La Grèce souffle le chaud et le froid

La Grèce souffle le chaud et le froid
 
Une fois de plus, le premier ministre grec s’est laissé aller à une de ses envolées contre Bruxelles, demandant à l’Eurogroupe de mettre fin à ses « initiatives unilatérales » à l’encontre d’Athènes et de respecter ses engagements. Un souffle a passé dans les couloirs de la Commission européenne, où l’on semble ne plus trop suivre les déclarations d’Alexis Tsipras. En Grèce, on reste néanmoins dubitatif. Le nouveau gouvernement passe trop facilement du noir au blanc, du chaud au froid pour la confiance puisse s’instaurer.
 
Pour le chef du gouvernement grec, il s’agissait tout d’abord de répondre à la Commission européenne qui, par la voix de son Commissaire à l’Economie Pierre Moscovici, venait de souligner une fois encore que la Grèce, si elle devait rester dans la zone euro, ne pouvait le faire qu’aux conditions décidées par les ministres des Finances de ladite zone euro le 20 février dernier.
 

Le souffle du boulet

 
« L’Union européenne dans son ensemble veut que la Grèce soit dans la zone euro. Nous y sommes fermement attachés. Je suis convaincu qu’une sortie de la Grèce serait plus qu’un dégât important pour la zone euro (…), principalement d’un point de vue politique », a ainsi déclaré Pierre Moscovici.
 
En réalité, ces déclarations n’ont aucun sens. Qu’il s’agisse de Bruxelles, qu’il s’agisse d’Athènes, chacun prétend que la voie sur lequel l’autre veut l’entraîner est mortifère. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas faux. Ce qui pose une nouvelle fois la question fondamentale de l’idée politique et financière européenne, ou de l’avenir des nations qui composent l’Union si celle-ci devait perdurer.
 
L’homme fort d’Athènes – mais l’est-il vraiment ? – a donc tenu à redire aux Grecs qu’il entendait tenir ses promesses. « S’ils agissent ainsi pour nous faire peur, la réponse est : nous n’aurons pas peur ! », a-t-il lancé devant le Parlement. « Le gouvernement grec est déterminé à respecter l’accord du 20 février. Toutefois, nous exigeons la même chose de la part de nos partenaires. Qu’ils arrêtent leurs initiatives unilatérales et qu’ils respectent l’accord qu’ils ont signé. »
 

Chaud ou froid ? La Grèce irrite Bruxelles…

 
Alexis Tsipras s’exprimait ainsi en présentant la loi de « crise humanitaire » qui prévoit notamment de ne pas faire payer l’électricité aux foyers les plus pauvres, et de les aider sur le plan du logement et de la nourriture. Paradoxe apparent, le collectivisme le plus pur s’instaure à l’ombre du libéralisme financier. Premier texte législatif depuis cinq ans non imposé par l’Union européenne, cette loi a fait tiquer Bruxelles, qui y voit une nouvelle manière de creuser le déficit grec.
 
La Commission européenne aura pourtant du mal à contrer Alexis Tsipras sur ce sujet, la loi ayant été votée avec le renfort de l’opposition…