Un proche conseiller du pape traite de « nouveaux pharisiens » les auteurs des « Dubia »

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Le cardinal Óscar Rodríguez Maradiaga (au centre)

 
Sept mois, maintenant, que les « Dubia » ont été envoyées au pape, et l’affaire est loin d’être terminée. Dans une récente interview, le cardinal Óscar Rodríguez Maradiaga, proche conseiller de François, n’a pas hésité à traiter les quatre cardinaux de « nouveaux pharisiens », avec une violence rare – une insulte qui rappelle celles du Père Antonio Spadaro en novembre dernier.
 
Geste éminemment symbolique dans la mesure où Mgr Maradiaga est éminemment progressiste…
 

Une attaque à main armée

 
L’épisode a été signalé par plusieurs organes de presse catholiques dont Infovaticana et Chiesa e postconsilio, le site catholique conservateur Onepeterfive.com en propose une traduction anglaise.
 
Lors d’une interview pour la radio-télévision suisse italienne RSI, le 25 mars dernier, le coordinateur du C9 (le conseil de neuf cardinaux dont le pape François s’est entouré pour conduire la réforme de la Curie) s’est longuement étendu sur les cardinaux frondeurs – et sans prendre de gants.
 
On peut même parler d’irrespect et d’hostilité marquée.
 
« Je pense, en premier lieu, qu’ils n’ont pas lu Amoris Laetitia, car, malheureusement, c’est le cas ! a dit le cardinal Óscar Rodríguez Maradiaga. Ils devraient faire autre chose ». « Autre chose » de leur temps libre, de leur retraite… ?! On verra si Mgr Maradiaga, 74 ans, qui est à moins d’un an de l’âge de la retraite officielle, cesse du jour au lendemain de les tancer…
 

« Ils devraient faire autre chose »

 
« Autre chose » comme quoi alors ? Comme dénoncer les fabricants d’armes, assène le cardinal ! « Pourquoi n’ont-ils rien dit de ceux qui fabriquent et vendent des armes? (…) Seul Dieu connaît les consciences et les motivations intérieures des gens, mais de l’extérieur il me semble que c’est un nouveau pharisaïsme ».
 
« La voiture de l’Église n’a pas d’engrenage pour aller en sens inverse, a poursuivi Mgr Maradiaga. Elle va de l’avant, car le Saint-Esprit n’est pas habitué à reculer (…) et c’est le Saint-Esprit qui guide l’Église » Toujours avancer comme la Révolution ?
 
Le coup final : les cardinaux « pensent qu’ils sont les maîtres de la doctrine de la foi. Ils ne regardent pas la très grande majorité des fidèles qui sont heureux avec Amoris Laetitia ».
 

Les nouveaux pharisiens

 
Mgr Maradiaga n’y est pas allé de main morte. La journaliste Maike Hickson de Onepeterfive, remarque que même le journaliste italien Marco Tosatti, pourtant réputé doux et modéré, a parlé d’une « attaque » menée avec une grande violence.
 
Les « nouveaux pharisiens »… L’attaque suprême pour ces cardinaux désireux de remettre à plat, pour de bon, une doctrine qu’on effiloche, qu’on étire et qu’on froisse jusqu’aux extrémités souhaitées. Ce sont eux les hypocrites, les faux dévots, les faux intègres, les arrogants, les insolents, ceux dont la superbe fausse toute la portée du geste…
 
On a trouvé les pharisiens des temps modernes, ceux qui s’attachent à la lettre de la doctrine, quand les promoteurs d’Amoris Laetitia affirment en avoir dévoiler l’esprit ! Quel retournement ironique.
 
Loin de l’esprit de la doctrine, c’est d’esprit éminemment progressiste et relativiste dont il est question. « Ils ne regardent pas la très grande majorité des fidèles qui sont heureux avec Amoris Laetitia » : on adapte la doctrine à la réalité du monde. On avance, on avance, on avance, c’est une évidence…
 

« L’alliance impie de Soros et du Vatican » via Maradiaga (Elizabeth Yore)

 
L’intervention du cardinal Maradiaga n’étonne guère et souligne encore les ombres néfastes qui entourent les fruits du Synode sur la famille. Largement influencé par la théologie de la libération dont il n’hésite pas à parler, il est aujourd’hui un vecteur choisi pour imposer au Vatican le calendrier d’officines pas vraiment catholiques.
 
Comme le rappelle Life Site News, c’est lui qui fut entrepris à l’été 2015 par la « Fondation Open Society » de Georges Soros via les groupes de gauche « PICO » et « Faith in Public Life », pour tenter d’influencer la venue du pape François en septembre 2015 aux Etats-Unis (le faire parler d’injustice sociale et raciale plutôt que d’avortement…).
 
Le cardinal hondurien a d’ailleurs été le président de « Caritas Internationalis » pendant huit ans, jusqu’en 2015, une confédération sensée représenter « la mission sociale et les valeurs clés de l’Église catholique », mais qui n’hésite pas à participer au Forum Social Mondial qui promeut un calendrier parfaitement marxisant (revendications LGBT, libéralisation universelle de l’avortement, etc…)
 

Le pape n’a toujours répondu aux Dubia

 
Mgr Maradiaga illustre parfaitement le mondialisme à la sauce pseudo catholique, dans lequel les questions sociétales semblent l’emporter sur les questions morales, dans lequel ce qu’on invoque comme la « pastorale » prend le pas sur la doctrine. Ce qui rejoint les mots du professeur Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana : « L’opposition morale entre le bien et le mal est remplacée par l’opposition sociologique entre richesse et la pauvreté »
 
Lors d’une conférence, le 20 janvier 2015, le cardinal hondurien avait déclaré que « nous nous dirigeons vers une « rénovation profonde et mondiale » de l’Eglise. Et dans cette « rénovation » dont il est fort à craindre qu’elle soit révolutionnaire, Amoris Laetitia a un grand rôle à jouer – tous les moyens sont donc bons pour la défendre.
 
C’est la raison pour laquelle le cardinal Raymond Leo Burke, dans un long entretien concédé à InfoVaticana il y a quinze jours, a réitéré l’insistance des Dubia et la potentialité d’une correction publique formelle au Pape François.
 

Clémentine Jallais