Police et tribunaux démissionnaires, crimes violents à l’arme blanche en hausse au Royaume-Uni

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Au Royaume-Uni comme en France, la réduction des forces de police, la réaffectation des policiers à la lutte contre l’incitation à la haine et contre les discours jugés haineux ainsi que l’attitude trop complaisante des juges vis-à-vis des délinquants sont à l’origine de la hausse des crimes violents, et notamment de l’explosion des crimes à l’arme blanche. Pour le Royaume-Uni, c’est ce qu’écrit dans le Telegraph l’officier de police Richard Cooke, président du syndicat de policiers West Midlands Police Federation. Et ce qui aggrave les choses, écrit le policier, c’est la volonté des leaders politiques de donner la priorité à la lutte contre les incitations à la haine et les discours de haine, notamment sur les réseaux sociaux. Ce choix, parallèlement à une réduction du nombre de policiers, contraint les forces de l’ordre à abandonner de plus en plus la rue aux délinquants et aux criminels.
 

Les policiers réaffectés pour pourchasser les auteurs de « crimes de haine » sur Internet

 
C’est aussi ce qu’expliquait le 31 octobre Sara Thorton, chef du National Police Chiefs’ Council (NPCC), l’organisme de coordination et de représentation des commissaires de police outre-Manche. Même constatation en septembre de la part du président du syndicat Police Federation représentant plus de 120.000 policiers d’Angleterre et du pays de Galles : à cause du temps passé à réagir aux disputes sur Internet, les policiers ne peuvent plus faire leur travail qui est de maintenir l’ordre et la sécurité. En avril, l’ancien leader de l’UKIP Nigel Farage désignait tout particulièrement les efforts du maire musulman de Londres Sadiq Khan pour lutter contre les « crimes de haine » comme cause principale de l’augmentation rapide du nombre de meurtres commis dans la capitale.
 

La police beaucoup moins présente sur le terrain aujourd’hui au Royaume-Uni

 
Mais dans son éditorial, le sergent Richard Cooke ne s’arrête pas à ce problème. Il dénonce une situation qui échappe de plus en plus au contrôle des pouvoirs publics dans les West Midlands (qui comprennent Birmingham), avec déjà 44 meurtres cette année, et la brutalité inouïe de certains agresseurs, armés de machettes et de couteaux de chasse. Sur la base de sa propre expérience de terrain, Cooke évoque des blessures terribles, avec parfois des victimes aux membres littéralement sectionnés, ce qui n’est pas sans conséquences pour l’équilibre psychique des policiers eux-mêmes. Oui, une présence policière visible a un effet dissuasif sur les agresseurs potentiels, insiste Cooke, de même que les contrôles d’identité et les fouilles. Ce travail préventif et dissuasif n’existe quasiment plus, se plaint l’officier de police. Dans sa région des Midlands de l’Ouest, les forces de police ont perdu environ un quart de leurs effectifs depuis 2010. Alors, faute de moyens humains, la police se contente désormais de réagir aux événements.
 

Justice débonnaire contre crimes à l’arme blanche de plus en plus violents

 
Les bandes et les trafiquants de drogue n’en prospèrent que mieux et « de plus en plus de jeunes portent des armes létales sur eux » pour se défendre. Nombre de parents dans des villes comme Wolverhampton, Birmingham et Coventry vivent dans la peur pour leurs enfants car de simples altercations peuvent dégénérer en bagarres violentes avec parfois des conséquences mortelles.
 
Un autre problème, ce sont les sentences excessivement bénignes infligées par une justice débonnaire. Quand la peine de mort a été supprimée dans les années soixante, les hommes politiques de l’époque avaient promis, pour rassurer les bonnes gens, que la prison à vie serait vraiment à vie. En réalité, aujourd’hui au Royaume-Uni la prison « à perpétuité » dure en moyenne 15 ans avant une libération conditionnelle. Quant aux simples délinquants, ils sont généralement très rapidement libérés par les juges, ce qui est source de frustration et de colère pour les policiers et surtout les victimes.
 
Voilà des constats de policiers qui nous sont familiers à nous aussi, Français. Mêmes causes, mêmes loges, mêmes effets.
 

Olivier Bault