Trois médias néerlandais poursuivent une agence de l’UE contre la désinformation pour avoir été épinglés pour “fake news”

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Le site néerlandais GeenStijl, The Post Online ainsi que le groupe de presse De Persgroep, propriétaire du quotidien régional De Gelderlander ont décidé de saisir la justice néerlandaise pour faire condamner l’agence EUvsDisinfo qui avait épinglé plusieurs de leurs informations comme relevant de la « désinformation ». Les médias poursuivent ce traqueur de « fake news » en réclamant que les articles les désignant soient enlevés du site sous astreinte de 20.000 euros par infraction si la rectification n’intervient pas. L’affaire sera plaidée le 14 mars à Amsterdam.
 
Indirectement, c’est la Commission européenne qui est ainsi visée, puisque le site euvsdisinfo.eu est une création de l’East Stratcom Taskforce, chargée de veiller sur les informations venues notamment de Russie, qui dépend du haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères, Federica Mogherini à travers le Service européen pour l’action extérieure.
 
Pour Geenstijl et The Post Online, le site EUvsDisinfo avait déjà consenti à modifier ces articles mais en limitant le rectificatif, de telle sorte que l’Union européenne continue de désigner officiellement ces sites comme diffuseurs de « fake news ».
 

Trois médias néerlandais se plaignent devant les tribunaux d’avoir été épinglés pour “fake news”

 
Il s’agissait notamment d’informations portant sur des échanges lors d’une réunion politique. Les avocats soulignent que les médias, et en l’occurrence The Post Online, « ont totale liberté » pour rendre compte de ce qui se passe dans une telle réunion : « L’UE semble toujours méconnaître ce point », ont-ils ajouté.
 
Pour ce qui est du Gelderlander, qui n’a rien d’une source d’informations alternative, puisque ce journal papier est distribué très largement dans la région centrale des Pays-Bas, la « désinformation » épinglée était constituée par la conférence de presse du constructeur des missiles Buk : le journal rapportait ses propos qui lui étaient clairement attribués, rien de plus.
 
Le journal de gauche néerlandais De Volkskrant s’étonne d’ailleurs de la désignation de ses confrères comme colporteurs de « fake news » par les « vérificateurs » de euvvdisinfo, soulignant que la plupart des informations visées étaient de simples « factuels ».
 

L’agence UE contre la désinformation russe fonctionne comme une source de “fake news”

 
L’East Stratcom Taskforce compte 14 fonctionnaires chargés de contrer la propagande pro-russe pour le compte de l’Union européenne. Que cette propagande existe véritablement ne paraît pas contestable à qui suit de manière habituelle les sources russes… qui agissent cependant à découvert en se présentant comme telles. Le fait de faire contrôler par une force étatique ces informations – vraies ou fausses – qui circulent est gênant en soi : cela crée un droit de regard sur toute presse d’opposition. Remède pire que le mal par les temps qui courent.
 
EU vs Disinfo est en outre alimenté par une équipe de quelque 400 bénévoles, représentant des ONG ou des think thanks, ou journalistes individuels. Leurs rapports sont repris sans jamais prendre contact avec les sources mises en cause et il ne semble pas que l’organisme mette en place une évaluation systématique des origines des supposées « désinformations » : ainsi l’information reprochée au seul Gelderlander avait-elle été simplement reprise sur l’Algemeen Dagblad qui n’a pas été mis en cause…
 
Les quatre informations dénoncées comme « fake news » avaient été signalées, dans le cas présent, par une ONG belge, Promote Ukraine.
 

Anne Dolhein