Cette expression, qui désigne la mutation démographique provoquée par l’invasion de l’Europe (officialisée par Valéry Giscard d’Estaing dès 1991), vient d’entrer dans le vocabulaire politique russe. En effet, la dépopulation de la Russie (en janvier-février 2024, elle a perdu 226.000 habitants, 40.000 de plus qu’en 2023) et la guerre, avec la ponction en hommes qu’elle implique et l’effort industriel qu’elle suppose, poussent Poutine à ouvrir grand les vannes de l’immigration, en provenance surtout de l’Asie centrale musulmane. Selon Alexandre Bastrykine, très haut fonctionnaire et président du comité d’enquête de la Fédération de Russie, 1.200.000 migrants sont arrivés à Moscou au cours des 4 premiers mois de cette année et 800.000 dans la région de Moscou, 4 millions pour toute la Russie. Plus de 700.000 passeports russes sont attribués chaque année (170.000 à des Tadjiks en 2023). Environ 2 millions d’Ouzbeks sont venus travailler en Russie en 2023. Les radicaux chassés par les autorités des républiques d’Asie centrale trouvent un refuge en Russie. Les crimes graves commis par les migrants ont augmenté de 32 % en 2023. Des banques islamiques ont été ouvertes au Tatarstan. Les enclaves peuplées de migrants originaires d’Asie centrale se multiplient au cœur de la Russie. Des centaines de mosquées clandestines existent à Moscou et dans la région de Moscou. Alexandre Bastrykine résume le sentiment populaire en une phrase : « Pendant que nos hommes se battent sur le front, les migrants sèment le chaos à l’arrière. » Et le chef de l’Etat russe continue de déclarer : « Nous ne sommes pas contre l’augmentation de la population musulmane, au contraire, nous nous en réjouissons. Nos républiques musulmanes ont un très bon taux de natalité, et nous nous en réjouissons. »