Philip Nitschke lance une campagne pour l’euthanasie sans conditions

Philip Nitschke campagne euthanasie sans conditions
Philip Nitschke

 
C’est l’aboutissement logique d’une tendance née avec le nouveau siècle : celle de la légalisation de l’euthanasie. Jusqu’ici, tous les pays qui ont fait le pas ont soumis l’accès à la « mort choisie » à des conditions strictes au départ, et qu’on a vu s’élargir au cours des ans. Désormais, le militant pro-euthanasie Philip Nitschke, fondateur de l’association Exit International, active dans le monde entier, ne se cache plus : il vient de lancer « Exit Action », pour faire campagne dans le monde entier pour l’euthanasie sans conditions ni restrictions, fondée uniquement sur le libre choix des candidats à la mort dite « douce ».
 
Exit Action adoptera une « position pro-euthanasie militante » en vue de coordonner les stratégies d’action agressives visant à imposer les changements législatifs. Il s’agit d’aller plus loin encore que ne le fait la « maison mère », Exit International, qui organise déjà des ateliers d’informations et distribue des informations pratiques sur la manière d’obtenir des drogues euthanasiques.
 

Philip Nitschke, militant d’un droit absolu à l’euthanasie

 
Avec le nouveau dispositif, Philip Nitschke veut faire admettre que l’euthanasie ne soit plus réservée aux malades en phase terminale ou souffrant atrocement. « Exit Action est critique à l’égard du “modèle médical” qui voit l’euthanasie volontaire comme un privilège concédé aux très malades par la profession médicale », a fait savoir la nouvelle organisation.
 
« Exit Action estime qu’une mort paisible, et l’accès aux meilleurs drogues euthanasiques, constitue un droit pour tout patient capable d’exprimer sa volonté, indépendamment de la maladie ou d’une permission concédée par les professionnels de la médecine », précise-t-elle.
 
C’est la raison pour laquelle les membres d’Exit Action, comme l’a indiqué Nitschke, vont sans doute mettre en ligne un « club d’acheteurs » de drogues euthanasiques quelle que soit la législation de leurs pays d’origine.
 

“Exit Action” : une campagne pour l’euthanasie sans conditions

 
Une telle initiative constituerait un pas de plus dans la transgression délibérée de la loi – et du cinquième commandement – selon une logique qui a toujours été celle d’Exit International, qui a fait l’objet de nombreuses enquêtes et perquisitions dans le pays d’où Nitschke et son association sont originaires : l’Australie. Pays qui vient de rejeter une proposition de légalisation de l’euthanasie. Nitschke lui-même a été rayé de l’Ordre des médecins en Australie et il vit désormais aux Pays-Bas, pays aujourd’hui le plus laxiste en matière d’euthanasie et de suicide assisté.
 
Il en va pour l’euthanasie comme de l’avortement : on met d’abord en avant des cas limites, puis peu à peu, ce qui était présenté comme une exception devient de plus en plus accessible pour des motifs de plus en plus ténus : pour l’avortement, on est arrivé en France au stade où il est qualifié de « droit fondamental », tandis qu’au Royaume-Uni la pression se fait forte pour qu’il ne soit plus considéré comme un cas à part, mais comme une procédure médicale aussi banale que n’importe quelle autre.
 

Philip Nitschke dénonce le militantisme des « cas limites »

 
« L’approche générale, pendant des années, a été d’obtenir que des gens très malades racontent leurs souffrances au public et aux responsables politiques, dans l’espoir que ces derniers puissent avoir pitié et changent la loi », explique Philip Nitschke. Il veut explicitement en finir avec cela pour que la mort choisie devienne un droit comme un autre pour tout adulte « compétent ».
 
Cet état d’esprit gagne déjà les Pays-Bas où l’idée de l’euthanasie pour ceux qui sont « fatigués de vivre » a fait suffisamment de chemin pour qu’elle fasse l’objet depuis quelques mois d’un projet de loi ministériel, fût-ce avec de soi-disant garde-fous comme le double accord médical et l’enquête pour vérifier que le moriturus ne soit pas l’objet de pressions familiales visant à hâter son départ.
 
L’accès généralisé à l’euthanasie réclamé par Philip Nitschke, s’il repose sur l’idée que chacun doit pouvoir disposer chez soi d’une dose létale ou puisse l’obtenir aisément, va certes encore plus loin. Mais quoi qu’il en soit, on s’oriente vers des lois qui garantiront le droit à l’euthanasie, avec à la clef, dans un avenir qu’il faut espérer point trop proche, le rejet des objections de conscience des médecins qui ne veulent pas devenir des tueurs.
 

Anne Dolhein