Au Synode, le P. Timothy Radcliffe O.P. prêche pour l’inclusion LGBT

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Mercredi, au Synode sur la synodalité, le père dominicain Timothy Radcliffe a pris la parole devant l’ensemble des participants en tant que conseiller spirituel, en une opération de « manipulation des sentiments » qui est au cœur du discours généralisé sur l’inclusion promue au rang des devoirs de l’Eglise. Il a notamment évoqué un témoignage que l’ensemble de l’assistance avait entendu quelques jours plus tôt au sujet d’une jeune personne « LGBTQ », une bisexuelle qui s’était sentie exclue par la hiérarchie de l’Eglise et qui s’était, de ce fait, suicidée. Alors que s’ouvre l’examen de la section de l’Instrumentum laboris intitulée « participation, gouvernance et autorité », l’ancien maître de l’Ordre des Prêcheurs a exhorté les membres du Synode à tenir compte de cette tragédie lorsqu’ils réfléchiront à la manière de rendre les structures globales de l’Eglise plus « accueillantes ».

« Nous sommes nombreux à avoir pleuré lorsque nous avons entendu l’histoire de cette jeune femme qui s’est donnée la mort parce qu’elle était bisexuelle et ne se sentait pas accueillie. J’ai pleuré. J’espère que cela nous a changés », a proclamé le Dominicain, faisant semble-t-il référence à une session à huis clos qui s’est tenue avant le 13 octobre, date à laquelle on a appris de plusieurs délégués qui se sont exprimés auprès du quotidien catholique de gauche américain National Catholic Reporter, que la deuxième semaine de discussions avait été marquée par des échanges au sujet d’une attitude plus ouverte de l’Eglise aux catholiques « LGBTQ ». Ce jour-là, disaient-ils, certains ont même osé poser la question de savoir s’il est convenable d’utiliser cet acronyme.

 

Le P. Radcliffe, vieux routier de l’inclusion LGBT

Ces délégués restés anonymes en raison des ordres de confidentialité qui couvrent l’ensemble des échanges dans la salle Paul VI – hormis les propos introductifs des sessions comme ceux du père Radcliffe – ont malgré eux montré comment fonctionne la manipulation. Ils ont raconté que les intervenants d’Europe orientale, d’Afrique et d’Australie avaient à divers degrés exprimé leur scepticisme au sujet d’une « meilleure intégration » des catholiques LGBTQ. Aussitôt, on appela des personnes venues donner leurs témoignages personnels dans le sens de l’accueil – parmi lesquels, sans doute, la triste histoire de la jeune suicidée – doublés d’appels pressants afin que l’Eglise modifie son approche. Ces témoignages, s’il faut en croire les interlocuteurs du National Catholic Reporter, furent reçus par des salves d’applaudissements de la part des délégués.

Et c’est ainsi que les larmes de la pastorale ont disqualifié les rigueurs de la doctrine…

L’occasion était trop belle, Radcliffe s’en est ressaisi en répétant les mots du pape François à Lisbonne : « Il y a de la place pour tout le monde dans l’Eglise… Todos, todos, todos ! » Tous, tous, tous… C’est l’accueil inconditionnel, et non celui offert à tout pécheur qui veut sortir de son ornière. Radcliffe en a profité un peu plus tard pour parler du rôle des femmes dans l’Eglise : « Chaque personne baptisée est un prophète. Comment reconnaissons-nous et embrassons-nous le rôle de la prophétie dans l’Eglise aujourd’hui ? Et quid alors de la voix prophétique des femmes, souvent considérées encore aujourd’hui comme “des hôtes dans leur propre maison” ? »

 

A la retraite du Synode, Radcliffe dénonce l’Eglise qui « marginalise »

C’était aussi le P. Radcliffe qui avait prêché la petite retraite pré-synodale de trois jours qui a précédé l’ouverture du Synode début octobre. A cette occasion, il avait indiqué aux participants que les femmes opprimées par un patriarcat dirigé par « de vieux hommes blancs comme moi » doivent être placées « au centre » de l’Eglise.

« Il y a des gens qui pensent que l’Eglise est trop occidentale, trop latine, trop coloniale. Nous devons cheminer vers une Eglise où ils ne seront plus à la marge mais au centre », a-t-il lancé.

Il opposait ceux qui la définissent par « ses traditions et dévotions anciennes, son langage et ses structures hérités, l’Eglise que nous avons connue en grandissant et que nous aimons, et qui nous donne une claire identité chrétienne », à ceux qui ne la considèrent pas aujourd’hui comme un foyer sûr. « On la perçoit comme exclusive, comme marginalisant un grand nombre de personnes : les femmes, les divorcés remariés. Aux yeux de certains elle est trop occidentale, trop eurocentrique. »

Timothy Radcliffe a également fait référence au cours de la retraite aux propos de l’Instrumentum laboris sur les « gays » et les « personnes se trouvant dans un mariage polygame » : « Ils rêvent d’une Eglise renouvelée où ils se sentiront pleinement chez eux, reconnus, affirmés et en sécurité. »

Le poids des émotions et la peur d’être perçu comme capable d’« exclure » des personnes qui souffrent jouent ici à plein. Dans une assemblée catholique normalement constituée il se serait certainement trouvé quelqu’un pour protester bruyamment contre une telle instrumentalisation des sentiments. Là, rien. Le débat est pipé, la ligne de partage ne passe plus entre ceux qui proclament la foi et ceux qui la corrompent, mais entre les gentils et les méchants. Qui est prêt à assumer le rôle ?

 

Jeanne Smits