Le robot « retourneur de steak » a fait sa première journée de travail

Robot travail steak
 
La scène se passe dans un restaurant en Californie : collé au grill du « fast-food », Flippy achève de cuire son énième steak de la journée. Les vapeurs de graisse ont peut-être encrassé son beau métal tout neuf, mais elles ne l’ont pas incommodé… Première journée de travail pour ce robot qui risque d’en compiler un certain nombre ! Dans les champs, ce sont Oz et Dino qui passent du temps à désherber. Et Baxter réussit, lui, à communiquer désormais par la pensée.
 
Chaque jour, se pose davantage la perspective du remplacement des hommes par les robots… Quel sera l’impact réel ? Personne n’en sait trop rien…
 

Le robot Flippy aux fourneaux et aux steaks

 
Cinq minutes seulement pour installer Flippy, et il était prêt à opérer. La cuisson de la viande était parfaite, caméras et capteurs aidant à déterminer le bon moment du « retournement ». Conquise, la chaîne de fast-food CaliBurger compte acquérir d’autres Flippy à partir de l’année prochaine, pour qu’en 2019, leurs cinquante restaurants en soient équipés.
 
Un moyen de faire de la cuisine, « plus rapide, plus sûr et mieux garanti ».
 
Le directeur général de la maison mère de Flippy, « Miso Robotics », compte s’occuper d’autres tâches ingrates de ce secteur : « Tout comme les véhicules d’auto-conduite, notre système apprend en continu afin de s’améliorer à partir de son expérience, au fil du temps ».
 

Ils sont partout

 
Ce sont précisément ces tâches dites « ingrates » qui sont visées : salissantes, fatigantes, répétitives… Plusieurs groupes français ont imaginé et créé des robots pour remplacer les hommes dans les champs. « Naïo Technologies » vous proposera Oz, le robot de désherbage, ou encore Bob, le robot viticole à chenilles ou Ted, le robot enjambeur de vignes… Cette start-up toulousaine a été créée en 2011 par deux ingénieurs en robotique, parle d’« une énorme demande », en particulier dans les exploitations bio.
 
L’intelligence artificielle progresse de jour en jour : Baxter, un robot industriel ou plutôt « cobot », c’est-à-dire robot humanoïde collaboratif, créé en 2013 par « Rethink Robotics », peut désormais recevoir ses ordres par télépathie…. en fait par le moyen d’électrodes branchées sur le cerveau d’un humain : ce système est capable de détecter les indications de l’individu, et de les transmettre au robot qui les applique. Une énième petite révolution que la commande mentale…
 

Un revenu universel en cas de raréfaction du travail ? Pas encore…

 
Quand dans les start-up, on se réjouit jour après jour des progrès obtenus, dans d’autres cercles, les craintes se multiplient. Si on est loin de la révolte des robots contre les humains, on arrive au remplacement effectif de certains emplois humains.
 
La robotisation supprimera donc des emplois, certes, mais en créera-t-elle de nouveaux ? Il n’y pas de consensus en la matière.
 
En 2013, des chercheurs de l’Université d’Oxford prédisaient que 47 % des emplois américains auraient bientôt un risque de disparition élevé en raison de l’automatisation de la société. En France, en 2014, c’était un rapport du cabinet de conseil Roland Berger qui estimait 42 % des emplois seraient menacés d’ici 10 à 15 ans. Mais les études se font plus optimistes, outre-Atlantique comme en France où le « Conseil d’orientation pour l’emploi » préconise désormais que seuls 10 % des emplois en France sont menacés par l’automatisation. Le Forum de Davos, en janvier 2016, avait pronostiqué, lui, entre les emplois créés et les emplois détruits, une perte sèche de 5,1 millions de postes au niveau mondial…
 
Au Parlement européen, lors du vote concernant le rapport de Mary Delvaux sur sur la robotique et l’intelligence artificielle, à la mi-février, les deux points sur la taxation des robots et la création d’un revenu universel pour maintenir le système social en cas de raréfaction du travail, n’ont d’ailleurs pas été entérinés par les députés.
 
Pourtant celle qu’on appelle la « Quatrième Révolution industrielle » a une différence majeure avec les précédentes : comme le faisait remarquer un responsable de la recherche à la Haute Ecole de gestion de Genève, les machines sont capables cette fois-ci d’apprendre. La compétition, générée par l’Intelligence Artificielle, sera beaucoup plus tendue.
 

Clémentine Jallais