

 
Cette prise de position ne date pas d’hier. En août déjà, MintPressNews faisait état de la grogne grandissante contre Jill Stein accusée d’avoir des liens avec Poutine.Lors de son discours devant la Convention nationale du Parti Vert, le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a même averti que les attaques sur le sujet allaient bientôt crever le plafond.
 
En cause, notamment une vidéo prise et publiée l’hiver dernier par un site anti-guerre allemand, « AntiKrieg », où Stein remercie les donateurs et les partisans qui ont aidé à rendre possible son voyage à Moscou, puis félicite les autres participants de la RT Anniversary Conference, l’événement qui a incité sa visite en Russie…
 
Elle y critique les tensions accrues entre la Russie et l’Occident et attaque la politique étrangère américaine, en particulier celle des Clinton, « qui est essentiellement une campagne de relations publiques pour l’industrie de l’armement ». Elle prône une « offensive de paix » et affirme se trouver en cela sur la même longueur d’onde que Poutine…
 

Clinton et RT : un faux paradoxe ?

 
Mais alors… Elle se met à soutenir une Hillary qu’elle accusait de « provoquer la Russie et de ne pas avancer vers un dialogue », cette même Hillary qui, elle, accusait RT d’avoir publié ses e-mails de campagne ? Elle veut asseoir sur le trône celle qui manifestement se dressait contre ses « amis » ? Alors que son adversaire vainqueur Trump n’a jamais été si avide d’une entente ?
 
Trump ne serait pas, en réalité, « un bon plan » pour Poutine ?
 
La lutte politique qu’on nous donnait à voir entre les Clinton, l’administration Obama (du même métal) et le Kremlin ne serait pas celle qu’on croit ?
 
On peut tout imaginer.
 
Jill Stein nous en montre en tout cas le chemin. Et la « dissidence » de RT qui accueille à bras ouverts une écologiste gauchiste mondialiste convaincue donne bien à réfléchir.
 

Clémentine Jallais