Le Liberland, ses 7 km², son demi-million de citoyens et sa crypto-monnaie, une version moderne du royaume d’Araucanie et de Patagonie ?

Liberland crypto monnaie
 
Avez-vous entendu parler de la République libre du Liberland, de sa crypto-monnaie Merit et de sa devise « Vivre et laisser vivre » ? Fondée par un économiste tchèque, elle existe – au moins sur le papier, ou en tout cas sur Internet – depuis sa proclamation le 13 avril 2015. Son fondateur, Vit Jedlicka, dit avoir d’abord essayé de réformer son pays, avant d’arriver à la conclusion qu’il serait plus simple de créer un nouveau pays libertarien à partir de rien. C’est dans ce but qu’il a « pris possession » d’un micro-territoire sur la rive droite du Danube entre la Serbie et la Croatie, profitant d’un différend frontalier entre les deux pays en vertu duquel chacun de ces pays considère ce territoire comme appartenant à l’autre.
 
En réalité, en raison des « persécutions » de la police croate, les colons liberlandais et leurs visiteurs en sont réduits à résider sur des bateaux, selon ce qu’en dit Jedlicka lui-même. Mais il ne se démonte pas pour autant, espérant une décision en la faveur des revendications liberlandaises de la part de la Cour constitutionnelle croate. Inspiré par l’économiste français Frédéric Bastiat, le Tchèque s’est fait élire président de sa république autoproclamée et il accepte les dons dans toutes les crypto-monnaies, y compris en Bitcoins. Il semblerait que les donations parviennent à financer ses voyages incessants pour rencontrer la centaine de représentants du Liberland dans le monde et nourrir sa famille. En cela, profitant des bienfaits de l’Internet, il semble mieux réussir que feu le roi d’Araucanie et de Patagonie, Orélie-Antoine Ier, qui s’était auto-proclamé au XIXe siècle roi d’un vaste royaume en tentant de se rallier des tribus indiennes du sud du Chili et de l’Argentine.
 

Quand le Telegraph compare la proclamation du Liberland à la création de la crypto-monnaie Bitcoin…

 
Comme le Français Orélie-Antoine de Tounens, dont l’écrivain Jean Raspail a si joliment conté l’histoire (Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie), avait eu maille à partir avec les autorités de ces deux pays, Vit Jedlicka et ses compatriotes liberlandais ont été arrêtés à plusieurs reprises. « Nous avons été inculpés pour avoir quitté illégalement la Croatie et l’espace Schengen », explique-t-il au Telegraph, « ce qui est une confirmation de fait que le Liberland ne fait pas partie de la Croatie ». Le Telegraph compare l’aventure du Liberland à celle du Bitcoin, mais il y a malgré tout une différence de taille entre créer une monnaie purement électronique – ou crypto-monnaie, virtuelle comme le sont après tout presque toutes les monnaies actuellement – et fonder un nouvel État, car les Etats n’ont rien de virtuel !
 
Mais la République libre du Liberland ne doute de rien et elle a même nommé son ambassadeur en France, un certain Pierre-Louis Boitel. A défaut d’avoir sa propre industrie, la jeune république a déjà sa propre marque de bière, la Liberbeer. De quoi tuer le temps sur les embarcations des Liberlandais amarrées sur ce bras du Danube entre la Croatie et la Serbie.
 

Olivier Bault