Le synode sur les jeunes ouvre ses portes à Rome ce mercredi sous le signe de la controverse, délibérément entretenue par ses plus hauts responsables. Le document de travail préparatoire, cet Instrumentum laboris vivement critiqué par quelques prélats courageux qui en ont souligné la tournure « sociologique » plutôt qu’attachée à la foi que l’Eglise doit transmettre, contient ainsi pour la première fois dans un texte catholique officiel l’acronyme « LGBT », signe de reconnaissance d’une « communauté » qui est en réalité un lobby de combat, radicalement hostile à l’enseignement moral de l’Eglise. Le mot y a été maintenu malgré des protestations, et le cardinal Lorenzo Baldisseri, proche du pape François, secrétaire général de ce synode comme il l’avait déjà été des synodes sur la famille, y tient mordicus.
LGBT – lesbiennes, gays, bi, trans – est le cri de ralliement choisi par ces activistes pour réclamer une reconnaissance et des droits, non en tant qu’être humains mais comme promoteurs actifs d’un « style de vie » bien précis, défini par l’activité sexuelle non conforme à la norme qui définit et subordonne celle-ci à sa finalité procréatrice.
Le cardinal Baldisseri interpellé à propos de l’expression “LGBT”
C’est lors d’une conférence de presse organisée à l’orée du synode sur les jeunes que le cardinal a été interpellé par une journaliste de LifeSiteNews, Diane Montagna. Lundi matin, donc, celle-ci lui a fait observer que les mots « jeunes LGBT » figuraient dans l’Instrumentum laboris alors même que les jeunes interrogés au cours d’une sorte de sondage mondial pré-synodal ne l’avaient pas du tout réclamé.
Le cardinal Baldisseri a répondu que l’expression « jeunes LGBT » figurait bien dans le document pré-synodal rédigé par les jeunes lors de leur rencontre avec le pape François et les organisateurs du synode du 19 au 24 mars de cette année à Rome. Les dits organisateurs, a-t-il insisté, avaient pris un soin tout particulier à prendre en compte le travail de ces jeunes qui sont les « protagonistes » du synode de ce mois d’octobre. « Ils nous ont remis un document, et nous l’avons cité. Voilà l’explication. »
A quoi Diane Montagna a répondu que vérification faite, le document final rédigé lors de la rencontre de mars ne comporte nulle part l’acronyme « LGBT ». « Ça n’y est pas ? », s’étonne Baldisseri. « Non », répond la journaliste de LifeSite.
Et elle insiste : le cardinal envisage-t-il d’enlever l’expression « LGBT » de l’Instrumentum laboris, afin d’éviter qu’elle ne soit reprise dans le document final, et de se retrouver dans le « Magistère » de l’Eglise ?
Les activistes LGBT ont tout lieu d’être satisfaits…
Il faut savoir en effet que, à quelques jours du synode sur les jeunes, le pape François a signé une nouvelle constitution synodale, Episcopalis communio, qui affirme que le document final d’un synode, s’il reçoit la signature du pape, fait ipso facto partie du magistère ordinaire de l’Eglise. Précaution qui s’explique sans doute par le fait que l’autorité magistérielle du document final des synodes sur la famille a été remise en cause, notamment par le cardinal Burke, au vu de ses expressions difficilement conciliables avec la foi traditionnelle de l’Eglise…
Il faut savoir aussi que l’actuel synode sur les jeunes a suscité de nombreuses craintes quant à son utilisation possible pour faire admettre le « style de vie homosexuel » au sein de l’Eglise. La manœuvre était déjà visible lors du synode extraordinaire de 2014 sur la famille, marqué par une évocation d’un regard positif sur l’homosexualité lors de la présentation à mi-parcours de la relatio post disceptationem : il en était question dans le document alors même que les pères synodaux n’en avaient pas parlé, le cardinal Erdö, responsable du document, ayant même été pris par surprise à ce sujet.
Le cardinal Lorenzo Baldisseri n’a en tout cas rien voulu entendre. « Ecoutez, je ne vais rien enlever du tout. Les pères synodaux discuteront tout cela article par article. Tous les textes, même ceux de la plus grande élévation, seront discutés. »
Choisir le style de vie homosexuel tout en restant proche de l’Eglise
Voici le passage controversé :
« Certains jeunes LGBT, à travers diverses contributions parvenues au secrétariat du synode, veulent “bénéficier d’une plus grande proximité” et faire l’expérience d’un meilleur accueil de la part de l’Eglise, tandis que certaines CE [conférences épiscopales] demandent ce qu’il faut proposer aux “jeunes qui au lieu de former un couple hétérosexuel décident de former un couple homosexuel et qui, par dessus tout, désirent être proches de l’Eglise”. »
Clairement, il y a ici une reconnaissance d’une forme de réalité « LGBT » présentée comme acceptable et digne d’une relation normale avec l’Eglise. Et à l’inverse, on cherche en vain le rappel que ces « styles de vie », revendiqués et vécus comme normaux, sont frontalement contraires à ce que l’Eglise enseigne, exprimant la volonté de Dieu…
Le document de travail du synode des jeunes évoque l’accueil des couples LGBT
En adoptant le langage militant du lobby, l’Instrumentum laboris a opéré une rupture évidente par rapport à la manière dont l’Eglise a évoqué ces questions jusqu’à présent dans ses documents officiels, où elle parle des attractions éprouvées par certains à l’égard de personnes du même sexe en précisant que cette » inclination » est « objectivement désordonnée ». Elle ajoute que les actes homosexuels sont « objectivement désordonnés » et « contraires à la loi naturelle ».
Mais c’est ce « jugement » qui est récusé par les activistes de la cause LGBT, qui présentent cette réprobation morale comme discriminatoire et qui arrivent même à la faire passer pour délictueuse dans un nombre croissant de pays à travers le monde.
Dans le contexte actuel de la mise au jour de prédations homosexuelles de la part de certains prêtres et prélats, l’affaire n’en est que plus inquiétante.