« Flic21 » oblige, la Pologne se retrouve aujourd’hui dans l’œil du cyclone de l’idéologie écologiste pour sa dépendance, économique et énergétique, au charbon. Et peut-être aussi pour être résolument à droite. Pensez donc ! les Polonais n’ont même pas été fichus d’envoyer un seul représentant de la gauche à la Diète, la chambre basse du Parlement polonais, lors des élections législatives fin octobre…
L’AFP, dans une dépêche publiée ce mercredi matin, a sans doute le mieux résumé ce que l’idéologie peut produire quand il s’agit d’imposer aux esprits faibles une doxa. La dépêche commence ainsi : « La couche de smog gris qui enveloppe Cracovie, l’ancienne capitale de la Pologne, symbolise la dépendance du pays au charbon, une addiction qui tue et qui risque aussi de coûter cher à l’économie. »
Dénonciation du charbon polonais
Pour avoir visité la Pologne, et notamment Cracovie, je dois avouer que l’image est pour le moins fausse. Certes, Cracovie peut, à l’occasion, être pris dans une brume, et son classement parmi les villes polluées est loin d’être bon ; mais si les représentants de la délégation polonaise, le premier ministre Beata Szydlo en tête, ont eu connaissance de cet article, ils ont dû bien rire. Paris, en effet, est, plus souvent qu’à son tour, baigné d’un smog du plus sale effet…
La dépêche continue ainsi : « Un peu plus de 47.000 Polonais meurent prématurément chaque année, selon des estimations, à cause du smog venant surtout du charbon de mauvaise qualité brûlé dans de vieux poêles pour se chauffer, dit à l’AFP Andrzej Gula, chef du groupe Alerte Smog, citant une étude de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE) publiée lundi. »
D’une part, on aurait aimé avoir quelques précisions sur ces « estimations » bien floues ; d’autre part, est-il permis de s’étonner que l’Agence européenne pour l’environnement ait précisément publié cette étude pour l’ouverture de la COP21 où les Polonais font déjà figure de mauvais élèves ?
Le journaliste note tout de même que « le nouveau président conservateur Andrzej Duda vient d’approuver une loi anti-smog autorisant les municipalités à bannir le chauffage individuel au charbon ». Mais s’inquiète cependant de ce que le premier ministre « Beata Szydlo, fille de mineur, a[it] promis de garder le charbon comme principale source d’énergie pour garantir la sécurité énergétique et la croissance économique ».
La Pologne face à l’idéologie
La sécurité énergétique et la croissance économique sont certes de bonnes choses, mais elles ne font pas le poids face à l’idéologie. D’ailleurs, note encore notre journaliste, « cette position laisse les experts sceptiques, qui pensent que la dépendance au charbon de la Pologne, héritage de l’époque communiste, risque de gêner la belle croissance que le pays affiche depuis 25 ans ».
On ne sait, au juste, de quels experts il s’agit ici. Mais on s’étonne de ce que le charbon, qui est un des fleurons lourds de l’industrie polonaise depuis des décennies, puisse, tout à coup, pour satisfaire les idéologues, gêner la croissance d’un pays alors qu’elle l’a favorisée depuis 25 ans…
Et puis, s’il faut ainsi dénoncer des pollueurs, pourquoi le rédacteur de l’AFP ne s’en prend-il pas aux grandes banques européennes ou américaines qui ont massivement investi dans le charbon ces dernières années ?
Et les banques ?
Selon un rapport publié ce même 2 décembre par plusieurs ONG, elles auraient financé 2,5 fois plus le secteur du charbon que celui des énergies renouvelables, consacrant 257 milliards de dollars dans ce minerai.
Et, sans s’étendre même sur le fond de la question, la situation ne risque pas d’évoluer rapidement, puisque l’Agence internationale de l’énergie prévoit que la demande mondiale de charbon va continuer à croître d’ici à 2019.
Il est vrai qu’il est difficile d’abandonner, du jour au lendemain, un produit qui est la seconde ressource énergétique mondiale derrière le pétrole, et la première source d’électricité. Trop d’intérêts sont en jeu, et, au-delà, une trop brutale diminution de cette industrie mettrait en péril bien des économies…