Retour sur la canonisation de Mandela

canonisation de Mandela
On peut hésiter sur les mots : doit-on parler de canonisation de Mandela ou d’apothéose ? Tous les observateurs ont noté l’universalité des éloges funèbres et la pompe des fastes mortuaires qui ont suivi le décès de l’ancien président sud-africain. Danses, veillées de prières, octave de deuil, myriades de lucioles dans la nuit chargée de mélopées, panégyriques sans fausse note, drapeaux en berne partout à travers le monde, le défunt a mobilisé plus de pleurs à lui seul que les trois mille tués du 11 septembre 2001. Sa dernière heure venue, Vespasien, sachant que la Rome païenne réservait les honneurs divins à la dépouille des empereurs, s’écria ironiquement : « je me sens devenir dieu ». Voilà plusieurs années que l’on promène « Madiba » comme un dieu en puissance : aujourd’hui, le mondialisme en a fait son premier Saint.
La canonisation de Mandela n’a pas respecté les normes de prudence que le Vatican observe à l’ordinaire : pas de délai, « santo subito », pas d’instruction, pas d’avocat du diable, pas de béatification en guise d’étape intermédiaire. Il a été déclaré saint par acclamation populaire et par un décret venu on ne sait d’où, puis immédiatement fêté comme tel. Cependant, quand on parle de la canonisation de Mandela, il ne faut pas y voir une simple image, comme l’ont fait certains chroniqueurs : il s’agit bien d’un acte religieux, et il s’agit de dire de quelle religion il s’agit.

Un panthéisme nihiliste ?

Un saint doit manifester par sa vie l’action de Dieu et son assentiment actif à celle-ci, de sorte qu’il puisse être donné en exemple et raffermir ses frères dans la foi. Ce qui justifie la canonisation de Mandela, c’est qu’il a pleinement rempli ces conditions, si l’on remplace Dieu par l’esprit du mondialisme. Il fut en effet un apôtre incomparable de l’égalitarisme visant à l’indifférenciation. Un seul exemple : le drapeau arc-en-ciel dont il a fait celui de l’Afrique du sud est le symbole à la fois de la planète métissée et de la société sans exclusion – c’est aussi celui des LGBT. On voit que cela s’oppose au Dieu de la Bible, qui depuis Babel a séparé les nations et les langues, et qui détruisit Sodome et Gomorrhe. Mais cela s’oppose aussi à toute la philosophie européenne, qui distingue le vrai du faux, le bien du mal, le laid du beau, le normal de l’anormal, l’homme de la femme, le citoyen de l’étranger, etc.… La foi nouvelle dont le défunt s’était fait le propagateur prône la fusion des contraires dans un grand Tout indifférencié, et on la dirait à bon droit panthéiste, si le panthéisme n’avait vu Dieu partout dans la nature, alors que cette foi nie la nature, au nom d’une humanité qui n’a d’autre Dieu qu’elle-même et décide arbitrairement de son destin. On pourrait nommer cela panthéisme nihiliste ou idolâtrie humaniste.
Les sept couleurs symbolisaient à l’origine la paix, elles sont aujourd’hui l’étendard d’une nouvelle morale qui fait la guerre tant à la doctrine chrétienne qu’à la raison naturelle. Ce n’est pas un hasard si l’une des premières lois que « Madiba » promut libéralise à l’extrême l’avortement, autorisant celui-ci jusqu’à 20 semaines, notamment si la mère estime que l’enfant lui causera une difficulté sociale ou économique. Dix-sept ans plus tard, le bilan est lourd : un million d’enfants éliminés. Pas un hasard non plus si l’Afrique du sud est le seul pays d’Afrique où le « mariage » homosexuel est légal. Pas un hasard enfin si « le père de l’Afrique du sud multiraciale » avait inspiré l’organisation des « Elders », une sorte de conseil des anciens à l’échelle mondiale, rassemblant par cooptation les dirigeants émérites de la planète pour cadrer discrètement la politique globale, notamment en matière de planning familial et de bioéthique. Comme on le voit, la canonisation de Mandela par le mondialisme franc-maçon était dans la logique des choses. Cela n’a hélas pas dissuadé certains prélats lui rendre une espèce de culte de dulie, jusqu’en chaire.