Les Britanniques entendent les médias leur répéter en boucle que le mois de juin 2023 a été « le plus chaud » jamais enregistré, que cette chaleur record porte l’empreinte du « changement climatique », et que la seule solution pour remédier à ses périls est d’accélérer la course vers les « émissions nettes zéro » de CO2. Parmi ces périls : la sécheresse au Royaume-Uni, le manque d’eau dont les médias parlent de plus en plus, préparant le terrain à une gestion « supranationalisée » de cette ressource indispensable à la vie – encore un axe de la globalisation ! Mais outre qu’il s’agit d’un objectif politique au service de la collectivisation mondialiste, il est clair que cette approche ne réglera rien.
C’est que souligne, non sans ironie, Philip Johnston dans le Telegraph de Londres, montrant que si les réserves d’eau ne sont pas au sommet de leur forme, et si les besoins en eau vont croissant (il faudra quatre milliards de litres par jour supplémentaires par jour d’ici à 2050 en Angleterre pour répondre aux besoins, selon le National Drought Group chargé de surveiller la sécheresse), la première chose devrait être de répondre à ce problème de manière concrète, comme on l’a fait depuis des siècles. Et ne pas se fier à la restriction des « gaz à effet de serre ».
La sécheresse au Royaume-Uni, prétexte au discours sur le CO2
Premier constat du journaliste : il est faux de dire que le mois de juin 2023 a été le plus chaud jamais enregistré, « en tout cas en Angleterre ». C’est peut-être vrai si l’on s’en tient aux données de la « Met Office » (Office météorologique ») depuis 1884, mais des mesures antérieures indiquent qu’en 1846, la température du mois de juin s’était élevée à 18,2 °C, soit plus d’un degré de plus qu’en 2023. Et il a fait aussi chaud, ou davantage, en juin 1676, 1762, 1798, 1826 et 1976. D’aucuns attribueront ce dernier record aux émissions carbone, mais pour les dates antérieures, impossible d’incriminer l’activité humaine : l’ère industrielle n’avait pas commencé.
Au cours des 100 dernières années, les mois de juins chauds ont été rares en Angleterre ; ils ont été plus fréquents ces dernières années, et les météorologues ont sauté sur les données pour parler de la responsabilité du « réchauffement global », malgré l’insignifiance des données par rapport au temps long du climat.
Mais comme ils annoncent que les « 10 années les plus chaudes » depuis 1884 se situent parmi ces 20 dernières années, « la réponse des politiques face à cette tendance relève de l’hubris », note le journaliste. « Ils espèrent baisser le thermostat mondial en réduisant les émissions carbone et en se précipitant vers le net zéro à bride abattue. Mais ils se heurtent à la difficulté de faire participer les braves gens, malgré leurs prophéties apocalyptiques. La résistance face à l’approche “chemise de crin” et aux dépenses démentielles exigées par la réduction même minime des émissions ne fait que croître. »
L’eau, ça se gère en fonction des réalités locales
Mais alors, quid de l’eau dont on nous dit que le niveau baisse à cause du réchauffement, et donc à cause de l’homme et du CO2 ? Le journaliste note au passage que même s’il tombe des trombes d’eau celles-ci sont médiatiquement présentées comme incapables de remédier à la situation, et que les réserves en Angleterre étaient estimées à 83 % de leur capacité au 20 juin – pas si mal.
En admettant qu’il y ait un problème, qui est notamment celui de la consommation croissante, les autorités répondent : baisse des émissions, régulation de la qualité, assainissement des eaux sales, à un coût prohibitif pour les sociétés privées qui fournissent l’eau – mais il n’est jamais question d’augmenter l’offre, et ce alors que les zones les plus peuplées de l’Angleterre, comme Londres, ont une pluviométrie très basse – plus basse que celle de Jérusalem, pour ce qui est de l’Essex.
« Mais alors, où sont les usines de désalinisation ? Il en existe une dans l’est de Londres. Inaugurée en 2010, elle devait fournir 150 millions de litres d’eau potable par jour, assez pour 900.000 Londoniens, mais elle n’a fonctionné qu’à trois occasions, et aux deux-tiers seulement de sa capacité. Il nous en faut une demi-douzaine de plus, en bon état de marche », assure Philip Johnston. Il interroge encore : où sont les nouveaux lieux de stockage ? La construction d’un des rares super-réservoirs planifiés près de la capitale britannique s’enlise dans les contestations et les débats sur les autorisations.
II y a deux mille ans, on créait des réseaux et des aqueducs…
Et pourquoi ne pas faire comme les Chinois et les Romains ? Il y a deux mille ans, ils savaient amener l’eau des zones humides vers les centres de population, créaient des réseaux et même, pour ce qui est des Romains, construisirent un aqueduc de 50 kilomètres pour le seul plaisir d’alimenter les fontaines ornementales à Nîmes.
Désaliniser, construire des réseaux de canalisation – relier la Tamise au Severn pour assurer l’acheminement de 500 millions de litres par jour pendant les épisodes de sécheresse est parfaitement faisable sur le plan technique en l’espace de dix ans, tout cela peut se prévoir et se faire. Et ne se fait pas.
Tout cela a un coût, direz-vous. Mais plutôt que d’engloutir des milliards dans une non-solution à un non-problème, qui ne réglera pas la vraie question de l’eau – la très coûteuse réduction des émissions de CO2 – il vaut mieux dépenser, localement et en fonction de la réalité du terrain, ce qui répond aux besoins de la population. On préfère leur dire qu’elles exagèrent et que l’heure est à l’auto-flagellation.