Pegida en crise

Pegida crise
 
Après le départ forcé de son fondateur Lutz Bachmann pour avoir publié une photo de lui déguise en Hitler, le mouvement anti-islamisation Pegida connaît une nouvelle étape de crise avec l’annonce, mercredi dernier, de la démission de son porte-parole, Katrin Oertel, et de cinq autres membres appartenant à la direction du mouvement. Dans la foulée, la manifestation prévue lundi prochain à Dresde a été annulée.
 
Selon la version officielle, Katrin Oertel a démissionné en raison de pressions exercées sur elle, de menaces dont elle ferait l’objet (et jusque la nuit devant sa maison), et d’une « hostilité massive ». Mais certains autres démissionnaires avancent des raisons différentes. Parmi lesquelles notamment, la volonté de Lutz Bachmann, bien que retiré de la direction du mouvement, de continuer à jouer un rôle dans l’organisation.
 
Mais surtout, la multiplication des divisions au sein du tout jeune mouvement manifeste la difficulté de Pegida à se structurer à l’heure où, à Leipzig, un autre mouvement, Legida, plus ou moins issu de son organisation, affiche des positions plus radicales encore.
 
Il y a sans doute plus d’interrogations encore à se p ser sur la situation réelle de Pegida que de fantasmer sur son rêve pan-européen ; ou sur les bagarres violentes avec ses opposants qui accompagnent ses manifestations. On peut se demander, en effet, quel charisme l’ancien cuisinier Lutz Bachmann possède pour ainsi motiver les foules. Actuellement en liberté conditionnelle, l’homme doit repasser devant la justice en mars pour répondre d’une vie agitée : plus d’une quinzaine de cambriolages, possession de cocaïne, etc.
 
Au moment où, en réponse à la formule d’Angela Merkel sur l’islam qui appartient à l’Allemagne, 18% des Allemands affirment éprouver un malaise vis-à-vis de la religion musulmane, il peut sembler pour le moins étrange que les autorités judiciaires allemandes aient laissé un repris de justice enflammer une partie de la population. A moins qu’il ne leur ait semblé plus simple de pouvoir ainsi contrôler un sentiment trop diffus pour être surveillé…