Léon XIV parle de la « synodalité » en rappelant l’autorité du pape et des évêques

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Qu’est-ce que la synodalité ? Comme on le sait, le pape François a fait de ce mot la clef de son pontificat, allant jusqu’à consacrer un synode à la synodalité sans que jamais celle-ci ne fût clairement définie. Tout au plus pouvait-on constater qu’elle allait dans le sens d’une diffusion du pouvoir et de l’autorité, voire d’un certain contrôle des évêques par les laïcs à travers des évaluations programmées : François allait jusqu’à prendre l’image de la « pyramide inversée ». Léon XIV ne semble pas vouloir s’engager dans cette voie. S’il a déjà évoqué la « synodalité » dans ses discours, y compris dans ses premiers propos de pape élu, la définissant par la suite comme « participation et communion » (de telle sorte que certains y ont vu la preuve qu’il suit « les pas de François ») il fait aussi des mises au point. La dernière en date s’est adressée à la Communauté des Camaldules qui organise ces jours-ci à Camaldoli, du 6 au 9 octobre, un colloque sur le thème « Quel évêque pour une Eglise synodale ? ».

 

Léon XIV reprend le mot « synodalité » pour le corriger

Le message du pape a été publié ce mercredi sur le site de la Communauté, en voici notre traduction :

« A l’occasion du colloque sur le thème “L’évêque dans une Eglise synodale”, le pape Léon XIV, spirituellement présent lors de ces assises de haute importance, adresse à ses promoteurs, à ses rapporteurs et aux participants son salut et ses vœux les plus cordiaux, en exprimant son appréciation pour l’initiative qui vise à considérer, dans sa profondeur théologique et ecclésiale, le principe de la synodalité, et la figure de l’évêque, gardien et témoin éminent de la foi. Le souverain pontife fait le vœu que ces journées d’étude suscitent une compréhension renouvelée du fait que cheminer ensemble est le style de vie et de la mission de l’Eglise, et que l’authentique synodalité exige par sa nature même l’écoute et la participation de tous les baptisés, selon la vocation de chacun, mais ne peut faire abstraction de l’autorité que le Christ a conféré au collège des évêques avec à leur tête le successeur de Pierre. En exprimant ces vœux, le Saint-Père invoque l’abondance des dons du Saint-Esprit en vue de la réussite de ces travaux et envoie de tout cœur sa bénédiction apostolique… »

Autorité, hiérarchie : le pape Léon n’a pas voulu saluer des travaux sur la « synodalité » sans rappeler même dans un court message que celle-ci ne peut avoir de sens dans l’Eglise si elle contredit l’autorité, donnée par le Christ Lui-même, « au collège des évêques avec à leur tête le successeur de Pierre ». Autrement dit, il faut d’abord l’ordre juste où le pape est au sommet, et où sous son autorité, les évêques disposent du pouvoir que leur donne la succession apostolique de par la volonté de Notre Seigneur.

 

L’autorité du pape et des évêques ne s’adapte pas à la synodalité

On aura noté le subtil changement qu’introduit le pape Léon XIV dans l’intitulé du colloque, passant de la question « Quel évêque pour une Eglise synodale ? », qui laisse entrevoir une modification de sa manière d’être voire un changement de son statut, à l’affirmation : « L’évêque dans une Eglise synodale », avec l’usage d’un article défini pour désigner « l’évêque », qui laisse comprendre que c’est une réalité qui ne change pas.

Et qui ne doit pas changer… La figure de l’évêque doit rester conforme à l’autorité que lui a donnée le Christ au service de sa mission, autorité dont il ne faut pas « prescindere » comme le dit le pape en italien, ce qui se traduit par « faire abstraction », « se passer de », « qu’il ne faut pas ignorer ».

Ce n’est pas la première fois que le pape Léon reprend le vocabulaire de son prédécesseur immédiat sur la chaire de Pierre, pour aussitôt le préciser, voire le corriger, ou changer l’angle d’approche. Tel est son style ; nous n’avons sans doute pas fini d’être surpris.

 

Jeanne Smits