La capitale du Cameroun accueille en ce moment un défilé de haute couture « dans les règles de l’art ». Juste à côté du Centrafrique où l’on s’entretue, l’événement paraît frivole, mais témoigne d’un phénomène de fond : le transfert des technologies et des pôles d’activité hors d’Europe. Pendant que l’Afrique défile, le monde entier défile en Afrique pour prendre sa part de marché.
C’est donc une styliste formée à Paris qui a invité un couturier français à installer à Yaoundé les fondations d’une industrie camerounaise de la mode. Ce transfert d’une technologie qui est l’un des points forts traditionnels de notre pays se fait conformément aux recommandations des plus hautes institutions et vise à faire de l’Afrique subsaharienne un pôle de commerce international important.
L’attrait du marché africain
Cela correspond à l’émergence du marché africain, très convoité par la Chine, et d’une clientèle solvable nombreuse : phénomènes à mettre en parallèle avec la paupérisation de l’Europe et son éviction progressive des marchés par les économies du Sud. Trois cent millions d’Africains et d’Africaines susceptibles de s’intéresser à la mode regardent encore vers Milan, Paris et Londres, l’Afrique défile encore en Europe, mais pour combien de temps ? Aujourd’hui les délégations commerciales se succèdent sur le continent noir, demain, ce seront peut-être les élégantes du monde entier.