Aux termes d’une étude commandée par le Center for European Studies (CES), ce n’est pas d’abord la grande pauvreté qui pousse des populations d’Afrique subsaharienne à tenter de rejoindre l’Europe. Selon le Pr Joseph Teye, directeur du Center for Migration Studies, chargé de cette enquête, bien d’autres facteurs expliquent le flux de migrants clandestins qui se gonfle « de manière inquiétante ». Les conflits et les intempéries jouent également un rôle, assure-t-il.
Alors que le « stock » global de migrants est officiellement passé de 173 millions de personnes en 2000 à 247 millions en 2016, soit 3,3 % de la population mondiale, le volume africain reste difficile à évaluer faute de données fiables.
Les migrants clandestins d’Afrique ont souvent un emploi
Pour le Pr Ransford Gyampo, directeur du CES à l’université du Ghana, l’idée que la plupart des migrants clandestins d’Afrique sont à la recherche de moyens de subsistance « semble trop simpliste ». « Les preuves abondent pour dire qu’un nombre considérable de jeunes ayant un emploi rémunéré dans de nombreux pays africains préfèrent néanmoins abandonner leur travail chez eux pour rejoindre leurs homologues migrants africains en Europe », déclarait-il lors d’une série de conférences sur le thème qui s’est ouverte à Accra vendredi dernier.
Ce ne sont pas les plus pauvres…
Selon lui, la présence de près de 10 millions de migrants africains en Europe a un effet négatif sur la quête de développement des pays d’Afrique, y compris le Ghana : « De nombreux jeunes, et même des étudiants, ont toujours ce désir de migrer vers l’Europe après leur formation. » Et ce même s’ils ont de belles chances de réussite dans leur propre pays, le Ghana, après une formation qualifiante.
Le Pr Gyampo a ajouté que les nombreuses morts et autres accidents associés à la migration clandestine sont inutiles et constituent une dispersion dommageable de talents, de cerveaux et de ressources humaines dont souffrent les pays africains d’origine.