Le pape François plaide pour « l’accueil » des migrants lors de ses vœux au corps diplomatique

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Le pape François, entouré des représentants des 180 états avec lesquels le Vatican entretient des relations diplomatiques.

 
Dans ses vœux au corps diplomatique, lundi, le pape François a consacré la plus grande partie de sa longue allocution à la crise des migrants, « grave urgence » dont il a voulu « discerner les causes » tout en proposant des « solutions » qui à ses yeux passent par « l’accueil » de ces gens qui fuient la « violence », la guerre, la « misère extrême ». Il fait le parallèle avec l’Exode et la déportation à Babylone : « En vérité, toute la Bible nous raconte l’histoire d’une humanité en chemin, parce que le fait d’être en mouvement est connaturel à l’homme. » Tous migrants ?
 
L’image n’est pas fausse, mais elle passe sous silence ce qui fait la spécificité du récit des voyages du peuple hébreu contraints à l’exil ou luttant pour reprendre leurs terres : c’est celle de la défense farouche d’une foi, d’une identité, d’une entreprise marquée par l’homogénéité qui subsiste toujours d’une façon ou d’une autre dans les diasporas juives d’aujourd’hui, celle d’un retour aux sources. Elle passe aussi sous silence les bienfaits de l’enracinement, la « nation » que Jean-Paul II invitait les peuples à protéger : « comme la prunelle de vos yeux, pour l’avenir de la famille humaine ».
 

Le pape François voit en chaque homme un migrant potentiel à accueillir

 
Alors oui, le pape entend « le cri de tous ceux qui sont contraints de fuir pour éviter les barbaries indicibles pratiquées envers des personnes sans défense, comme les enfants et les personnes handicapées, ou le martyre pour la seule appartenance religieuse. »
 
Et oui encore, il a des mots particuliers pour les peuples chrétiens d’Orient : « Comme alors, aujourd’hui aussi on entend l’Ange répéter : “Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse” (Mt 2, 13). C’est la voix qu’entendent les nombreux migrants qui ne laisseraient jamais leur propre pays s’ils n’y étaient pas contraints. Parmi eux, il y a de nombreux chrétiens qui d’une façon toujours plus massive ont abandonné au cours des dernières années leurs terres, qu’ils ont pourtant habitées depuis les origines du christianisme… »
 
Et d’évoquer la « plainte de tous ceux qui retourneraient volontiers dans leurs propres pays, s’ils y trouvaient des conditions idoines de sécurité et de subsistance. » « Là aussi, ma pensée va aux chrétiens au Moyen-Orient, désireux de contribuer, comme citoyens à part entière, au bien-être spirituel et matériel de leurs nations respectives », dit François.
 
Mais lorsqu’il énumère les « causes » de ces déplacements de populations, il dénonce le « commerce des armes », le « problème de l’approvisionnement de matières premières et d’énergie », les « investissements », les « politiques financières » et le « soutien au développement », et « la grave plaie de la corruption ». Il convient certes d’« aider l’intégration des migrants dans les pays d’accueil », mais aussi de « favoriser le développement des pays de provenance par des politiques solidaires (…) qui ne soumettent pas les aides à des stratégies et à des pratiques idéologiquement étrangères ou contraires aux cultures des peuples auxquels elles s’adressent ».
 

Lors des vœux au corps diplomatique, le pape a plaidé pour « l’esprit humaniste »

 
Parce qu’il y a des « idéologies » qu’il faudrait respecter ? Ce sont les réalités qui se déclinent de manière différentes selon les cultures… respectueuses ou non de la vérité de l’homme qui ne s’accomplit que dans le respect de la loi naturelle. Mais on comprend bien ce que suggère le pape : l’imposition des pratiques contraceptives, voire abortives, et celle de l’idéologie du genre sont implicitement visées.
 
En revanche la réalité de l’islam radical et son rôle dans les migrations vers l’Europe, notamment, avec ce double mouvement de fuite de la société totalitaire conforme à l’Etat islamique et d’installation délibérée de l’islam dans les terres de vieille chrétienté, n’est pas nommée, ni explicitement ni implicitement. Les « causes » des migrations sont de manière générale imputées aux nations riches, c’est-à-dire à l’Occident. C’est donc à l’Occident de payer…
 
Se penchant plus précisément sur l’Europe, le pape François ne tait pas les problèmes : « Devant l’importance des flux et les inévitables problèmes connexes, de nombreuses questions ont surgi sur les possibilités réelles de réception et d’adaptation des personnes, sur la modification de la structure culturelle et sociale des pays d’accueil, comme aussi sur le remodelage de certains équilibres géopolitiques régionaux. De même, les craintes concernant la sécurité sont importantes, considérablement augmentées par la menace déferlante du terrorisme international. »
 

Les migrants victimes de maux répandus par l’Occident ?

 
Mais c’est pour déplorer avant tout le fait que « la vague migratoire actuelle semble miner les bases de cet “esprit humaniste” que l’Europe aime et défend depuis toujours »… Un « humanisme » qui reconnaît la valeur de chaque homme en tant qu’image de Dieu ? La compassion et la bienveillance chrétiennes n’ont pourtant pas empêché l’Europe de jadis de se défendre face aux agresseurs – Benoît XVI n’a-t-il pas, avant d’être élevé à la papauté, montré que l’Europe en tant qu’entité s’est construite et définie, à la fois géographiquement et historiquement, dans sa lutte contre l’islam ?
 
Ou bien l’humanisme tel que le théorisent les idéologies antichrétiennes, maçonniques, qui opposent l’homme à Dieu ?
 
En appeler à la sauvegarde des « valeurs » et des « principes d’humanité », c’est en effet de la responsabilité du pape qui reconnaît qu’ils « puissent, à certains moments de l’histoire, constituer un fardeau difficile à porter ». C’est somme toute une manière de reconnaître les biens propres à la civilisation chrétienne… Mais comme souvent par les temps qui courent, tout cela est ensuite noyé dans un discours politiquement correct qui prône l’ouverture dans une manière d’utopie qu’il faudra payer cher. En invitant en particulier le peuple italien à « être capable d’accueillir et d’intégrer l’apport social, économique et culturel que les migrants peuvent offrir » le pape est pour le moins en décalage avec la réalité. C’est le propre de l’idéologie, justement.
 

Le mondialisme pour « aider » les nations face aux migrants

 
Les solutions qu’il propose font partie de cette même idéologie du brassage culturel sous la conduite du mondialisme culturel, économique et politique.
 
« Dans la conjoncture actuelle, on ne peut pas penser, en effet, des solutions poursuivies de façon individualiste par chaque État, car les conséquences des choix de chacun retombent inévitablement sur la Communauté internationale tout entière. Il est connu, en effet, que les migrations constitueront un élément fondamental de l’avenir du monde, plus qu’elles ne l’ont fait jusqu’à présent, et que les réponses pourront être seulement le fruit d’un travail commun, qui soit respectueux de la dignité humaine et des droits des personnes », a proclamé le pape.
 
Il s’est aligné sans critique sur les Objectifs du développement de l’ONU, dont on sait la convergence en vue d’un socialisme mondial : « L’Agenda de Développement adopté en septembre dernier par les Nations Unies pour les 15 prochaines années, qui affronte beaucoup des problèmes qui poussent à la migration, comme aussi d’autres documents de la Communauté internationale pour gérer la question migratoire, pourront trouver une application cohérente aux attentes s’ils savent remettre la personne au centre des décisions politiques à tous les niveaux, voyant l’humanité comme une seule famille et les hommes comme des frères, dans le respect des différences réciproques et des convictions de conscience. »
 
Sans surprise, le pape François cite le « dialogue interreligieux » et l’« œcuménisme » comme moyens pour favoriser la « cohabitation harmonieuse » – tout en reconnaissant le « vide d’idéaux » et la « perte d’identité, aussi religieuse – que connaît dramatiquement l’Occident ». Tant il est vrai qu’il juxtapose souvent les observations justes et les idées dans le vent.
 
Si ce néant se met à dialoguer avec l’islam – jamais nommé – il n’est pas difficile de prévoir l’issue.
 

Anne Dolhein