Près de 1.000 personnes représentant un risque pour la sécurité ont été refoulées alors qu’elles souhaitaient entrer en France depuis la restauration des contrôles aux frontières françaises à la suite des attentats du 13 novembre. L’annonce en a été faite par le ministre de l’Intérieur, qui s’est félicité, face aux critiques, de l’action du gouvernement.
Bernard Cazeneuve, qui visitait samedi le marché de Noël de Strasbourg, a profité de la circonstance pour vérifier le dispositif de contrôle de la frontière par les polices françaises et allemandes. En la circonstance, il a rejeté les diverses « polémiques » par lesquelles a été dénoncée, ces derniers temps, l’inaction gouvernementale sur le chapitre si sensible de la sécurité : « Toutes les dispositions ont été prises et toutes les mesures ont été appliquées y compris sur les sujets sur lesquels au cours des années précédentes, peu de choses avaient été faites. »
1.000 personnes empêchées d’entrer sur le sol français
« Depuis la mise en place des contrôles aux frontières, ce sont près de 1.000 personnes qui ont été empêchées d’entrer sur le territoire national en raison du risque que ces personnes pouvaient représenter », a déclaré le ministre
Une assertion dont Bernard Cazeneuve n’a manifestement pas mesuré qu’elle était à double tranchant. D’abord, parce que cela ne dit rien de ceux qui ont tout de même réussi à passer, ni de ceux qui sont passés antérieurement aux nouvelles dispositions. Ensuite, parce que cette affirmation condamne définitivement la suppression habituelle de nos frontières, et l’esprit Schengen. En effet, ces personnes soupçonnées dangereuses étaient déjà arrivées dans l’un ou l’autre pays de l’Union européenne, et, sans la suspension actuelle des mesures de l’espace Schengen, elles se trouveraient effectivement sur le sol français.
Il ne suffit pas d’interdire ponctuellement le territoire de la France
Bernard Cazeneuve n’en a pas moins continué son propos pour souligner que, dans le même temps, près de 2.000 perquisitions administratives ont été menées, 212 personnes placées en gardes à vue, 318 armes – dont 31 armes de guerre – saisies et 312 individus assignés à résidence. Par ailleurs, 90 sites et 115 adresses internet ont été bloqués, et 205 interdictions de sorties du territoire et 75 interdictions d’entrée ont été prononcées.
Une fois encore, ces faits manifestent, mieux que de longs discours, combien l’espace Schengen – et donc la politique européenne – est responsable de cette tragédie.
Comme le soulignait la semaine dernière le premier ministre néerlandais Mark Rutte : « L’Empire romain nous l’a montré et nous le savons tous, les grands empires s’écroulent si les frontières ne sont pas bien protégées. »