DRAME/ACTION Nocturama ♠


 
Nocturama traite d’une nuit de terreur dans Paris, causée par une attaque terroriste. Ecrit et tourné avant de dramatiques événements récents, le film a reçu un nouveau nom, l’ironique titre initial Paris est une fête ne pouvant décidément plus passer. La sortie a été repoussée. Le film a quand même fini par être proposé sur les écrans, puisque contrairement au probablement médiocre Bastille Day, retiré des salles sitôt sorti en juillet dernier, il traite non pas du terrorisme islamiste, mais du terrorisme d’extrême-gauche.
 
Nocturama propose en effet un véritable sujet. Il existe toujours au moins une tentation terroriste à l’extrême-gauche. Le gouvernement socialiste actuel la néglige totalement. Il a été forcé de s’intéresser au danger islamiste et tient obstinément à en découvrir un autre, totalement imaginaire pourtant, à « l’extrême-droite », mais ne veut rien voir à l’extrême-gauche.
 
Une cellule terroriste d’une quinzaine de membres, de toutes couleurs et milieux sociaux, nullement surveillée en amont, ce qui est donc hélas parfaitement crédible, décide de frapper Paris une nuit de quatre attentats terroristes simultanés. Sont visés des symboles du capitalisme, comme une tour abritant une grande banque ou la Bourse – bâtiment historique pourtant exempt depuis des décennies de toute activité financière – du pouvoir politique comme le ministère de l’intérieur, ou du patriotisme comme la célèbre statue de sainte Jeanne d’Arc sise Place des Pyramides, à proximité du Louvre. Les vingt premières minutes intéressent. Le film peut être pris jusqu’à ce point pour un film d’action. Il faut seulement déplorer la nullité des effets spéciaux des explosions dont il est question : elles sont centrales dans l’intrigue, répétées de nombreuses fois dans le film, et très mal faites. Aujourd’hui, les moyens informatiques permettent même à petit budget de simuler des explosions un minimum réalistes, ce qui est loin d’être le cas pour trois sur quatre des explosions de Nocturama.
 

Nocturama : un ratage complet à fuir

 
Puis il ne se passe plus rien. Les terroristes, idée singulière, entrent par effraction dans un grand magasin fermé et y passent la nuit. Ils effectuent une interminable série de gamineries dans un temple de la consommation. Les anticapitalistes ne seraient que des frustrés ; la thèse est connue, un peu courte, et ne justifie pas 1H30 de n’importe quoi creux. La police ne fera preuve ni de discernement ni de finesse dans son intervention, sur ordre explicite d’un double de Manuel Valls, le ministre de l’intérieur en titre au moment de l’écriture du scénario. Le spectateur endormi depuis longtemps ne peut s’intéresser à ces règlements de comptes visibles au sein de la gauche française.
 
Le réalisateur de Nocturama a donc complètement saboté, et ce volontairement, une bonne idée de départ. Nous ne crierons pas au chef d’œuvre, comme tant de confrères officiels complaisants, mais au ratage complet, à fuir.
 

Hector JOVIEN

 
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