Pavel Rubtsov, cet espion russe qui dénonçait l’« homophobie » de la Pologne

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L’échange de prisonniers entre la Russie et l’Occident le 2 août dernier a révélé au grand jour ce fait qui ne devrait étonner que les plus naïfs : le prétendu journaliste espagnol « Pablo Gonzalez » (Pavel Rubtsov de son vrai nom), qui avait mené campagne contre l’« homophobie » de la Pologne, était en réalité un espion russe. Il agissait bel et bien pour le compte de Vladimir Poutine qui a personnellement demandé qu’il figurât sur la liste des prisonniers à remettre à Moscou.

Naïfs, ceux qui ne voient pas que la glorification de l’inversion des mœurs et la perte des vertus traditionnelles en Occident sert avant tout les intérêts de ceux qui, comme la Russie, se présentent comme les gardiens de valeurs pas forcément plus répandues chez eux.

En l’occurrence, le prétendu journaliste Pablo Gonzalez avait été arrêté par les forces polonaises à la frontière ukrainienne en 2022, donnant à l’opposition de gauche en Pologne mais aussi aux associations internationales de journalistes et aux médias progressistes du monde entier une occasion de dénoncer le pouvoir à Varsovie. Même la Commission européenne avait présenté l’arrestation du dénonciateur de « l’homophobie » en Pologne comme la preuve de la violation de l’état de droit dans ce pays.

 

Rubtsov, faux journaliste espagnol et vrai subversif

La Nuova Bussola Quotidiana note : « Pour l’opinion publique mondiale, les noms des personnes libérées et leur histoire sont pratiquement inconnus. Mais en Pologne, un grand écho a été suscité par la nouvelle selon laquelle Pavel Rubtsov, un agent du renseignement militaire russe (GRU) arrêté à la frontière polono-ukrainienne le 27 février 2022, figurait parmi les personnes sollicitées par Moscou pour l’échange. Il s’est fait passer pour un journaliste espagnol sous le nom de Pablo González. Il utilisait son statut de journaliste pour recueillir des informations en Ukraine et dans toute l’Europe pour le compte des services de renseignement russes. Rubtsov était en contact avec l’activiste LGBT+ Bartosz Staszewski, qui a défendu à plusieurs reprises le prétendu journaliste espagnol “réprimé” par le gouvernement du parti Droit et Justice (PiS). L’espion russe a présenté la Pologne comme le pays le plus homophobe de l’UE, menant ainsi une vaste campagne de désinformation pour le compte de la Russie. Les mensonges du “journaliste espagnol” sont devenus l’un des prétextes aux attaques, aux accusations et aux sanctions de l’UE contre la Pologne par Bruxelles pour son mépris de ce que l’on appelle l’état de droit. »

Beaucoup s’y sont laissé prendre : Gonzalez-Rubtsov a été défendu par la Fédération européenne des journalistes, Reporters sans frontières, le ministère espagnol des Affaires étrangères et Amnesty International… Son cas a servi au rapport publié par la Commission européenne pour justifier le blocage de fonds européens à destination de la Pologne. La Nuova Bussola commente : « L’arrestation et la détention d’un espion russe sont devenues pour la Commission européenne la preuve de la violation de l’Etat de droit, un prétexte qui a d’ailleurs contribué au changement de gouvernement en Pologne. De toute évidence, cette vaste opération de désinformation visant à donner de la Pologne l’image d’un pays non démocratique a été menée par la Russie, qui voulait ainsi discréditer et frapper le plus proche allié de l’Ukraine dans la guerre déclenchée par Poutine. Malheureusement, elle a réussi. »

 

Un espion russe dénonçait l’« homophobie » de la Pologne

L’ancien chef de l’Agence de sécurité intérieure polonaise, Mariusz Kamínski, a détaillé l’affaire Rubtsov pour les médias polonais : « Il y a un an et demi, lorsque le parti Droit et Justice était au pouvoir, les Américains nous ont contactés pour nous informer qu’ils entamaient des négociations avec les Russes sur l’échange de prisonniers. Le point de départ est toujours les agents des services secrets. Depuis la guerre froide, il existe une tradition selon laquelle les prisonniers politiques emprisonnés sous le régime soviétique et maintenant sous le régime de Poutine font également l’objet d’un tel échange. J’ai réagi positivement, j’étais sincèrement heureux qu’un tel échange ait lieu. Les Américains ont demandé si nous avions quelqu’un de particulièrement précieux pour la Russie. J’ai souligné que l’agent russe le plus précieux détenu dans une prison polonaise était Pavel Rubtsov, ou “Pablo Gonzalez”, sous l’apparence d’un “journaliste espagnol”. Les preuves de sa collaboration avec les services de renseignement russes, recueillies par notre contre-espionnage, étaient très solides, de sorte qu’il devait passer de nombreuses années en prison. C’était un espion très dangereux. Il opérait non seulement en Pologne, mais aussi dans toute l’Europe. Les preuves étaient accablantes. Les Américains étaient très désireux de l’inclure dans cet échange. »

 

L’affaire de l’espion Rubtsov en dit long sur la politique russe

Vu l’importance de l’espion russe, les Polonais espéraient obtenir la libération par la Russie d’Andrzej Poczobut, journaliste biélorusse d’origine polonaise, opposant au régime de Loukachenko, condamné sous prétexte d’espionnage à huit ans de prison, que le président du Belarus aurait sûrement livré dans le cadre de l’échange si Moscou le lui avait imposé, assure Kamínski. La Pologne avait également signalé aux Etats-Unis un citoyen russe d’origine polonaise, condamné à 12 ans de camp de travail pour collaboration avec les services secrets polonais, et les Américains avaient entamé des négociations avec la Russie en vue de faire libérer les deux hommes. Le changement de gouvernement en Pologne en décembre dernier a fait qu’elles sont restées au point mort : l’équipe de Donald Tusk a ainsi livré un prisonnier aussi précieux que Rubtsov-Gonzalez sans se soucier d’obtenir des libérations en retour.

Mais c’est secondaire par rapport à ce que révèle cette affaire. Elle montre que la Russie continue d’agir comme le faisait l’URSS, en utilisant ses services pour des « montages » destinés à déstabiliser les adversaires, ici en promouvant une idéologie que par ailleurs elle fait mine de dénoncer. Dénonciation fort sélective en l’occurrence, car s’agissant – par exemple – de son pays frère, le Cuba, la Russie ne trouve rien à redire à la promotion par ce dernier du « mariage » gay et de l’idéologie LGBT…

 

Jeanne Smits