Les communistes ont le vent en poupe aux Etats-Unis. Après la réconciliation avec Cuba et le resserrement croissant des liens commerciaux avec la Chine que les Américains veulent inclure dans le TPP, c’est vers le parti communiste du Vietnam que se tourne le président Barack Obama. Le secrétaire général du parti communiste vietnamien, Nguyen Phu Trong, était ce mardi aux Etats-Unis pour la première fois. Echange de bonnes manières, où il a encouragé le président américain à se rendre au Vietnam cette année. Avant d’arriver aux Etats-Unis, le puissant dirigeant communiste a affirmé qu’il espérait renforcer la confiance entre les deux pays, et créer plus d’occasions de consolider leurs relations, quarante ans après la guerre et 20 ans après la normalisation des relations diplomatiques.
Mais le plus étonnant reste que Nguyen Phu Trong n’exerce officiellement aucune responsabilité gouvernementale : il est seulement à la tête du parti communiste, même s’il est en réalité l’une des personnes politiques les plus influentes du pays.
A la faveur de la visite, le Vietnam espère un soutien des Etats-Unis sur la question des avancées chinoises en mer de Chine
Les Etats-Unis et le Vietnam se sont notamment rapprochés à cause de leurs inquiétudes communes sur l’expansionnisme chinois en mer de Chine. En pleine tension avec Pékin au sujet de la mer de Chine méridionale, le Vietnam cherche à se rapprocher des Etats-Unis tout en restant prudent. Il refuse de froisser son voisin ou même les « conservateurs » du parti communiste – dont Nguyen Phu Trong fait partie – qui restent de fidèles alliés de la Chine communiste.
De leur côté, les Etats-Unis ont annoncé que les autorités américaines allaient discuter avec Nguyen Phu Trong de commerce, de droits de l’homme et de coopération en matière de défense.
« Comme c’est le cas pour toutes les relations entre deux pays dans le monde, le Vietnam et les Etats-Unis ont des différences sur un certain nombre de points comme la perception de la démocratie, des droits de l’homme ou le commerce », a reconnu Trong lors d’une conférence de presse. Il a précisé que le meilleur moyen de résoudre les problèmes était d’établir un dialogue constructif pour parvenir à une meilleure compréhension.
Nguyen Phu Trong, secrétaire général du parti communiste vietnamien, veut le Traité transpacifique comme Obama
Malgré l’invitation lancée par le responsable du parti communiste vietnamien à Obama à venir pour la première fois au Vietnam avant la fin de l’année, la Maison Blanche n’a pas confirmé le voyage. Mais le président américain se rendra en revanche aux Philippines en novembre, pour le sommet sur la coopération économique Asie-Pacifique, auquel participera le Vietnam.
La question que se posent désormais les médias américains est de savoir si les Etats-Unis sont en train de tenter de faire tomber le Vietnam dans leur sphère d’influence afin de les aider à maintenir leur place dans le Pacifique, quitte à faire du charme à un dirigeant communiste pur teint. Les relations commerciales sont déjà en place : le Vietnam est devenu le plus gros exportateur d’Asie du Sud vers les Etats-Unis et les deux pays – ou plutôt leurs dirigeants – attendent avec impatience la mise en place du Traité transpacifique, un projet de libre-échange qui rassemble douze pays d’Asie, parmi lesquels le Vietnam, et qui devrait être rapidement mis en place.
Mais la vraie leçon de la visite de Nguyen Phu Trong est de l’ordre du symbole ; elle montre à l’évidence que les pays communistes comme Cuba ou le Vietnam sont parfaitement admis par Obama dans le concert des nations, tandis que leurs dirigeants s’intègrent sans difficulté dans la communauté internationale des puissants. La Chine communiste n’en est d’ailleurs pas davantage exclue.