Les libertariens professent une hérésie du marxisme, affirme Henry Olsen : la fin des nations au profit de l’économie et du marché

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Intéressante analyse que celle d’Henry Olsen, auteur d’un livre sur le retour du « conservatisme à col bleu » incarné par Ronald Reagan, et aujourd’hui, sous des formes un peu différentes, par Donald Trump. Interrogé par une Rebecca Mansour dans l’émission Breitbart News Tonight sur Sirius XM, le politologue a mis en avant l’idée que les libertariens (ou approximativement libéraux en français) professent une « hérésie marxiste » : « Lorsque Marx dit que le capitaliste mercantilise tout, le libertarien répond : « Tu l’as dit, bouffi. » Pendant ce temps, on agit comme si le libertarisme et le conservatisme étaient « deux systèmes qui veulent aboutir au même résultat en empruntant des chemins différents », a-t-il ajouté, alors que le libertarisme accepte la soumission au tout-économique comme le prêche le marxisme. Pour lui, les choses sont claires : les Républicains « mainstream » aux Etats-Unis, plus proches des libertariens qu’on ne le croit, souscrivent en réalité à ce système négateur des nations et du rôle de « filet de protection » des gouvernements.
 
Leur internationalisme est partagé : Républicains libertariens (qui ne s’annoncent pas comme tels, puisque le petit parti libertarien américain, plafonnant à 5 % des voix, n’ont aucun espoir d’arriver aux affaires) et marxistes ont en commun le refus des frontières et celui des identités nationales. Olsen affirme, à propos de la gauche et de la droite actuelles aux Etats-Unis : « Essayez de trouver parmi eux quelqu’un qui ne considère pas les droits de douane comme une abomination. Je crois que cet accord fondamental quant à la nature internationale de l’économie semble faire de la politique, de la communauté, de la nation et, oserai-je le dire, de l’humanité, des affaires sans importance. »
 

Les libertariens pas si éloignés du marxisme : les deux ont le « no frontiers » pour horizon

 
Pour les deux interlocuteurs, les néo-conservateurs libéraux ne sont jamais que des représentants d’une gauche démocrate qui voulaient continuer de mettre en œuvre leur credo internationaliste en soumettant tout aux lois du marché et en réagissant aux options anti-israéliennes de leur camp, tout en favorisant l’abandon des Américains ordinaires au milieu la jungle du monde sans frontières.
 
Au fond, en effet, cela correspond bien à la démarche marxiste-léniniste qui ne s’intéresse pas à la moyenne des gens, instrumentalisant simplement leurs difficultés pour aboutir au résultat qu’elle vise : l’instauration de la Révolution mondiale. On comprend mieux à cette lumière à la fondamentale parenté entre le globalisme de gauche qui visé le socialisme mondial contre le bien, la liberté et la protection des personnes, et le libéralisme qui rejette l’idée que le gouvernement puisse devoir se préoccuper par subsidiarité des besoins que les individus, les familles, les entreprises… ne peuvent assurer, au profit d’un internationalisme tout aussi ravageur.
 

La fin des nations, un objectif à l’opposé des préoccupations des vrais « conservateurs » à la Donald Trump

 
Socialo-marxistes et libéraux ou libertariens comme préfèrent le dire les Américains, pour qui le mot « libéral » renvoie à une politique de gauche, en conçoivent une même haine de l’Etat-nation – à l’opposé pourtant la majorité des citoyens. Une aspiration bien comprise par Trump, selon Henry Olsen : « Je crois que Trump a su mettre le doigt dans le fait que les gens ordinaires n’y croient pas. Ils pensent qu’être Américain veut dire autre chose que de payer des impôts à Washington plutôt qu’à Ottawa. Cela signifie davantage que quelque chose de purement abstrait. Je crois que cela envoie quelque chose de très réel : que les Américains doivent d’abord s’occuper des Américains. »
 
Notant que les droits des Américains en Amérique ont été amoindris par la politique libre-échangiste mise en place aussi bien par la droite que par la gauche, il a ajouté que ces politiques se moquent bien de savoir que l’état des communautés et les attentes et les vies de ces gens ordinaires ont été bouleversés par leurs agissements.
 
Le résultat logique de cette perte de respect du réel et de ses exigences est de pousser ses victimes vers le camp socialiste et ses promesses : « Les gens ne vont pas voter pour ceux qui à l’évidence ne s’intéressent nullement à leurs propres vies. Tel est le problème central de la droite ; ce n’en fut jamais un pour Ronald Reagan, parce que Ronald Reagan a toujours eu le souci des gens ordinaires plutôt que celui des idées, même s’il aimait les idées et qu’il croyait aux principes plutôt qu’à l’idéologie. »
 

Henry Olsen montre la parenté entre les libertariens et les marxistes

 
Et de souligner que les libertariens ont souvent gagné aux Etats-Unis grâce à l’apport des conservateurs sur le plan sociétal dont ils ne partageaient nullement les préoccupations.
 
Peut-être faudrait-il déduire de tout cela que le mot « populisme » pour désigner un chef d’Etat comme Trump est – à dessein – mal choisi. Ses conceptions politiques relèvent davantage d’une vision conservatrice de la société, comme cela se voit notamment dans ses décisions très concrètes favorables au respect de la vie, en même temps qu’elles cherchent à se préoccuper de “l’Amérique d’abord”, au profit de ses propres citoyens protégés par un gouvernement soucieux des frontières et des besoins des plus faibles, sans outrepasser les droits des libertés individuelles. Cela n’a rien à voir avec la démagogie qui dans les esprits va de pair avec le populisme.
 

Jeanne Smits