Les évêques d’Irlande divisés quant au résultat du référendum constitutionnel pour permettre l’avortement

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Incroyable ! L’Irlande devrait être en deuil, tandis que ses évêques revêtus de bure et couverts de cendres, imploreraient le Ciel d’épargner cette nation jadis catholique qui vient de voter aux deux tiers pour ouvrir la porte au massacre légal des innocents. Mais en ces heures sombres où « le monde » triomphe dans toute la modernité de la culture de mort, la hiérarchie locale de l’Eglise n’est décidément pas à la hauteur. Les évêques d’Irlande avancent divisés alors que la constitution du pays a été expurgée de ses meilleurs éléments affirmant le respect de la vie naissante tout comme le devoir de protection de la vie de la mère. La légalisation de l’avortement, c’est pour tout de suite. Mais ils ne jugent pas utile de dire haut et fort et si besoin, images à l’appui, que l’avortement est l’assassinat légal mais moralement injustifiable et particulièrement vil d’un membre à part entière de l’espèce humaine. Pourtant il n’est même pas besoin d’être catholique pour l’affirmer !
 

Attention, images insoutenables
 
Le mauvais exemple vient de haut. Mgr Eamon Martin, archevêque de Dublin et primat de toute l’Irlande a invité tous ceux qui ont voté « non » à la modification constitutionnelle en vue de permettre l’adoption d’une loi d’avortement à se mobiliser… non pour l’empêcher, mais à « se mobiliser activement pour essayer d’assurer que la loi qui sera adoptée, comme le Taoiseach l’a lui-même déclaré, autorise un avortement qui soit rare, qui soit sûr et qui soit légal ».
 

Un évêque d’Irlande plaide pour l’avortement « rare, sûr et légal »

 
C’est précisément l’enfumage qui a accompagné un grand nombre de lois d’avortements dans le monde : les mêmes mots, les mêmes concepts, les mêmes mensonges, la même rhétorique détachée et trompeuse. C’est le langage de l’ONU, celui des loges repris par Simone Veil en 1974, celui des activistes qui se font passer pour des modérés. Mais on n’a jamais modérément assassiné quiconque, même légalement. On n’a jamais pensé qu’il eût fallu favoriser un génocide restreint, cadré, propre, légal et parfaitement bordé par les lois pour mieux se battre contre l’Holocauste.
 
Pardonnez cette reductio ad Hitlerum mais elle s’impose dans ce contexte d’endormissement des consciences auquel participe onctueusement le primat d’Irlande. « Rare » ? L’avortement ne l’est jamais lorsqu’il est facilement accessible au cours du premier trimestre de la grossesse, comme ce doit être le cas aux termes de la prochaine loi irlandaise. « Sûr » ? Aseptisé plutôt, mais mortellement efficace à l’égard des enfants à naître qu’il vise par nature. « Légal » ? L’existence d’une permission légale ne rend de soi aucun acte juste ou bon. Ce que les militants pro-vie irlandais ont proclamé dès que les résultats du référendum furent connus ne semble pas avoir atteint l’intelligence et le cœur de Mgr Martin…
 

Le résultat du référendum sur l’avortement laisse les évêques divisés

 
Il y d’autres chrétiens en Irlande : deux « évêques » de l’Eglise d’Irlande qui avaient appelé à voter oui sont aujourd’hui satisfaits. Michael Burrows, évêque de Cashel, Ferns et Ossory a salué la nouvelle « candeur » des discussions en Irlande : on est « face à un défi enthousiasmant pour présenter d’une nouvelle façon la foi à une nation qui change ». Cette société qui « pose des questions dures, qui n’aime pas l’hypocrisie »… Car l’avortement est « une affaire complexe et sensible », dit-il. Un peu de détachement et de soi-disant hauteur de vue politique, et voilà que tout devient acceptable !
 
Côté catholique, il reste des esprits lucides – quoique. Le père rédemptoriste Gerard Moloney voit dans le résultat du vote de vendredi « la preuve définitive du déclin et de la chute de l’Eglise catholique romaine en Irlande ». « Les grandes batailles culturelles de ces derniers 35 ans ont été gagnées par la gauche », a-t-il déploré, gagné par l’illusion d’une opposition réelle entre les deux bords politiques. C’est une défaite « finale et définitive » dont il se réjouit cependant parce que « le christianisme fonctionne mieux quand il ne fait pas partie de l’établissement ». A la trappe, la royauté sociale de Notre Seigneur ! Il se borne à dénoncer « les nouveaux préjugés laïcistes » qui ont « remplacé les vieux préjugés religieux d’antan ».
 
« Une société vraiment libérale, progressiste, confiante est celle qui célèbre la diversité et encourage la différence. Nous n’aurons pas beaucoup progressé si notre belle Irlande toute neuve et brillante se révèle aussi étouffante et oppressante que celle qui a été », a-t-il dit.
 

Approuver et favoriser l’avortement n’est donc plus un péché ?

 
C’est sûr que lui, il n’approuve pas les récents propos de Mgr Kevin Doran d’Elphin invitant les catholiques d’Irlande qui ont voté « oui » à s’en accuser en confession, puisqu’un tel vote en toute conscience des conséquences quant à la légalisation de l’avortement constitue un péché qui peut être pardonné avec la même miséricorde que tout autre.
 
Ce genre de discours ne passe pas la barre de l’Eglise médiatique. Le P. Brian D’Arcy, intervenant dans une émission de radio publique, a déclaré : « C’est une mauvaise manière d’en parler parce que cela n’a rien à voir avec la loi de l’Eglise », dans un domaine où chacun « se bat intérieurement » pour déterminer ce qu’il trouve acceptable pour lui et doit accepter le point de vue d’autrui, qui peut voir la vie, l’éthique et la moralité autrement. Je n’utiliserais pas le langage du péché ici, pas du tout ! »
 
Avec de telles salades, faut-il s’étonner du résultat du référendum irlandais ?
 

Jeanne Smits