Dans l’affaire dite des assistants parlementaires du Front National à l’Europe entre 2012 et 2017, les procureurs Louise Neyton et Nicolas Barret ont prononcé mercredi des réquisitoires jugés « impitoyables » par notre confrère Le Monde. En demandant des peines d’inéligibilité contre les 24 prévenus, de prison, et de lourdes amendes. Avec un entrain partisan qui a inspiré à Louise Neyton, dans son réquisitoire contre le député Jean-François Jalkh qu’aucun élément ne lui permettait de poursuivre, ces phrases : « Je ne peux pas demander une relaxe. Ça me ferait trop mal. Je m’en rapporte donc à la décision du tribunal. » Des propos indignes qui méritent radiation, des propos dignes de 1793 ou des procès de Moscou, dont Marine Le Pen a profité pour dénoncer un « procès politique ». Elle a raison. Mais ce n’est qu’un détail d’une histoire bien plus importante. Qu’on envisage le domaine politique, le sport, le cinéma, le sexe, ou même le droit à la vie, des rois juges décident en dernier ressort. Ils ont pris le pouvoir au-dessus des exécutifs et des parlements élus, niant la démocratie et usurpant les souverainetés nationales. C’est une révolution politique et morale, le judiciaire étant l’ultima ratio de la nouvelle morale produite par l’inversion spirituelle arc-en-ciel. Cette révolution bouleverse littéralement la planète. Le RN et Marine Le Pen en sont des victimes collatérales.
Procès politique ? Oui, mais c’est un détail !
Réglons d’abord le détail. Bien sûr que l’affaire des assistants parlementaires est un procès politique. Tout le montre, depuis le début. Elle débute par une enquête de l’OLAF, l’office européen de lutte antifraude, demandée par le président du Parlement européen d’alors, le socialiste allemand Martin Schultz, ennemi acharné du FN. Ce que l’OLAF reproche aux assistants, c’est de ne pas travailler pour le Parlement européen, mais pour le FN. Détail piquant, Martin Schulz, c’est documenté, utilisait son propre assistant parlementaire pour repasser son pantalon, et utilisait des notes de frais prévues pour aller à Strasbourg lors de ses vacances à Berlin. Tout a été à l’avenant depuis. Marine Le Pen étant protégée par son immunité parlementaire, le Parlement européen a suspendu cette immunité… parce qu’elle avait posté sur twitter des images des victimes de Daesh ! Autre détail, pour des faits analogues, les réquisitions dans l’affaire des parlementaires du MODEM, ont été infiniment plus légères, aucune inéligibilité ferme n’étant requise. Oui, bien sûr MLP a raison, le procès que lui font l’Europe et la République française est politique.
La révolution en cours s’appuie sur une morale moralisatrice
Mais c’est la cinquième roue du carrosse, la troisième décimale. Ce qui gouverne en fait l’affaire est la révolution arc-en-ciel. Un mot d’explication. Au commencement était l’inversion morale. Tout fut permis un moment dans la chienlit générale. Les directeurs de collection parisiens se flattaient en public de sodomiser des petits garçons, sous les applaudissements de notre confrère Libération. C’était la phase de dissolution nécessaire à liquider la vieille morale chrétienne. Puis s’est coagulée la nouvelle éthique. Défiler les fesses à l’air entre homosexuels sur la voie publique rend fier, inciter un préadolescent à changer de sexe est méritoire, mais qu’un monsieur embrasse une dame sans avoir reçu son consentement en trois exemplaires avec accusé de réception mérite la prison. Dans d’autres domaines, relever le lien entre immigration et insécurité est un crime de haine fasciste, alors que militer « pour l’environnement » est « vertueux ». La morale est partout, ses méandres complexes, ses objurgations souveraines, ses voies facilement pénétrables, comme dans un western : il y a les bons et les méchants. Les méchants sont ceux qui conservent les mœurs, us et croyances que leur ont enseigné leurs parents, les bons ceux qui promeuvent l’inversion morale, rompant avec le passé de l’homme blanc et chrétien sous la férule de la maçonnerie.
Fillon, Le Pen, Rubiales, tous coupables pour l’arc-en-ciel
Mais ces nouvelles bonnes mœurs et cette nouvelle éthique, encore faut-il les faire respecter. Quiconque ne les suit pas complètement doit être châtié. Ce sont les juges qui s’en chargent, de toute juridiction, chacun à sa place. C’est ainsi que Marine Le Pen se trouve menacée d’être écartée, comme Fillon ou Strauss-Kahn. Chacun d’entre eux a fait quelque chose de mal. Et la justice les a abattus – encore que Strauss-Kahn s’en soit tiré avec une menace et un règlement à l’amiable. Les sportifs ne sont pas plus à l’abri. Platini et son copain Sep Blatter se sont fait prendre la main dans le pot de confiture. Et Bernard Laporte, le patron du rugby français ! Il vient d’être innocenté par la Cour de cassation après avoir été condamné en appel dans une affaire immobilière douteuse : il n’en a pas moins dû démissionner. De même Luis Rubiales, ancien président de la fédération espagnole de football, est-il menacé de deux ans de prison pour avoir donné un baiser sur la bouche de la joueuse Jenni Hermoso lors de sa victoire en coupe du monde. Sous la pression des association féministes, elle a en effet porté plainte, alors qu’une vidéo prise dans le bus le soir même la montre raconter la chose en riant, et toute l’équipe accueillir Rubiales en liesse, chantant « un beso » sur l’air des lampions.
De Weinstein à Depardieu, les juges sont les gardiens de la révolution
La justice sert donc de gendarme aux nouvelles mœurs. Cela permet d’éliminer des postes de responsabilité, ou des places en vue, quiconque n’est pas conforme à la révolution arc-en-ciel. Les juges ont été institués gardiens d’une dictature moralisatrice qui garde le vulgum pecus dans les clous du politiquement correct et du moralement correct. C’est bien sûr le cas aussi en matière de mœurs. Ils ont eu Weinstein, ils veulent avoir Jacquot et Depardieu. Il ne s’agit pas ici de les innocenter, mais de constater qu’une injonction féministe les présente comme seuls coupables, alors qu’on connaît les mœurs du cinéma, en particulier des starlettes qui veulent arriver : avec Weinstein, des demoiselles qui ont profité d’un système de prostitution implicite se retrouvent accusatrices sans être autrement inquiétées, parce que le nouveau modèle moral et judiciaire en a ainsi décidé.
L’Europe à l’avant-garde des Rois-juges
Mais le judiciaire va au-delà de ce pouvoir de police, il acquiert un pouvoir de direction et l’expression roi-juge n’est ici pas un abus de langage. En Australie, un juge de Nouvelle-Galles du Sud, statuant en faveur d’un « transgenre » qui s’estimait lésé par un site féministe, a décidé que, selon une jurisprudence constante, « le sexe, dans son acception ordinaire, est quelque chose de modifiable ». Tel quel. Un juge change de sa propre autorité le sens commun, l’histoire, la génétique, le dictionnaire. Autre exemple, l’euthanasie, qui devient un devoir moral de compassion et de dignité. Décidant en dernier ressort au terme d’un gymkhana judiciaire en France et en Europe, la Cour de cassation, en dépit de loi Badinter de 1981 supprimant la peine de mort, a condamné Vincent Lambert à mort en cassant sans renvoi la décision de la Cour d’appel, et sa décision a fait école, en Angleterre récemment. La justice administrative décide de la vie d’un homme, fait d’une barbarie sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
Le Pen victime collatérale de l’inversion arc-en-ciel
Plus encore, cette prise du pouvoir par les juges est caractéristique d’une usurpation de la souveraineté démocratique et nationale. Les juges tiennent les politiques en laisse par le pouvoir qu’ils ont pris sur eux, on le voit bien sûr dans les affaires Fillon et Le Pen, mais aussi, par exemple, dans les procès pour « inaction climatique » gagnés contre l’Etat français par les ONG climatistes. Ou bien, en Italie, quand les juges condamnent la rétention des clandestins en Albanie. Et cette révolution de la politique par le judiciaire s’accompagne d’une révolution du droit par les juges, toujours dans l’optique mondialiste et selon une hiérarchie des juridictions. En voici un exemple remontant à 2023 : sur un point de droit important, la Cour de cassation, juridiction suprême en matière pénale en France, a aligné sa jurisprudence sur celle de la Cour européenne des droits de l’homme. Jusqu’alors, en France, une preuve obtenue par un moyen illégal ou immoral n’était pas valide : maintenant, comme la jurisprudence de la CEDH l’a imposé, c’est au juge de décider s’il la reçoit ou non. Au fil de ces trop brefs exemples, apparaît le mouvement d’ensemble dont le réquisitoire outrancier qui accable Marine Le Pen n’est qu’un détail : une immense révolution politique et spirituelle, dont l’inversion morale est le moteur, et dont les juges sont des acteurs de premier plan.