Russie : le statut « d’agent étranger » pour les groupes religieux recevant des fonds étrangers

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Le média russe Russia Today annonce l’approbation par une commission gouvernementale russe d’un projet de loi visant à obliger tous les groupes religieux recevant des fonds étrangers, ou « sponsorisés » depuis l’étranger, ou encore par le biais d’organisations internationales de fournir aux autorités des informations détaillées sur leurs actions et leurs responsables. Il s’agit clairement de restreindre les droits de ces organisations religieuses qui seront alignés sur ceux des « agents étrangers » soumis depuis 2012 à cette obligation de se faire connaître du ministère de la Justice.
 
Selon Russia Today le texte devrait passer rapidement devant le gouvernement et dès son approbation, il sera soumis au Parlement, a indiqué le média. L’objectif annoncé de la loi est la surveillance de ces groupes religieux afin de vérifier qu’ils ne sont pas liés à des activités « terroristes » ou « extrémistes » ou d’autres actes qui violent la loi russe.
 

La Russie veut surveiller les groupes religieux soupçonnés de liens avec l’étranger

 
D’ores et déjà, les ONG étrangères en Russie sont fortement surveillées et les partis politiques russes n’ont pas le droit de recevoir des fonds de ces groupes dotés du statut d’« agent étranger ». Les organisations religieuses seraient donc soumises au même régime si la Douma vote le projet, ce qui semble probable vu ses décisions en faveur de ces textes voisins.
 
Le projet de loi vise notamment, sans les nommer, les groupes musulmans.
 

L’Eglise catholique « agent étranger » ?

 
Mais plus encore il est basé sur la suprématie de l’Eglise orthodoxe russe. Que pourra être l’effet d’une telle loi pour la religion catholique en Russie, traditionnellement considérée comme inféodée à l’étranger ?
 

Restreindre les droits de l’Eglise catholique ?

 
A titre d’analogie, on peut noter qu’en Crimée, à la fin de 2014, les représentants de l’Eglise catholique et de l’Eglise grecque orthodoxe n’ayant pas la nationalité russe ont été contraints de quitter la région.
 
Quant à l’« extrémisme » que le texte cherche à combattre, il comprend bien sûr les actions violentes et terroristes, mais parmi ses définitions dans la loi russe qui le combat se trouve toute revendication de « suprématie religieuse », à savoir l’assertion que la religion que l’on pratique est la seule vraie.
 

Anne Dolhein