Le pape François aux Etats-Unis : libres propos aux familles

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On parlera encore beaucoup de la visite du pape François aux Etats-Unis, et de son discours à l’ONU, beaucoup ont retenu son insistance sur la loi naturelle. Il faudra y revenir. Mais à quelques jours de l’ouverture du synode sur la famille, ce sont les propos du pape aux familles qui ont d’abord retenu l’attention. On s’attendait à ce qu’il parlât de la situation dramatique où se trouve la famille dans tant de familles du monde : le nombre de divorces et de naissances hors mariage a atteint des proportions inédites, avec toutes les misères et les souffrances que cela entraîne. Le pape ne l’a guère évoqué, préférant prêcher comme en paroisse les petites choses qui font « fonctionner » les familles. Il a surtout invité les milliers de familles présentes à ne pas se renfermer dans leurs certitudes. La presse de gauche y a vu une manière de tancer les conservateurs.
 
Sourires et repas chauds, gestes familiers, la bénédiction avant d’aller au lit ; tous ces « petits signes de tendresse, d’affection et de compassion » qui sont « comme des signes » de la propre vie de Jésus… « Jésus sait que quand il s’agit des enfants, nous sommes d’une générosité sans bornes », a souligné le pape lors de la Rencontre mondiale des familles. C’est ainsi que le Père nous aime…
 

Le pape François veut faire aimer la famille

 
On aimerait croire à ce joli tableau. D’autant qu’il s’agit là de la réalité la plus profonde qui soit.
 
Mais notre monde rejette l’enfant, il souille l’enfance ; il a érigé en culture commune et partagée la « culture de mort » qui fait de l’enfant un objet de consommation que l’on rêve, que l’on désire ou que l’on rejette – et qu’on met en balance avec d’autres biens de consommation. Suffit-il donc de l’oublier ?
 
S’il y a un « changement anthropologique » en cours, c’est bien celui-là, qui va de pair avec la technicisation de nos vies. L’homme rejette aussi bien la fidélité que le don de la vie.
 
La réponse apportée par le pape François passe par l’écologie. « Alors, nous pourrions nous demander : comment essayons-nous de vivre de cette manière dans nos maisons, dans nos sociétés ? Quel genre de monde voulons-nous laisser à nos enfants (cf. Laudato Si’, n. 160) ? Nous ne pouvons pas répondre à ces questions seuls, par nous-mêmes. C’est l’Esprit qui nous lance le défi de répondre en tant que membres de cette grande famille humaine. Notre maison commune ne peut plus tolérer des divisions stériles. Le défi urgent de sauvegarde de notre maison inclut l’effort de réunir la famille humaine tout entière dans la recherche d’un développement intégral et durable, car nous savons que les choses peuvent changer (cf. Ibid, n. 13). »
 
Devant les familles réunies à Philadelphie, le pape a prêché l’« ouverture », dénoncé le « scandale » comme refus de la « liberté de Dieu de faire tomber la pluie sur les justes et les injustes », de semer le bien en «  contournant la bureaucratie, les cercles administratifs et restreints ». C’est une nouvelle définition du scandale : scandaliser les petits, c’est les pousser au mal ! C’est les inciter à perdre leur âme !
 
Cette lecture surprenante que le pape reprend – « Pour Jésus, le vrai scandale “intolérable” consiste en tout ce qui rompt et détruit notre confiance dans l’œuvre de l’Esprit » – l’amène à une conclusion qui semble dénoncer les familles croyantes et les appelle à « partager la prophétie de l’alliance entre l’homme et de la femme, qui donne vie et révèle Dieu » :
 
« Quiconque veut fonder dans ce monde une famille qui enseigne aux enfants à être enthousiasmés par chaque geste visant à vaincre le mal – une famille qui montre que l’Esprit est vivant et à l’œuvre –  trouvera notre gratitude et notre appréciation. Quels que soient la famille, le peuple, la région ou la religion auxquels il appartient. »
 

Le pape aux Etats-Unis : libres propos et critique discrète des conservateurs

 
Les chrétiens peuvent le comprendre : la famille est un bien naturel, la bénédiction du mariage de l’homme et de la femme, donnée à l’origine, n’a jamais été retirée. Mais les médias y ont vu, comme ils ont vu dans l’absence de toute référence aux maux qui détruisent aujourd’hui la famille de l’intérieur, une manière de rendre les familles « nerveuses ». Une manière de contrer la « manière stridente, inefficace des évêques américains et des provie de la droite dure » de mener campagne contre l’avortement et la contraception, dit The Guardian.
 
La veille, pourtant, parlant librement aux familles, loin de son propos écrit, il a encouragé à admirer l’œuvre de Dieu, à s’émerveiller de l’amour qu’Il nous donne et qui a comme « débordé » dans la Création, avec ce qu’Il nous a alors donné de mieux, la famille.
 
Les hommes d’aujourd’hui ont certainement besoin de l’entendre, de le réentendre.
 
Mais si on en est là, c’est que trop de jeunes n’ont jamais appris la valeur de l’engagement, le sens vivifiant de la loi de Dieu.
 

Anne Dolhein