Rencontre Salvini-Orbán à Milan contre l’immigration et contre les politiques de Bruxelles et de Macron

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« L’Italie fait un pas de plus vers le Groupe de Visegrád », affirmait ce matin Il Giornale, proche de Forze Italia, le parti de Berlusconi. Un Berlusconi que Viktor Orbán considère être son ami et qui a donné sa bénédiction à la rencontre du Premier ministre hongrois avec le ministre de l’Intérieur italien Matteo Salvini, leader d’une Ligue assez proche idéologiquement du Fidesz. Fratelli d’Italia, le parti nationaliste allié à la Ligue et à Forza Italia aux dernières élections, et aujourd’hui encore au niveau local, approuvait lui aussi cette rencontre à mi-chemin entre visite d’État et réunion politique, avec comme sujet central la question de l’immigration.
 

La Ligue de Salvini plus proche du Fidesz d’Orbán que du M5S de Di Maio

 
Le Mouvement 5 étoiles (M5S), allié de la Ligue au sein de la coalition gouvernementale, était en revanche plus circonspect. Dans une interview avec le site hongrois Azonnali, le chef du groupe parlementaire du M5S au Sénat, Stefano Patuanelli, tenait à souligner qu’il ne s’agissait pas d’un sommet intergouvernemental. Le gouvernement italien, a-t-il indiqué, n’accepte pas le refus du mécanisme de relocalisation des demandeurs d’asile opposé par Budapest, et milite pour la suspension des fonds européens en faveur des pays du V4.
 
Salvini, au contraire, ne cache pas que son but ultime n’est pas la redistribution des immigrants illégaux mais l’arrêt total de l’immigration illégale par la mise en place d’une politique similaire à celle de l’Australie. Il veut aussi faire en sorte « qu’aucune personne arrivant en canot pneumatique ne puisse mettre les pieds en Europe, car sinon nous ne démonterons pas le business de la mafia des passeurs ». Même son de cloche chez Orbán pour qui les immigrants arrivés illégalement doivent être renvoyés chez eux car sinon « les trafiquants d’êtres humains auront gagné » et « les immigrants continueront de venir par vagues ».
 

Emmanuel Macron accusé d’être le leader du camp pro-immigration en Europe

 
Pour Orbán, avec lequel Salvini a tenu une conférence de presse après la rencontre de Milan, « la Hongrie prouve que les migrants peuvent être arrêtés sur la terre ferme ». C’est maintenant à Salvini de « démontrer que ces migrants peuvent aussi être stoppés en mer », a observé le Premier ministre hongrois, car « c’est le premier leader politique de la Méditerranée à assumer cette responsabilité », personne d’autre ne l’ayant encore fait, « ni au Portugal, ni en Espagne ni en France ». Selon le Premier ministre hongrois, il y a aujourd’hui deux grands blocs en Europe : d’un côté Bruxelles, Berlin, Paris et Madrid dont la politique « consiste à gérer au mieux l’immigration », et d’un autre côté les pays « dont le but est d’y mettre fin ». « En cela, Salvini et nous avons la même position », a affirmé Orbán. Le président français Emmanuel Macron a été explicitement désigné comme étant le leader « des forces européennes qui soutiennent l’immigration ».
 

Salvini et Orbán veulent former une alliance contre les gauches en Europe

 
Le Premier ministre hongrois a également évoqué les relations bilatérales « très mauvaises » avec les deux gouvernements italiens précédents « qui insultaient constamment les Hongrois ». Salvini ? C’est son « héros » ! Très respecté en Hongrie, c’est de lui que dépend désormais la défense de l’Europe contre l’immigration, a-t-il ajouté.
 
Alors que quelques milliers de manifestants de gauche « anti-souverainistes » et « antiracistes » protestaient à l’extérieur, à l’appel du Parti démocrate du duo Renzi-Gentiloni (les deux derniers Premiers ministres italiens), contre la rencontre des deux dirigeants patriotes et chrétiens, Matteo Salvini a déclaré vouloir former une alliance avec Viktor Orbán contre les socialistes et les gauches en Europe, avec un message spécial pour le donneur de leçons Emmanuel Macron : « Macron, dont la popularité dans son pays atteint des niveaux historiquement bas, est le premier qui devrait faire preuve de solidarité en rouvrant la frontière à Vintimille ».
 

Olivier Bault