Qualité de l’enseignement ? Harcèlement scolaire ? Mais pourquoi tant de parents ont-ils cessé d’envoyer leurs enfants à l’école au Royaume-Uni ? Les raisons sont multiples, comme on peut le découvrir dans cette intéressante étude d’une journaliste du Mail Online. Clairement, les familles fuient un système qui n’est plus capable ni d’instruire, ni de protéger. Une preuve tangible que la « proposition » scolaire de l’Etat est en crise, au Royaume-Uni, mais pas seulement bien évidemment : l’Europe toute entière et ses enfants, souffrent, à divers niveaux, de ces maux dus au progressisme et au libertarisme ambiants, délétères pour les cerveaux et pour les âmes. Par conséquent, l’enseignement à domicile explose outre-Manche, où l’école à la maison bénéficie d’une liberté bien plus grande qu’en France ou encore, pire, qu’en Allemagne, en Suède ou en Espagne.
81.000 enfants scolarisés à la maison au Royaume-Uni
Les dernières statistiques sont éloquentes, comme le révèle un rapport du Centre pour la justice sociale (CSJ), intitulé « Out of Sight and Out of Mind ». On estime qu’environ 81.000 enfants étaient scolarisés à la maison à la rentrée 2021/22. Cela équivaut à 80 écoles secondaires de taille moyenne. Un total supérieur à celui de la France qui aligne néanmoins 71.000 enfants en 2022 (chiffre que la substitution du régime déclaratif par celui de l’autorisation risque de faire sensiblement baisser).
Pour la France comme pour le Royaume-Uni, on observe un bond notable, sensiblement identique : entre 2017 et 2022, les deux pays gagnent entre 35.000 et 40.000 élèves supplémentaires, soit une augmentation moyenne de + 105 %.
La raison majeure ? Le covid. Pour preuve : au Royaume-Uni, la moitié de ces enfants n’ont suivi l’enseignement à domicile que depuis le confinement. Des sources locales ont révélé au CSJ que dans certaines régions, le recours à l’enseignement à domicile avait bondi de 180 % lorsque les écoles avaient ré-ouvert.
Le covid, révélateur d’un système scolaire en crise
Déjà depuis le confinement, entre covid, grève des enseignants ou scandale du béton défectueux (risque d’effondrement des murs dans plus de cent établissements décelé à la rentrée), la fréquentation de l’école est devenue outre-Manche quelque chose qui allait moins de soi. Le Comité de l’éducation a révélé, mardi, que 22,5 % des élèves sont systématiquement absents de l’école, soit près du double du taux d’avant le covid. Une étude réalisée ce mois-ci par le cabinet de conseil Public First évoque un « changement sismique » dans les attitudes parentales à l’égard de l’éducation.
Mais l’engouement pour l’enseignement à domicile montre une dimension supplémentaire. Il ne semble pas que les parents fassent ce choix de quitter l’enseignement public par confort : ils perdent souvent un salaire et les tuteurs privés et les cours en ligne restent onéreux. Et pourtant toutes les classes de la société sont touchées par le phénomène, des plus aisées aux plus pauvres.
C’est un système éducatif entier dont la crise est visée : ces parents estiment que les écoles échouent auprès de leurs enfants sur le plan scolaire ou émotionnel.
Toutes les bonnes raisons de l’enseignement à domicile
Tout d’abord, les parents rechignent sur la qualité et le niveau de l’éducation. Grâce aux cours en ligne pendant le confinement, ils ont pu observer de près ce que les écoles enseignaient – et ce qu’ils ont vu ne leur a pas toujours plu ! « Je constate maintenant de mes propres yeux que vous n’éduquez pas mon enfant à un niveau même passable », faisait remarquer une mère afro-antillaise de Brixton, dans le sud de Londres, à propos de l’école de sa fille de 12 ans.
Certains ont également pointé un nouveau programme éducatif bien trop « woke »… Une autre mère de famille, dans le sud-ouest de Londres, a découvert que son fils de sept ans était encouragé à dénoncer les parents qui avaient des « opinions démodées » sur les droits des trans et le changement climatique : « Les professeurs de mon fils sont tous de jeunes militants. Ils essaient de créer un système de croyances différent chez mon enfant, ce qui porte atteinte à mes droits parentaux. » Les cours d’éducation sexuelle, obligatoires, sont également en cause, en particulier par les parents de religion musulmane qui n’hésitent pas, eux, à évoquer « le programme de promotion LGBTQ ».
Quant aux risques de mauvaise influence ou de harcèlement, ils sont bien présents et atterrent tant certains parents qu’ils préfèrent retirer leurs enfants. Une mère afro-antillaise d’un garçon de 15 ans le résumait de façon lapidaire : « L’école est le point de départ de nos garçons sur la trajectoire des gangs, du crime et de la prison. » Un père du Norfolk évoquait aussi la violence des réseaux sociaux, matrice de comportements physiques agressifs entre jeunes.
Est-ce pour autant la panacée de sortir les enfants du système éducatif étatique ? Il n’existe aucune statistique sur leur réussite aux examens ou la poursuite de leurs études… Dans le rapport du CSJ, une autorité locale a affirmé que, sur ses 500 enfants scolarisés à domicile, seule la moitié recevait une éducation appropriée. Mais avant de parler de leur échec, parlons d’abord de celui du système qu’on leur sert.
Par rapport à leurs homologues européens, les Britanniques ont au moins la chance de pouvoir s’en défaire facilement.