Nigel Farage soutient Marine Le Pen et annonce son élection au plus tard en 2022

Nigel Farage soutient Marine Le Pen élection 2022
 
Cette fois, Nigel Farage soutient Le Pen. Après des années passées au Parlement européen aux côtés de Jean-Marie Le Pen avec lequel il n’a jamais voulu faire alliance, le leader emblématique du parti pour l’indépendance britannique, l’UKIP, vient de signer une tribune dans le Daily Telegraph pour dire ouvertement son accord avec Marine Le Pen. Si elle n’est pas élue cette année à la présidence de la République française, elle sera au plus tard en 2022, promet-il. Il est vrai que cette tribune a été publiée avant le débat télévisé qui a opposé Marine Le Pen à Emmanuel Macron mercredi soir…
 
Ce qui est intéressant, c’est de regarder les raisons de ce revirement. Farage avoue qu’il a trouvé en Jean-Marie Le Pen un bon vivant, amateur de bonne chère et de bons vins, tout ce qu’il faut pour faire un excellent compagnon français. « A aucun moment je n’ai voulu que l’UKIP passe un accord avec le Front National français. Les racines du parti plongeaient profondément dans Vichy et je pensais que l’antisémitisme était inscrit de manière durable dans son ADN. Tout cela faisait que ce n’était pas là que l’UKIP devait se trouver. J’ai toujours vu Jean-Marie Le Pen comme un Chauvin des temps modernes », écrit-il.
 

Nigel Farage a changé d’avis vis-à-vis de Marine Le Pen

 
Pour lui le grand changement est venu de l’élection de Marine Le Pen à la présidence du Front National en 2011, contre le « négateur de l’Holocauste Bruno Gollnisch ». Où l’on retrouve la rhétorique la plus politiquement correcte contre le Front National, celle qui l’a empêché d’être aux affaires pendant des décennies.
 
« J’ai dit que Marine allait devoir faire beaucoup de modifications fondamentales si je devais jamais travailler avec elle. Ces dernières années, je l’ai observée, rencontrée bien souvent, et j’ai parlé avec elle. Je lui ai dit qu’elle devait complètement modifier et recréer l’image de son parti. Et bien, elle a fait de vrais changements, le plus important desquels aura été de se débarrasser de son propre père », écrit Farage, qui juge « monstrueux » le fait que l’on puisse juger Marine d’après l’image de Jean-Marie Le Pen.
 
Le leader britannique se demande même si Marine ne serait pas aujourd’hui en tête des sondages si son nom n’avait pas été Le Pen ( alors que la question inverse est tout aussi légitime : serait-elle au second tour de la présidentielle si elle n’était pas la fille de son père ?). « Rien de ce qu’elle a dit tout au long de cette campagne électorale n’est à mon avis déraisonnable ou extrême », affirme Farage qui la trouve plus « rationnelle » par rapport à l’islam que de nombreux partis eurosceptiques à travers le continent. « « Elle est une eurosceptique sincère, et sous sa gouverne, le FN est pour la souveraineté, et non pour la race. »
 

Marine Le Pen remportera l’élection au plus tard en 2022, selon Farage

 
Nigel Farage signe là le bilan d’une « dédiabolisation » programmée, lui qui peut se vanter d’avoir largement contribué à dédiaboliser l’idée du Brexit dans son propre pays. On voit qu’elle passe par le rejet de ce qu’était le Front national pendant de longues années, dans la réalité, mais aussi de ce qu’il n’était pas, ou alors seulement dans la tête de ses opposants prêts à tout pour le qualifier de « raciste », « extrémiste », « antisémite ».
 
Il se livre ensuite à une dénonciation de la marionnette Macron, taillée sur mesure pour représenter la classe politique française, et à d’amples louanges à l’égard de Marine Le Pen qui souhaite, à la manière de David Cameron, défendre la souveraineté française en négociant avec Bruxelles et en soumettant le fruit de cela à un référendum. « C’est la même tactique que celle utilisée par David Cameron, mais il y a une différence clef : sa négociation visait à maintenir la Grande-Bretagne au sein de l’Union européenne, alors qu’elle veut voir la France en sortir », affirme Nigel Farage.
 
Celui-ci se sent plus proche de Nicolas Dupont-Aignan et il se félicite de la récente alliance entre Marine Le Pen et ce dernier. Une victoire de Marine Le Pen, pense l’Anglais, faciliterait le Brexit tout en assurant la possibilité de fructueuses négociations bilatérales entre le Royaume-Uni et la France, en même temps qu’elle signerait le début de la fin de l’euro.
 
Nigel Farage offrant à une Le Pen ses lettres de correction politique : on aura décidément tout vu !
 

Anne Dolhein