La politique migratoire européenne se fera malgré l’opinion publique… mais devant l’invasion, le consensus médiatique s’enraye

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Le énième sommet européen sur la crise migratoire, convoqué dimanche à Bruxelles, a tenté de calmer les velléités grandissantes des pays de l’Est. La Slovaquie, la Bulgarie, la Serbie, la Roumanie ont menacé de fermer leurs frontières, avertissant qu’elles ne laisseraient pas la région des Balkans devenir une « zone tampon ». Une fois de plus, l’Europe veut « répartir la tension »… pour mieux faire avaler la couleuvre et faire surtout croire à sa bonne volonté. Mais le discours est déjà trop entendu. Les voix qui dénoncent cette politique-invasion migratoire se font de moins en moins voilées. Jusqu’où pourra tenir le consensus médiatique face au rouleau compresseur politique ?
 

La situation empire, mais la politique migratoire européenne doit advenir

 
L’approche de l’hiver n’a rien enrayé, bien au contraire. Devant la fermeture des frontières hongroises, un nouveau passage a été trouvé, entre la Serbie et la Croatie. Des tonnes d’ordures jonchent le sol, la colonne de migrants avance parmi les champs – ces derniers jours, environ 10.000 sont passés quotidiennement par Berkasovo, en Slovénie.
 
À Calais, le camp de migrants est proche de l’explosion. On dénombre aujourd’hui 6.000 personnes et 500 nouveaux arrivants chaque semaine – la situation sanitaire n’est plus tenable.
 
Qu’importe, cette politique doit passer – dimanche, Jean-Claude Juncker a encore félicité Angela Merkel pour ses efforts dans la crise des réfugiés, malgré « l’opinion publique ».
 
En témoigne, à leur échelle, les efforts des géants du Web. Google vient de mettre en place, « Crisis Info Hub », une application destinée aux migrants en Grèce, qui leur donne des informations sur les lieux d’arrivée et la suite de leur pérégrination : procédures d’enregistrement, hébergements, transports, hôpitaux. Il est possible de choisir entre cinq langues: l’anglais, le grec, l’arabe ainsi que le persan et le pachtou, toutes deux parlées en Afghanistan…
 
Une initiative qui fait écho à son appel aux dons de la mi-septembre, en faveur des migrants – Google avait même promis de doubler le montant de chaque donation dans la « limite » de 5 millions d’euros.
 

Des voix pour le dire

 
Pourtant, de plus en plus, des voix s’élèvent pour dénoncer le danger grandissant. La question est de savoir si le consensus médiatique pourra toutes les stigmatiser, comme il a stigmatisé celle du décidé Viktor Orban, en Hongrie…
 
Qui a redit, il y a une semaine, devant le congrès du Parti populaire européen (PPE), groupe majoritaire au Parlement européen, le danger de ce « processus incontrôlé et non réglementé » qui mettait en péril « les racines chrétiennes et toutes les valeurs qui sont à la base de la civilisation de l’Europe ». Aujourd’hui, on n’a plus « le droit d’émettre le moindre doute » sur la possibilité d’une société multiculturelle : pourtant, de façon certaine, « spirituellement, l’islam n’appartient pas à l’Europe ».
 

« Une invasion de hordes prédatrices »…

 
Son discours rencontre des échos de plus en plus distincts, alors même que les accords européens de dimanche se rapprochent de sa politique migratoire vilipendée. En Allemagne, c’est un pasteur de l’Église évangélique libre à Riedlingen, dans le sud-ouest, qui a fait le « buzz » en évoquant « une invasion illégale, parfois même violente » de « hordes prédatrices », à même de créer toutes les conditions d’une « guerre civile »…
 
« Jésus n’a certainement pas dit que nous devrions laisser notre pays être pillé par des hordes d’envahisseurs prédateurs ». Pire : le pasteur a été jusqu’à dire que ces conditions de guerre civile étaient pour Angela Merkel, un outil de « contrôle de la population » allemande !
 
C’est sans doute la raison majeure de la réprobation qui l’a sitôt entouré, du maire de la commune à la Fédération des Églises évangéliques libres… Mais cette « position extrême », comme elle a été qualifiée, n’est-elle pas davantage le signe d’un autre consensus, populaire, dont il faudrait tenir compte ? Le Cardinal Antonio Cañizares, archevêque de Valence, avait lui aussi vu, il y a quelques semaines, dans cette invasion, un potentiel dangereux « cheval de Troie »…
 

Le consensus médiatique enrayé

 
Au Telegraph, le journaliste britannique Philip Johnston est revenu sur « la naïveté stupéfiante » d’Angela Merkel qui invitait à tout crin les migrants alors que rien, en Europe, n’était préparé pour ce déferlement.
 
« Dans ce contexte qui ne peut que s’assombrir, la Grande-Bretagne doit décider au cours des deux prochaines années de son maintien au sein d’une organisation de plus en plus instable. Les avantages d’y rester diminuent rapidement.(…) Pourquoi les pays contraints de prendre des migrants contre leur gré accepteraient de laisser la Grande-Bretagne décrocher, même si nous sommes en dehors du système de Schengen ? »
 
C’est toute la force, précisément, de cette politique européenne, qui va réussir à imposer, sans qu’elle en endosse directement la responsabilité, l’afflux migratoire continu, véritable bras de levier d’un renouvellement de population et, à plus long terme, de civilisation.
 
Et qu’on cesse de nous bassiner avec les arguments natalistes (alors même que ce sont nos gouvernements qui ont généré la dénatalité !) : « Si la croissance de la population est principalement alimentée par l’immigration, les personnes à charge des nouveaux arrivants représenteront un coût net jusqu’à ce qu’ils grandissent, trouvent du travail et payent des impôts ». Et dans le même temps, « leurs parents seront eux-mêmes bénéficiaires des pensions et autres avantages liés à l’âge ». Le système est biaisé.
 
A qui le tour ?
 

Clémentine Jallais