Un prêtre sur la sellette en Italie pour avoir comparé les victimes de l’avortement aux assassinés par la mafia

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« Qui a plus de morts innocentes sur la conscience, Totò Riina ou Emma Bonino ? » C’est avec cette simple phrase posté sur sa page Facebook qu’un prêtre de Bologne, don Francesco Pieri, a déclenché la colère des médias italiens. Au surlendemain de la mort en prison du mafieux Salvatore Riino, qui s’est vu refuser la sépulture religieuse par la conférence des évêques d’Italie, le prêtre a ainsi osé s’en prendre à l’ancien ministre radical qui a milité toute sa vie pour l’avortement et qui se vante même d’en avoir personnellement pratiqué ou d’avoir à tout le moins favorisé la réalisation de 10.000 de type « artisanal » alors que ce crime était encore illégal.
 
Riina, 87 ans, était en prison après avoir été condamné par 26 fois à vie pour son rôle dans l’organisation des crimes qui ont frappé des magistrats, des militaires et autres procureurs lorsque l’Etat italien cherchait à anéantir la mafia sicilienne Cosa Nostra, dont il était le chef. Parmi les victimes de cette guerre sanglante : Carlo Alberto Dalla Chiesa, Giovanni Falcone, Paolo Borsellino dont la mort a retenti dans le monde entier.
 

Il y a bien davantage de victimes de l’avortement que de la mafia

 
Pour autant, don Francesco n’a nullement minimisé les crimes de la mafia et d’ailleurs, la plupart des commentaires sous son message étaient positifs, soulignant notamment l’hypocrisie de notre époque qui dénonce certaines horreurs mais passe sous silence le génocide de l’avortement. D’accès public, la page du prêtre a été réservée aux seuls « amis » dès le soir de la mise en ligne de ce message, à la suite de la campagne « politiquement correcte » à son encontre dans les médias.
 
« Qui a plus de morts innocentes sur la conscience, Totò Riina ou Emma Bonino ? Moralement, il n’y a pas de différence » : c’est donc pour ces mots que le P. Pieri est aujourd’hui dénoncé jusque dans la presse internationale. Il y a des intouchables et des sujets tabou.
 
Emma Bonino n’a jamais fait mystère de ses options révolutionnaires : féministe de la première heure, elle a elle-même passé trois semaines en prison en 1975 pour avoir manifesté en faveur du « droit » à l’avortement, et n’a jamais cessé de plaider pour sa légalisation. Membre d’un parti – le parti radical italien – qui soutient toutes les causes de la culture de mort, depuis la révolution sexuelle à la légalisation du cannabis en passant par l’amnistie générale et aujourd’hui les droits transgenres, Mme Bonino est tout un symbole.
 

Entre le mafieux Totò Riini et l’avorteuse Emma Bonino, le lien interdit

 
Dans la presse locale de Bologne, c’est l’effervescence. Il Resto del Carino a porté l’affaire sur la place publique, allant jusqu’à identifier sur Facebook les commentaires favorables au prêtre coupable d’iconoclasme : le vice-économe de la Curie, responsable de la pastorale du sport, don Massimo Vacchetti, n’a-t-il pas osé saluer le message d’un laconique « Cela me plaît » ?
 
« Tout cela ne rend pas meilleur Riina, mais dit quelque chose de notre hypocrisie diffuse », répondait dans le fil don Fieri. En rappelant que le concile Vatican II, dans Gaudium et spes, « met l’avortement sur le même plan que le génocide et l’homicide volontaire et d’autres crimes infâmes, parmi lesquels ceux de la mafia, certainement ». « Seulement, je vois moins de gens disposés à s’indigner et à prendre parti pour ces innocents-là. Même parmi ceux qui mettraient leur main au feu pour Vatican II », ajoutait-il.
 

Un prêtre de Bologne compare les assassinés par la mafia en Italie et les innocentes victimes de l’avortement légal

 
Si Emma Bonino a répondu aux questions des journalistes à propos de cette mise en cause en lançant un « sans commentaire » sans appel, l’abbé Pieri tient bon, se réclamant notamment du cardinal Giacomo Biffi, mort il y a deux ans, qui n’hésitait pas à faire un parallèle entre l’avortement et le nazisme : « La plus grande honte du XXe siècle, qui a peut-être connu les plus atroces infamies de l’histoire, à travers les génocides nombreux et variés qui ont alors été perpétrés, demeure sans doute la légalisation de l’avortement. »
 
La mise en parallèle entre le mafieux et l’avorteuse par ce prêtre de Bologne présente un autre intérêt, plus actuel : alors que le pape François a plusieurs fois prôné l’excommunication de la Mafia et des « corrompus », il est aussi celui qui a, à plusieurs reprises, reçu Emma Bonino au Vatican, allant jusqu’à la classer publiquement « parmi les grands aujourd’hui oubliés en Italie », comparable avec Adenauer et Schuman, sans jamais émettre la moindre réserve sur ses engagements – toujours à l’ordre du jour – en faveur d’une libéralisation toujours plus grande de l’avortement.
 

Jeanne Smits