Comme il en va ailleurs en Europe, et en France en particulier, le thème des métiers en tension est le moyen choisi par la région Bruxelles Capitale pour accroître l’immigration, par le moyen de l’économie. Prenant prétexte qu’elles ne trouvent pas sur le marché de l’emploi local certains profils de métiers dits en tension, comme, là-bas, les chauffeurs routiers, le personnel infirmier ou les informaticiens, les entreprises bruxelloises, avec l’aide des politiciens locaux embauchent à l’étranger – hors UE, puisqu’il est entendu a priori que la même tension existe par toute l’Europe. Selon le ministre de l’emploi à Bruxelles, Bernard Clerfayt, « la migration économique existe depuis longtemps. Elle a pour but de permettre aux entreprises bruxelloises de développer leur activité en allant chercher à l’étranger un travailleur qui a les diplômes requis. Mais le texte actuel date des années 60 et 80 et méritait donc d’être modernisé », ce qu’il a fait par ordonnance.
Les « Cliniques d’Europe » ont décidé d’utiliser les nouveaux textes en recrutant infirmiers et infirmières au Liban, la formation académique locale permettant d’obtenir rapidement une équivalence de diplômes en Belgique. Comme toutes ces solutions de facilité, ce recours à l’immigration économique se traduit par le pillage des ressources humaines du pays d’origine, ici le Liban, qui a pourtant bien besoin d’infirmiers en ce moment. La seule solution viable est une meilleure formation des Belges pour se conformer aux besoins de l’économie. Sans doute l’immigration choisie est-elle un peu moins nocive que l’immigration subie, mais elle ne règle rien pour les immigrés déjà sur place.
Des membres de la Ligue des travailleuses domestiques et du Comité des travailleurs sans papiers de la CSC ont protesté contre cette ordonnance. Magali Verdi, animatrice au Mouvement Ouvrier Chrétien, regrette que l’ordonnance ne prévoie pas l’accès au permis unique pour les travailleurs sans papiers déjà présents à Bruxelles : « Aujourd’hui, ils sont obligés de faire la demande depuis le pays d’origine ce qui est, dans les faits, impossible pour la grande majorité. » Réponse du ministre Clerfayt : « Ces travailleurs n’ont pas les diplômes requis. Par ailleurs, ils n’ont pas de statut légal pour vivre sur le territoire. » Il semble que les choses soient plus claires en Belgique qu’en France. Il a cependant ajouté : « Leur régularisation est peut-être souhaitable mais c’est à l’Etat fédéral de le prévoir et au gouvernement Vivaldi en l’occurrence. » Là-bas aussi les ministres ont peur de leur ombre.