Le Royaume-Uni a connu une politique de l’enfant unique informelle

Royaume-Uni Politique Enfant unique
 
Spectaculaire et significatif : le nombre de parents ayant un seul enfant a augmenté de 40% en une génération au Royaume-Uni, la génération « baby-boom » qui a sévèrement restreint les naissances. On est passé de 12% des femmes qui n’ont eu en définitive qu’un seul enfant, nées au début de cette période en 1960, à 17% à la fin de la période. Il y a une quarantaine d’années, on comptait en moyenne 2,42 par famille, aujourd’hui on atteint péniblement 1,92 enfant par famille, en deçà du seuil de remplacement des générations. Comme si le pays avait connu une politique de l’enfant unique, non contraignante, certes, informelle, mais non moins drastique.
 

Les statistiques du Royaume-Uni

 
L’Office des statistiques nationales britanniques constate cette baisse, parfois très rapide, dans la fertilité des femmes nées depuis 90 ans, sous le double effet du travail accru des femmes hors de la maison et du recul de l’âge de la première maternité. Si l’on considère qu’une femme n’a généralement plus d’enfant après 45 ans, les dernières statistiques « complètes » concernent les femmes nées en 1968. Sur les femmes ayant passé cet âge, le nombre de celles qui n’ont aucun enfant a explosé : + 80% en moins de vingt-cinq ans. Cela représente 18% des femmes nées en 1968 : seules 10 % de celles nées à la fin de la Seconde Guerre mondiale n’en ont pas eu.
 

Le premier enfant arrive plus tard

 
Et aujourd’hui, le nouveau « jeune parent » a en moyenne deux ans de plus qu’en 1990.
 
Les naissances chez les femmes plus jeunes remontent un peu : les femmes qui ont eu 30 ans en 2013 ont en moyenne 1,02 enfants, à comparer avec celles de 6 ans leurs aînées qui au même âge, n’en avaient que 0,98. Selon l’Office des statistiques, cela peut s’expliquer par des choix politiques : les avantages fiscaux et de meilleurs congés parentaux offerts aux familles par le précédent gouvernement travaillistes, et « la proportion croissante de femmes âgées de 25 à 29 ans nées hors du Royaume-Uni ».
 
Autrement dit, la limitation « choisie » des naissances reste importante chez les autochtones, mais l’est moins parmi les populations immigrées.
 

Les dangers de la politique de l’enfant unique

 
Pour le Pr Ann Buchanan, expert en politique sociale à Oxford, l’avenir se ressentira de cette quasi « politique de l’enfant unique » : « C’est fascinant, les gens choisissent d’avoir moins d’enfants, ou pas du tout, et bien sûr cela aura des conséquences : cela joue sur le nombre de personnes disponibles pour travailler, et cela a des implications pour la famille et tous ceux qui vont devoir s’occuper de tous ceux qui sont en train de vieillir. »
 
Dans le même temps, on observe une toute petite remontée des naissances au sein du mariage : 52,6% des enfants nés l’an dernier, contre 52,5% l’année précédente. Chez les plus de 30 ans, le pourcentage est en augmentation.
 

Un problème politique

 
Cela inquiète certains juristes qui estiment que la loi ne protège pas suffisamment les femmes et les enfants alors que la proportion des cohabitations augmente. « Nous voyons de nombreuses femmes qui ayant renoncé à leur carrière et à leurs bons revenus alors qu’elles ont quelque 35 ans pour avoir des enfants, voient leur relation non-conjugale s’effondrer, malheureusement. Dans l’état actuel de la loi, elles n’ont droit à aucun soutien financier de la part de leur partenaire, hormis le toit que celui-ci est obligé d’assurer à ses enfants jusqu’à leur 18 ans. Nous risquons de ne mesurer toutes les répercussions domestiques et économiques de cette situation que dans 15 ou 20 ans, lorsqu’il sera trop tard pour agir », note un avocat spécialiste des affaires familiales.
 
L’avenir semble bien gris : à quand la promotion du mariage légitime et stable ?