La République française, pour des motifs idéologiques, a longtemps rendu quasi-impossibles les statistiques ethniques, ce qui a eu notamment pour effet de gêner considérablement l’évaluation de l’immigration depuis les années 1970, tant dans la mesure du phénomène lui-même que dans celle de ses conséquences, sur l’économie, la culture et la sécurité par exemple. Cela obligeait les chercheurs à trouver des biais pour évaluer la population immigrée : c’est ainsi que le dépistage de la drépanocytose, maladie héréditaire ne frappant que les populations « du Sud » permet d’évaluer la proportion des populations venues « du Sud » dans les naissances récentes. Eh bien, pour le recensement de 2025, l’INSEE rajoutera pour la première fois à son questionnaire adressé à neuf millions de personnes dans 17.000 communes cette question : « Quel est le lieu de naissance de vos parents ? » C’est un petit progrès, mais bien timide : il faudrait moins de circonlocutions pour mesurer dans toute son ampleur la réalité de l’invasion en cours.