Un groupe d’associations et de syndicats britanniques vient d’écrire au Chancelier de l’Echiquier (le ministre des finances), Jeremy Hunt pour lui demander de faire « beaucoup plus » pour sauvegarder l’argent liquide, aujourd’hui dans une « situation critique », et pour « augmenter le choix des moyens de paiement ». La lettre est signée par la Fédération du petit commerce, le réseau des services ruraux et plusieurs associations dont NoteMachine, le second fournisseur de distributeurs automatiques du Royaume-Uni.
15.000 distributeurs d’argent liquide ont disparu
La lettre poursuit : « Dans les dernières années, l’argent liquide est devenu de plus en plus important avec l’escalade du coût de la vie et reste un outil important du budget pour des millions de gens. Il est temps pour le gouvernement, les services financiers et l’industrie, de se mettre ensemble pour faire de l’argent liquide un moyen de paiement de l’avenir. » En effet, malgré le rebond de l’an dernier, les paiements par argent liquide semblent dans une situation critique : 14.400 distributeurs automatiques ont été supprimés depuis 2018 et 37.000 autres seraient sur la sellette. Une loi est en préparation pour que les banques offrent l’accès à l’argent liquide dans un rayon de trois kilomètres autour de leur logement.
Au Royaume-Uni, un gouvernement hypocrite
Pourtant, le premier ministre Rishi Sunak a souligné voilà dix jours qu’il serait « inapproprié » d’exiger de toute boutique qu’elle accepte l’argent liquide. Le gouvernement britannique est en plein double langage à ce sujet. D’un côté Sunak trouve « juste » que le citoyen ait « accès au liquide », de l’autre il ne veut pas « imposer au business comment faire son business » : mais si l’individu libre d’avoir du cash ne peut le dépenser dans des boutiques libres de ne pas l’accepter, comment fait-on ? La pression des banques est d’ailleurs relatée par la presse. En août, le Daily Telegraph a révélé comment la grande banque en ligne NatWest s’était donné de nouveaux pouvoirs pour limiter le retrait et le dépôt d’espèces, manifestant le désir des banques d’imposer aux clients une société sans argent liquide.
Si le liquide disparaît, la liberté sera dans un état critique
Les banques ? Pas seulement. Pas d’abord. Elles peuvent y trouver une commodité pour augmenter leurs profits, mais cela reste à prouver. Jusqu’à présent, elles ont très bien fait leurs affaires avec du liquide. Ce que la suppression de celui-ci permettrait, c’est de tracer à tout moment toute arrivée et toute sortie d’argent. A toute fins utiles. La société sans argent liquide est une société policière. Avec bien sûr un prétexte moral et social affirmé. Un porte-parole du gouvernement britannique vient de déclarer : « Nous (…) rendons aussi de plus en plus difficile au monde des affaires de cacher ses revenus, en utilisant des moyens ciblés, avec de nouvelles sources de données et une activité croissante. » Traduit en français, cela signifie qu’en supprimant l’argent liquide on peut à tout moment tracer toute transaction et que cela permet de lutter contre les méchants, leur fraude fiscale, leur corruption, leurs trafics, de drogue, de prostitution, d’armes, etc. Bref, la suppression du liquide, c’est bien. Le meilleur des mondes naîtra de la suppression de l’argent liquide.