Selon le Washington Post, la pureté de la Vierge Marie est offensante pour les victimes de viol

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C’est un article écrit par un pasteur protestant, en l’occurrence, une femme. A chaque approche de Noël, à chaque période de l’Avent qui prépare ce bel événement de la naissance du Sauveur, lui vient ce même sentiment : « Notre culture de pureté célèbre la Vierge Marie. En tant que victime de viol, ça me fait mal. » Suffit, cet éloge de la pureté… ! C’est l’apanage typique des chrétiens fondamentalistes ! Et c’est à cause d’eux qu’on éprouve ce sentiment d’être sexuellement sali… qu’on ait été violé ou pas d’ailleurs…
L’injure aux victimes de viols, c’est, en réalité, elle qui la commet. Et elle en fait une, bien plus grande, à la Sainte Vierge, souscrivant, consciemment ou pas, à l’atmosphère féministe du droit à disposer de son corps…
 

« Pourquoi l’histoire de Marie doit-elle opprimer les femmes… ? »

 
Ce qui lui donne le « droit » d’écrire, manifestement, c’est son histoire. A 20 ans, Ruth Everhart s’est trouvée victime d’un viol collectif, sous la menace d’une arme, dans une pension pour jeunes filles. Le chemin de la « guérison » fut long. Elle en témoigne d’ailleurs dans son livre tout récent intitulé « Ruined: a memoir », ouvrage qui vient d’obtenir le Prix du livre 2017 de la part de la revue protestante américaine, « Christianity Today ».
Le Washington Post qui lui donne la parole dans ses colonnes ? On ne pouvait que se méfier.
Son histoire est terrible, certes. Le traumatisme… mais surtout la honte liée à ce viol, ce sentiment d’un corps sali, rendu, selon elle, impur… Par opposition, la célébration de la pureté de la Sainte Vierge, spécialement en ce temps de Noël, est pour elle une oppression. « Mais pourquoi l’histoire de Marie doit-elle opprimer les femmes quand elle pourrait nous libérer ? À quoi ressemblerait-elle si l’église célébrait l’histoire de Marie comme un hymne à la beauté de l’incarnation ? »
 

Ce qui est vraiment arrivé à la Sainte Vierge Marie…

 
D’abord, « l’histoire de Marie », elle ne la comprend visiblement pas : « Je sais ce que c’est que d’être une bonne fille dont la vie a été renversée par ce que quelqu’un a fait à son corps ». Ainsi, elle se compare, elle, victime d’un violeur noyé dans ses pulsions, à Marie, vierge, qui a accepté l’œuvre de Dieu en son sein… Folie ! Quand bien même elle précise que c’est une bonne histoire qui est arrivée à la Sainte Vierge alors que pour elle, c’en était une moins bonne…
Non, la Sainte Vierge n’a rien subi, de violent ou de non violent. Comme le rappelle fort bien un article de Breitbart, à la suite d’une controverse sur les réseaux sociaux, « l’Incarnation fut la grossesse la plus « planifiée » dans toute l’histoire de l’humanité, et pas seulement du point de vue de Dieu »… C’est le « Fiat » de la Vierge qui a permis cette conception extra-ordinaire, son humilité, sa pureté d’âme.
 

Une idole de pureté sexuelle ? « C’est la faute à l’Eglise »

 
Ensuite, Ruth Everhart revint désespérément à la corporéité, qu’elle voit primer sur cette terre. « Les corps sont comme ça. Même les corps qui ne saignent pas, n’ovulent pas, n’allaitent pas. Les corps ont des besoins. »
« Nous n’aimons pas que nos corps puissent être attaqués. Nous voulons nous protéger et protéger nos filles. Nous voulons faire semblant que la sexualité est quelque chose que nous pouvons verrouiller dans une boîte et poser sur une étagère. Mais une boîte fermée ne marchera pas. Ni une ceinture de chasteté, ni un anneau de pureté. Et certainement pas les promesses d’abstinence qu’ils font signer aux jeunes gens. »
« Nous voulons nous cacher de cette vérité »… ! C’est ce que prétend ce pasteur qui fustige un « Évangile de la sexualité aseptisée ». C’est la faute à l’Eglise… « Marie n’est pas responsable de ce que nous avons fait à son histoire. La culture de l’Église a sur-focalisé la virginité et en a fait une idole de pureté sexuelle. Quand il s’agit de l’expérience des femmes, l’Église semble obligée de rétrécir, de déformer et de manipuler. » Elle porte au pinacle une impossible pureté, à travers l’image d’une Vierge qui enfante : loin d’être un exemple, elle devient par là un fardeau pour toutes les femmes, encore plus pour celles qui ont vécu un viol….
 

C’est Ruth Everhart qui offense les victimes de viols

 
Déjà, Ruth Everhart se fourvoie totalement. Quel est l’enseignement de l’Eglise depuis la nuit des temps ?! Jamais le corps n’a été déclaré intrinsèquement « mauvais » ! La sexualité est un don du bon Dieu… la théologie du corps de Jean-Paul II l’a réaffirmé. Elle se trompe de cible en stigmatisant ceux pour qui « le vagin est intrinsèquement sale »…
Et que fait-elle de la maîtrise de soi, de la chasteté, de ce très beau contrôle de l’âme sur le corps ?
Et puis de quelle pureté parle-t-on ? La pureté est-elle seulement l’affaire du corps ? Se limite-t-elle à la virginité, l’intégrité physique ? Dès lors qu’elle serait « prise », « usée », elle disparaîtrait ?! Mais elle est là l’offense aux victimes de viols ! Quelle occasion de désespoir pour elles ! La vertu de pureté ne leur est justement pas enlevée. Mieux, elle est pour certaines, élevée à son faîte, comme Sainte Maria Goretti nous l’a prouvé… La pureté est l’absence de péché. Le viol ne ruine pas, ne gâche pas, même si les souffrances psychologiques peuvent être considérables.
Ruth Everhart mélange adroitement les niveaux de compréhension.
 

La Sainte Vierge : toujours la figure à attaquer

 
A raisonner de la sorte, tout devient inhumain, la sainteté y compris. L’arrachement à notre imperfection est un combat de tous les instants, dans la pureté également. Mais pour Ruth Everhart, ce doit être un combat d’un autre âge.
La pureté ne peut visiblement pas être un modèle pour les générations modernes. « Je crois qu’il est impossible d’être une bonne fille – signifiant sans tache et pure – et aussi habiter un corps. » Inutile de chercher à l’enseigner aux jeunes. « Quel est l’appel de l’évangile pour les femmes ? Je crois que c’est plus que d’être une bonne fille »… Mais alors quoi, qui, si ce n’est la Sainte Vierge ?!
En fait, « l’histoire de Marie », comme elle l’écrit, elle est sérieusement gênante… pour le monde d’aujourd’hui qui se noie dans sa culture du sexe, sa religion du plaisir, sa fuite de la vertu. Alors, on affadit, on relativise. Il ne faudrait plus s’approcher d’un modèle qui nous a été donné et qui est valable pour l’éternité.
La Sainte Vierge Marie est la figure à attaquer, rappelons-le. C’est celle qui doit écraser la tête du Serpent. C’est celle par qui tout doit passer pour aller à Dieu. Sa pureté, c’est tout son être : c’est le sens de l’Immaculée Conception.
Ah, mais c’est vrai que les Protestants n’y croient pas…. Raison de plus pour les laisser parler, en ce mois de décembre !
 

Clémentine Jallais