Le ministre danois de l’immigration veut empêcher les enfants d’immigrés de retourner au pays

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Inger Støjberg, ministre danois de l’immigration, se mobilise contre les voyages de « ré-acculturation » comment on les appelle au Danemark – les genopdragelsesrejser. Ils apportent selon elle la preuve que ces parents ne sont pas engagés vis-à-vis de leur pays d’accueil, « ni pour eux ni pour leurs enfants ».
 
Ces voyages, souvent de longue durée, vise à permettre aux enfants de connaître la langue de leur pays origine, leur culture et leur famille étendue, quand ce n’est pas dans l’objectif de résoudre des conflits, voire de subir un mariage forcé.
 
Souvent imposés contre la volonté de ces mineurs, ces voyages vont faire l’objet d’un rapport à la demande de Mme Støjberg, pour mieux en connaître la pratique depuis 2005. Le rapport devrait être rendu d’ici à 2018, et il devra notamment se pencher sur les conditions d’organisation de ses voyages afin de munir les autorités locales d’outils pour les éviter.
 

Inger Støjberg s’oppose aux voyages de « ré-acculturation » des enfants d’immigrés

 
D’ores et déjà, le ministre estime que ces voyages au pays ont une influence négative sur les progrès scolaires, les capacités linguistiques et les relations sociales au Danemark.
 
On comprend le point de vue d’Inger Støjberg mais il pose tout de même le problème des droits parentaux dans un pays où les enfants d’étrangers sont déjà théoriquement protégés par la loi contre les voyages décidés par leurs parents contre leur volonté. Et plus largement, cette affaire pose la question du déracinement.
 

Retour au pays : le ministre danois de l’immigration ne veut pas seulement empêcher les mariages forcés…

 
Le problème n’est pas en effet que des parents, fort légitimement – et mis à part les cas de mutilations génitales ou de mariages forcés – souhaitent que leurs enfants gardent des liens avec leur histoire et leurs racines familiales, mais que la culture de ces étrangers soit en si violent contraste avec celle du pays où ils ont décidé de faire leur vie. Et cela, c’est une question de politique d’immigration et de capacité d’assimilation.
 
Actuellement puni d’un maximum de deux ans de prison, le délit de voyage forcé fait également courir aux jeunes le risque de perdre leur permis de séjour s’ils passent plus de trois mois à l’étranger, ou si le voyage est jugé dommageable pour leur intégration au Danemark.
 
Les partis d’opposition – les sociaux-démocrates et les socialistes mais aussi le parti nationaliste danois – sont actuellement d’accord pour réclamer une nouvelle sanction, le retrait du permis de séjour pour les parents concernés. Si l’affaire venait devant le Parlement, les dits partis auraient à eux trois une majorité suffisante pour faire adopter la mesure.
 

Anne Dolhein